Inde : La culotte rose fait de la résistance

N'importe quelle fin d'aprés-midi, dans la plupart des grandes métropoles, les hommes et les femmes ont le droit de sortir prendre un verre et de se détendre. La plupart d'entre nous ne vivent pas avec le souffle de la “police morale” sur le cou. Cependant, en Inde, une femme libre n'a jamais l'assurance qu'elle sera en sécurité. Récemment, voici trois semaines, alors que l'Inde célébrait le Jour de la République le 26 janvier, à Mangalore, au sud de Mumbai, un groupe de fondamentalistes hindous du parti Ram Sena (en anglais, comme tous les blogs cités) s'est attaqué à des étudiantes qui ne faisaient que boire un verre dans un pub. Les jeunes filles ont été agressées et terrorisées, sans aucun avertissement préalable. Heureusement, il n'y a pas eu de morts, mais je suis sûre que le traumatisme pour les victimes est important.

En réaction à cet incident, le 5 février, la campagne Pink Chaddi a été lancée par quelques personnes qui ont ouvert un groupe sur Facebook nommé “Consortium des femmes perdues et dévergondées qui vont au pub”. Une de leurs initiatives malicieuses est d'envoyer des culottes de femmes roses au parti Ram Sena comme “cadeau de Saint-Valentin”. Plus que le fait même d'envoyer des culottes à un parti politique, c'est le concept de cette campagne qui fait beaucoup parler en Inde.

Regardez cette vidéo d'une pile de sous-vêtements et de “lettres d'amour” adressés au parti Ram Sena. Ce n'est qu'un échantillon des actions prévues par la campagne en ligne. Il nous faudra attendre le jour de la Saint-Valentin pour découvrir les actions concrètes. Il est prévu de se réunir dans les pubs le jour de la Saint Valentin, et il est suggéré de porter un toast (avec n'importe quelle boisson) à toutes les femmes indiennes. Ces réunions seront filmées et une vidéo regroupant tous les rush sera réalisée.

 

Des vidéos et photos des Pink Chaddis sont aussi réunies pour être envoyées au parti Ram Sena, comme on peut le voir sur le groupe Facebook.

Le blog officiel de la campagne Pink Chaddi déclare :

Nous avons entendu dire que Monsieur Muthalik a décidé d'envoyer des saris roses “avec amour” en réponse. Nous apprécions beaucoup son geste et espérons qu'il continuera à choisir des méthodes similaires, non violentes, pour exprimer ses opinions, comme nous avons choisi d'être non violentes et ouvertes en réponse aux agressions brutales subies par les couples d'amoureux et les femmes de Mangalore et d'autres endroits de l'état du Karnataka.

Des Indiennes de tout le pays, et surtout de Bangalore, où la campagne est née, se préparent à envoyer leur “chadis” personnels (sous-vêtements) au chef du parti Ram Sena, Monsieur Muthalik, qui en est le décisionnaire.

Il est ironique qu'au pays du Kamasoutra, les femmes de toute l'Inde doivent lutter pour leurs droits, leur sécurité, leur liberté et leur sexualité. L'une d'entre elles, Ree Diwan,a publié sur la page photos du groupe  Facebook une image d'une culotte rose, imprimée des mots : “Inde, pays du KamaSoutra”.  Patricia Chandrashekar commente :

N'arrive pas à croire que ça se passe au pays du KamaSoutra. Envoyez ces types faire un tour à Khajuraho. Qu'ils voient par eux-mêmes. Les personnages des bas reliefs érotiques ne portent même pas un chuddi !

Il faudra maintenant attendre pour voir l'avalanche de culottes roses de la Saint Valentin reçues par le siège du parti Ram Sena.

Il ne s'agit pas de la seule initiative pour défendre les droits des femmes actuellement en cours en Inde. Dans une campagne moins spectacluaire, mais tout aussi efficace, des femmes de régions, de milieux sociaux et culturels très différents témoignent de leur cause.  Apna Malak Maa, du service médias de l'ONG Navsarjan, présente avec fierté cette vidéo sur un conseil communal de femmes dans un village de l'état du Gujarat. Celles-ci ont mené à bien des travaux de développement sans précédent et ont résolu de nombreux problèmes de leur village, dont certains restaient en souffrance depuis plus de vingt ans, comme un égoût se déversant dans leur étang, et le dragage du sable dans la rivière, qui se concluait par l'assèchement des puits et des rigoles d'alimentation en eau.  

Petite image extraite de la photo “The Heart that Sings” par caribbeanfreephoto

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