Fidji-Nouvelle-Zélande : Tensions diplomatiques

Les relations diplomatiques entre Fidji et Nouvelle-Zélande se sont détériorées depuis que la Nouvelle-Zélande a refusé d'accorder des visas à trois membres des familles de hauts responsables du Gouvernement fidjien, qui est arrivé au pouvoir à la suite d'un coup d'état en décembre 2006. Des blogueurs débattent de ce sujet.

Lorsque le fils d'un secrétaire de la présidence des Fidji a vu sa demande de visa, pour retourner étudier à l'université en Nouvelle-Zélande, refusée (en novembre 2008), les rumeurs ont commencé à évoquer l'expulsion par Fidji du Haut Commissaire (diplomate ayant rang d'ambassadeur) néo-zélandais. Si cela s'était produit, il aurait été le second Haut-Commissaire néo-zélandais expulsé [en anglais] par Fidji en 18 mois.

Alors que les échanges diplomatiques se faisaient plus acerbes, Fidji a refusé, l'entrée sur son territoire d'une journaliste [en anglais] de télévision néo-zélandaise, Barbara Dreaver, en affirmant qu'elle était “indésirable” pour avoir rapporté des faits “totalement à l'opposé de ce qui s'était réellement passé”.

Barbara Dreaver a été placée brièvement en garde à vue le 15 décembre 2008, après son arrivée à l'aéroport international de Nadi, ce qui fait d'elle la quatrième journaliste néo-zélandaise expulsée [en anglais] de Fidji ces dernières années. Après avoir passé la nuit en garde à vue, elle a été renvoyée par le premier vol le lendemain.

Ces tensions pourraient s'être un peu apaisées suite à l’appel téléphonique [en anglais], le 16 décembre 2008, du nouveau Ministre des Affaires étrangères néo-zélandais, Murray McCully, au dirigeant fidjien Frank Bainimarama. Aucun accord n'a été obtenu sur les visas, et la Nouvelle-Zélande a affirmé qu'elle continuait de soutenir l'interdiction de voyager [des personnes au pouvoir à Fidji], mais chaque pays a indiqué qu'il poursuivrait les discussions diplomatiques.

Suivons le débat sur ce sujet dans les blogs, depuis le début :

Le 15 décembre 2008, Raw Fiji News [en anglais] souhaitait la poursuite de l'interdiction d'aller en Nouvelle-Zélande, pour faire pression sur le pouvoir fidjien :

L'interdiction de voyager a de l'effet et gêne le régime de Frank et ses soutiens. Nous savons que la communauté internationale le comprend et nous espérons que le Premier Ministre néo-zélandais ne cèdera pas aux caprices de Frank le dictateur. La Nouvelle-Zélande doit rester ferme quant à sa décision de ne pas accorder de visas à quiconque est associé à ce régime, pas même aux trois jeunes qui sont à l'origine de cette agitation. Et si Frank décidait finalement d'expulser le Haut-Commissaire néo-zélandais agissant comme ambassadeur à Fidji, selon le projet qu'il avait et qu'il n'a pas mis en œuvre, que la Nouvelle-Zélande fasse de même avec le chargé de mission diplomatique fidjien à Wellington.

… Oui, s'il vous plaît, la Nouvelle-Zélande et le reste de la communauté internationale, renforcez les sanctions contre Frank. Les gens savent comment vous contacter directement, alors s'il vous plaît, étranglez un peu plus ce salaud !!!

Sur Fiji Live [en anglais], les commentaires suivant l'article sur l'expulsion de Barbara Dreaver sont plutôt favorables au pouvoir fidjien.

arnold y voit une faute de la Nouvelle-Zélande :

Le pire de la diplomatie. Pourquoi la Nouvelle-Zélande a-t-elle refusé des visas à des étudiants voulant poursuivre leurs études ? C'est vraiment puéril, et la Nouvelle-Zélande n'a pas compris l'avertissement qu'a été l'expulsion de Green, le précédent représentant néo-zélandais. Si le Haut-Commissaire de Fidji est expulsé de Wellington, quelle importance ? Mais si le représentant de la Nouvelle-Zélande est expulsé pour la deuxième fois de Fidji, ce sera embarrassant pour la Nouvelle-Zélande. Il est temps de grandir, c'est de la politique internationale.

david1005143 pense que l'interdiction de voyager se trompe de cible :

Une interdiction de voyager limitée aux auteurs du coup d'état serait efficace et acceptable. Mais envers les membres de leur famille qui n'ont pas le choix, il s'agit d'une punition injuste à l'encontre de pauvres innocents. On a besoin de faire progresser notre pays vers des élections démocratiques. Alors s'il vous plaît, vous les grands frères intelligents et éduqués, utilisez votre bon sens.

Du côté néo-zélandais à présent, David Farrar, qui tient le blog Kiwi Blog [en anglais], pense que si Fidji expulse le Haut-Commissaire, ce sera plus dommageable pour Fidji que pour la Nouvelle-Zélande :

Le contre-amiral Bainimarama semble être très mal inspiré s'il pense qu'il est en situation de demander à la Nouvelle-Zélande d'accorder des visas à plusieurs membres des familles de hauts responsables fidjiens.

