Guatémala : Les commandos guatémaltèques envoyés comme Casques Bleus au Congo

[Tous les liens de cet article conduisent à des blogs ou sites en espagnol, sauf indication contraire]

Les Kaibiles sont des commandos de l'armée guatalmatèque qui subissent une formation spéciale controversée dans un camp d'entraînement situé dans le nord du pays, surnommé “l'enfer”. Les Guatémaltèques sont très critiques envers la formation que les Kaibiles reçoivent, qui ressemble peu ou prou à des tortures auto-infligées. On peut s'interroger sur ces méthodes, que décrit le blogueur Statchka dans “La semaine noire d'un kaibil”. On y apprend qu'ils sont entre autre obligés de boire le sang des animaux pour survivre.  

L'un des articles de leurs 10 commandements est : “Le Kaibil est une machine à tuer”. Par le passé, beaucoup de ces soldats ont été impliqués dans des opérations de répression politique, certains ont été accusés de crimes et d'abus. Actuellement, ils sont surtout employés dans des missions contre le crime organisé. Mais les Kabiles sont aussi envoyés comme casques bleus en République Démocratique du Congo. 72 Guatémaltèques se trouvent actuellement sur le front dans la ville de Goma. Voici une vidéo institutionnelle sur leur mission au Congo.

Au vu de leur formation, Patrick du blog GNS Blog  [en anglais] trouve leur mandat de maintien de la paix assez contradictoire avec leur motto :

Après tout, la tristement célèbre devise du Kaibil  : “Si j'avance, suivez-moi. Si je m'arrête, poussez-moi. Si je reviens sur mes pas, tuez-moi” n'est pas vraiment ce que l'on attend d'un Casque Bleu.

Admirateur des Kabiles, le blogueur Perspectiva Militar, militaire lui aussi, détaille l'entrainement qu'ils ont subi avant leur mission au Congo comme avant toute mission à l'etranger.  Il retrace le processus d'intégration des kabiles aux forces de l'ONU et les décrit en train de faire leurs adieux à leur famille, dans son billet Les Kaibiles vont au Congo, en Afrique [en espagnol].  En 2006, 8 de ces soldats ont perdu la vie au cours d'une mission dans ce pays [en espagnol].

Beaucoup se demandent comment les Kaibiles peuvent être affectés au maintien de la paix, en dépit de leur sinistre réputation et de leur participation à toutes sortes d'abus. Dans un Congo RDC où la situation empire toujours, et où le viol est une arme de guerre, les Kabiles sont postés sur le front. Ils arrivent d'un pays qui a connu des guerres civiles similaires dont les femmes du Guatémala endurent encore aujourd'hui les conséquences. Le journaliste Allan Nairn [en anglais] est cependant optimiste sur leur conduite durant leur mission de maintien de la paix et estime sur son blog [en anglais] que ce nouveau contexte modifiera leur comportement, et que leur mission là bas n'a rien à voir avec les assassinats politiques :

L'autre soir, un survivant maya de la guerre civile a dit qu'il y avait des Kaibiles au Congo. Ces commandos entrainés par les Etats-Unis sont officiellement appelés “les messagers de la mort” mais il a ajouté que récemment, huit d'entre eux ont été pris dans un guet-apent et sont morts dans ce pays lointain.  

Les pauvres tueurs des kaibiles n'ont pas du comprendre ce qui leur arrivait, loin de chez eux. Ils se trouvaient au Congo en tant que soldats des Nations-Unies. C'est la même histoire qu'avec les soldats indonésiens qui sont maintenant postés comme Casques Bleus au Liban. Chez eux, sans loi pour encadrer leurs missions, ils tuent des civils mais ailleurs -où cela créerait certains problèmes – de tels actes leur sont interdits, et, en général, en dépit de leur passé, ils ne passent pas leur temps à massacrer les gens (le viol est un autre problème : c'est le problème de toutes les guerres, et les missions des troupes de l'ONU sont très diversifiées : en Haïti, elles ont aussi été chargée de la répression).

Ce n'est pas une question d'hommes, mais de mission. Les tueurs politiques ne sont pas des machines à tuer. Ce sont d'abord des éléments humains de machines à tuer, et si la machine à tuer est programmée sur “Ne pas tuer”, au lieu de “Tuer”, ils ont tendance au vu de leur formation à obéir.

Comment en est-on arrivé à envoyer des soldats de l'armée régulière guatémaltèque en République Démocratique du Congo ? Albedrío a un début de réponse :

El tema de fondo es que los soldados guatemaltecos están siendo utilizados para ir a las zonas de mas peligro porque, de acuerdo con múltiples fuentes de información, se les considera con experiencia y baratos, como sus homólogos salvadoreños. En pocas palabras, en la actualidad Guatemala exporta soldados cuasi mercenarios para las guerras que los países beneficiarios de la explotación de las riquezas naturales no quieren asumir. Los beneficios si, los costos humanos y políticos no.

Les soldats guatémaltèques sont envoyés dans les zones les plus dangereuses car, selon de nombreuses sources, ils sont considérés comme expérimentés et peu chers, comme leurs homologues du Salvador. En d'autres mots, le Guatémala exporte de quasi mercenaires dans des guerres où les pays qui exploitent les ressources naturelles ne veulent pas prendre de risques. Les bénéfices, oui, le coût politique ou humain, non.

Photo en médaillon sur la page d'accueil de Riacale

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