Bulgarie: Défendre la liberté d'expression en ligne et la protection de l'environnement (1ère partie)

A vendre: parc naturel Strandzha. Parcelle de 1 160 680 dka; vue sur la mer, plage, située à proximité de la Turquie. Forêts de chênes et de bouleaux. Trois rivières, pêche. La nature paye de sa vie. Soutenez le WWF, protégez les zones protégées. (Source: panda.org/bulgaria)

La décision du 29 juin 2007 de la cour administrative de la Bulgarie (VAS) de lever le statut de zone protégée du parc national Strandzha a provoqué une vive réaction dans la blogosphère bulgare et également dans les mouvements très actifs de protection de l’environnement du pays. Les deux groupes se sont unis pour défendre la plus vaste zone protégée du pays, ses eco-systemes uniques, la biodiversité, l’héritage culturel et historique.

La décision de la cour suprême provient d’un recours en appel déposé par le maire de la municipalité de Tsarevo et par l’investisseur (Crash 2000) du village de vacances de Zlatna Perla Golden Pearl près de la ville de Varavara. La construction d’un complexe touristique était suspendue à cause du statut de zone protégée du parc national de Stradzha. La décision de la cour de lever le statut de zone protégée a été perçue comme une « illustration de l’incapacité de l’Etat à protéger l’intérêt public, la nature et sa propension à modeler sa législation en fonction d’intérêts commerciaux privés ».

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La réponse des organisations bulgares de défense de l’environnement à cette menace contre l’écosystème des montagnes de Stradzha a té rapide et bien coordonnée. En utilisant tous les moyens, depuis les blogs jusqu’au manifestations de rue et aux flash mobs organisés par SMS, le mouvement piloté par Internet a réussi à stimuler une activité importante hors ligne. « Les informations étaient diffusées principalement par les listes de mails, des SMS , et en ligne », a déclaré la directrice exécutive de BlueLink Information Network , Milena Bokova, quand je me suis entretenu avec elle. Avec l’utilisation intelligente d’Internet et des nouveau médias en ligne, comme les pétitions en ligne (plus de 13.900 signatures ont été récoltées et adressée à la cour administrative de Bulgarie via la pétition ( en anglais) , les blogs, les sites de partage vidéo et photo , le mouvement bulgare de protection de l’environnement a mobilisé une manifestation assez importante pour la protection du parc Strandzha et gagné la sympathie de la population pour sa cause.

(Source: nabludatel.blogspot.com)

C’est largement grâce à la blogosphère bulgare et à cette e-mobilisation que l’attention des médias traditionnels a été attirée. « La dissémination d’informations sur Strandzha et d’autres causes environnementales en Bulgarie via les sites de partage de vidéos et de photos a beaucoup fait pour attiré l’attention des médias traditionnels » dit Milena Bokova. (voir l’interview avec le blogueur Michel Bozgounov diffusé sur la TV nationale bulgare -Youtube: partie 1 | partie 2).

En réaction, la police bulgare a publié un communiqué à l’attention des blogueurs, en leur demandant de « cesser d’écrire sur les récentes manifestations pour l’environnement qui ont eu lieu dans tout le pays au cours des semaines passées». Un blogueur interpellé par le Directorat Général pour la lutte contre le crime organisé a été Michel Bozgounov, le designer du site Bluelink qui a relaté cette tentative d'intimidation sur son blog:

La semaine dernière, j’ai reçu une convocation de la police métropolitaine de Sofia et je ne savais absolument pas à quel propos. […] La-bas, ils m’ont interrogé sur mon site (mon blog) et sur les manifestations pour Strandzha . J’ai du écrire une déposition et signer un protocole d’avertissement, d’où il ressortait que je ne devais pas écrire sur mon blog quelque chose qui puisse provoquer des désordres (tels que des manifestations non autorisées) et ainsi de suite. J’ai pu lire une ligne dans les documents de la police qui disait: “ le site www.optimiced.com doit être surveillé constamment”. J’ai lu en tête des documents posés devant moi le nom du « Service National de lutte contre le crime organisé », ce qui m’a surpris[…] Il y avait également des feuilles imprimées du blog d’un autre blogueur, qui parlait de l’affaire de Strandzha, et qui est aussi journaliste. Dans les escaliers, un des policiers m’a dit « en privé » que je devrais être plus prudent dans ce que j’allais écrire par le futur car les journalistes ont plus de moyens de se défendre contre un procès éventuel qu’un citoyen ordinaire, un blogueur indépendant.

Le réseau Bluelink a réagi contre la tentative d’intimidation de Michel Bozgounov et d’autres blogueurs en lançant la campagne Freenet . “Nous soutenons inconditionnellement les actions de tous les citoyens engagés, qui ont le droit d’exprimer leur position sur les actions (ou l’absence d’actions) des institutions bulgares à travers leurs écrit ou d’autres forme de communication. Nous soutenons et défendrons le droit inconditionnel de chaque citoyen bulgare à manifester de façon pacifique et sans violence et le droit à l’information sur ces manifestations » écrit Bluelink dan un communiqué annonçant le lancement de la campagne Freenet.

Le soutien de la blogosphère bulgare au blogueur Michel Bozgounov a été également extraordinaire. Un groupe de blogueurs a envoyé une lettre de protestation au commissaire européen délégué aux droits de l'Homme, en le pressant de “prendre toutes les mesures nécessaires […] pour empêcher le Ministère de l’Intérieur bulgare et le gouvernement bulgare de s’engager sur le chemin très dangereux de la répression de la liberté d’expression ».

“Une des raisons essentielles pour défendre la liberté d’expression sur Internet est son importance grandissante pour la cause de l’environnement (qui a reçu une reconnaissante légale par la convention d’Aarhus, qui accorde au public des droits en ce qui concerne l’accès à l’information, la participation et la justice dans les questions d’environnement)” dit le Dr. Dan McQuillan, l’actuel directeur web de Amnesty International,qui a souligné le danger d'ignorer la menace qui pèse sur la liberté d’expression sur Internet. Dan McQillan ajoute que « il est très inquiétant que la plupart des activistes en ligne ignorent ces menaces contre le support dont ils dépendent. Bien sûr, nous sommes tous très occupés à organiser des campagnes en ligne pour les missions de base de nos organisation, que ce soit l’environnement , les droits de l’homme ou autre chose. Mais des techniques clefs comme les blogs, les réseau sociaux en ligne et les campagnes globales sont déjà bridées par les diminutions des libertés sur Internet ».

Dans la seconde partie de cet article, je m’entretiendrai avec Milena Bokova, qui parle des tentatives d’intimidation contre son collègue le blogueur Michel Bozgounov, des menaces contre la liberté d’expression en ligne dans son pays, et de la campagne Freenet de Bluelink

Sami Ben Gharbia

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