Une telle demande lui garantit que le Gouvernement [néo-zélandais] ne cédera pas. S'il veut des concessions, il faut qu'il en fasse lui-même, et non pas des menaces. Par exemple [qu'il fixe] un calendrier pour la tenue des élections.

La menace est très minime, expulser le Haut-Commissaire en charge des intérêts néo-zélandais. Et alors ? Cela gênera beaucoup plus Fidji de ne pas avoir une présence diplomatique néo-zélandaise sur son sol que la Nouvelle-Zélande.

Et ce matin, les Fidjiens ont expulsé la journaliste de la télé néo-zélandaise Barbara Dreaver. Une fois encore, le contre-amiral se trompe s'il pense que cela va émouvoir le Gouvernement néo-zélandais.

Je suis persuadé que le contre-amiral a des motivations valables, son projet de réforme pour mettre fin à un système électoral basé sur l'ethnie est une bonne chose. Mais aussi longtemps qu'il restera un dirigeant autoproclamé, sans avoir pris des décisions concrètes pour organiser de nouvelles élections, les sanctions demeureront. Les changements dépendent de lui.

Au moins un commentaire de ce billet de Kiwi Blog pense qu'on en fait trop avec cette histoire de journaliste expulsée, celui de big bruv [en anglais] :

Je trouve vraiment comique que notre presse traite de l'expulsion de cette journaliste comme d'une nouvelle importante, qui a fait l'ouverture du journal télé du matin de TV One, et qui a été présentée sur le ton le plus sérieux par Paul Henry, ce qui prouve juste que les journalistes ont une opinion très surfaite de leur propre valeur et de leur importance pour nous.

La plupart des gens n'en ont rien à faire qu'une petite idiote se fasse botter le train par un pays qui ne veut pas d'elle.

peterwn [en anglais] n'est pas d'accord avec ce point de vue :

Barbara a vécu une nuit d'anxiété. Je ne suis pas surpris, la pauvre femme a dû vraiment avoir peur de se faire malmener, ou pire, par les flics ou les soldats.

big bruv, bien sûr que les médias en parleront comme d'une information importante. Montrer notre mépris pour ceux qui tentent de s'en prendre à la liberté de la presse est essentiel.

Si les gens n'aiment pas son style, ils peuvent toujours regarder le journal de TVNZ. Son style est un détail comparé à la liberté de la presse.

Un autre commentateur de ce billet de Kiwi Blog, kiwiscouse [en anglais], voudrait que la Nouvelle-Zélande améliore ses relations avec Fidji, de façon à ce que cet état ne se tourne pas vers la Chine :

“Bananamarama” [sic] n'a aucun savoir-faire politique et il tente de traiter avec des gens qui en ont. Le grand danger est qu'il se tournera vers la Chine pour être soutenu. Elle aimerait un port en eaux profondes à Fidji. Les Chinois sont déjà bien présents à Raratonga, il n'y a qu'à voir le nouveau poste de police là-bas. L'Australie et la Nouvelle-Zélande ne voient pas bien loin.

Et Baxter [en anglais] ajoute :

Selon moi le nouveau Gouvernement devrait tendre la main à “Bananarama” [sic] pour surmonter les obstacles qu'il rencontre pour établir un régime sans corruption. Refouler des étudiants ou des sportifs à cause de leurs parents porte la marque du précédent Gouvernement néo-zélandais, et n'est dans l'intérêt ni de la Nouvelle-Zélande, ni du Pacifique. Comme d'autres l'ont déjà dit, le vide au milieu du Pacifique peut facilement se retrouver comblé par notre partenaire commercial dans le cadre du libre échange, la Chine communiste.

Adolf Fiinkense, qui écrit sur le blog No Minister [en anglais], pense que les tensions entre les deux états ne sont que “beaucoup de bruit pour rien”, et qu'elles vont bientôt se calmer :

Ainsi donc le contre-amiral a botté le joli cul de la journaliste de TVNZ qui est allée là-bas, provoquant quelque trouble ; et il a menacé d'expulser le second Haut-Commissaire néo-zélandais si la Nouvelle-Zélande continue de refuser un visa au fils d'un des secrétaires du Président fidjien. Le contre-amiral demande aussi la fin de toutes les limitations au voyage.

… Ce que pense Adolf est que M. McCully se rendra compte que le Président n'est en réalité pas partie prenante du “régime”. Après tout, il est Président depuis 2000 et le coup d'état a eu lieu en 2006.

Donc, le marché sera que les sanctions continueront pour le moment, que la Nouvelle-Zélande reconnaîtra que le fils du secrétaire n'est techniquement pas un élément du régime et lui accordera un visa, et que le Haut-Commissaire restera en poste. M. McCully peut aussi demander au contre-amiral ce que la Nouvelle-Zélande peut faire pour aider à la tenue d'élections le plus rapidement possible, sous une nouvelle constitution non raciste, puisque c'est de toute façon la raison de toute cette dispute idiote.

Pendant ce temps la Thaïlande, avec son gouvernement non démocratique arrivé au pouvoir par les armes des manifestants et la violence de masse, ne souffre d'aucune sanction diplomatique.

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