Gaza : Pendant le cessez-le-feu, les attaques continuent

Malgré l'annonce de cessez-le-feu unilatéraux [en anglais] déclarés par Israël et le Hamas, les attaques de l'armée israéliennes sur Gaza se poursuivent [en anglais] tandis que les factions palestiniennes tirent des roquettes sur Israël. Dans cette revue de blog, nous présentons les dernières informations données par les blogs publiés depuis la bande de Gaza.

Le professeur Saïd Abdelwahed, qui enseigne l'anglais à l'université Al-Azhar (voir nos revues précédentes des blogs de Gaza) écrit sur le blog Moments of Gaza (18 février) [tous les blogs cités sont en anglais] :

Hier soir, un hélicoptère d'attaque israélien est passé au-dessus de nos têtes dans le quartier Tel al-Hawa ; il a tiré un missile quelque part dans notre zone ! Des avions F-16 aussi ont ciblé deux endroits à Khan Younès et Rafah. La nuit dernière, à presque minuit, les F-16 ont effectué trois raids sur le nord de Gaza-Ville ! Beaucoup des lieux qu'ils ciblent maintenant ont déjà été touchés pendant la guerre, donc, ils attaquent des endroits déjà détruits ! La chose bizarre, c'est que ces raids étaient “off” !   Il n'y en avait aucune mention dans les informations, comme si c'était un entrainement normal de la vie quotidienne !

L'écrivain américain Elliott Woods, qui se trouve dans la bande de Gaza dans le cadre d'une étude financée par une bourse du Pulitzer Center, a décrit la situation dans un billet du 9 février :

Maintenant que je suis ici depuis presque un mois – surtout depuis le soit-disant cessez-le-feu – je peux sentir la menace continuelle dans mes os. C'est un malaise constant, comme une migraine ou une gueule-de-bois, qui ne vous oblige pas à rester allongé, mais vous rappelle que quelque chose ne va pas. Qu'est ce que cela fait de vivre avec cette sorte d'incertitude, cette anxiété mortelle, pendant des années et des années ?

Sharyn Lock, une activiste australienne présente durant la guerre à Gaza, écrit (le 16 février) sur le blog Tales to Tell :

Un professeur d'Afrique du Sud qui lit ce blog a demandé hier :  “J'ai entendu dire que des gens sont toujours tués à Gaza tous les jours, est-ce vrai ?” Oui. Presque chaque jour, il y a de nouveaux blessés, et souvent des morts. Et comme d'habitude, la plupart du temps, ce sont des civils. Oui.

Sharyn donne quelques  exemples des attaques qui se sont déroulées, et ajoute :

Le manque de temps et de connaissance de la langue signifient que je ne peux pas toujours vous donner des informations sur les circonstances des blessures et morts continuelles ici, provoquées par les attaques aériennes incessantes. Souvent, quand nous entendons des explosions, cela prend un jour ou deux avant que nous sachions de façon précise ce que c'était et qui a été affecté. Cette semaine, je vais recommencer à faire un tour de garde hebdomadaire avec les ambulanciers, pour être consciente de ce qui se passe et pouvoir témoigner. Mais, hélas, que vous en entendiez parler ou non, vous devez vous dire que ces blessures et ces morts se produisent, parce qu'à Gaza, c'est à ça que ressemble l'occupation israélienne.

Eva Bartlett, une activiste canadienne à Gaza, qui écrit sur le blog In Gaza,  parle du sort des fermiers de la frontière est de la bande de Gaza dans un billet du 17 février :

Abu Alaa vit a Khan Younès où il possède de la terre dans la “zone tampon” nouvellement élargie, la bande de terre le long de la ligne verte qui, du nord au sud, taillade dans les terres palestiniennes sur un bon kilomètre de large, maintenant. Quand la zone tampon était de “seulement”’ 300 mètres,c'était déjà  300 mètres de trop, absorbés par l'armée israélienne d'occupation.  Maintenant que c'est un kilomètre arbitraire, est-ce que les gens dont les sources de revenus ont été décimées de toutes les façons imaginables par le siège (qui étrangle Gaza depuis juste après l'élection du Hamas) sont supposés poser leurs outils agricoles, doivent renoncer à se suffire à eux même et faire la queue pour l'aide humanitaire, qui est de toute façon indisponible ? Comme toutes les personnes compétentes, les Palestiniens ne veulent pas être dépendants de l'aide ; ils ont soif  d'être autonomes et d'avoir la possibilité de contribuer à une économie, au lieu de recevoir (ou ne pas recevoir, comme c'est le cas ces jours-ci) les dons de l'ONU et d'autres institutions humanitaires. Le contrôle continu d'Israël sur Gaza et ses frontières a signifié que ces fermiers ont pu produire des légumes, des fruits, des fleurs, mais ne peuvent pas les exporter. La maigre concession accordée pour la Saint-Valentin, quand ils ont pu exporter une livraison pathétique de 25 000 fleurs, était juste ça : maigre, et pathétique. Au cours des trois dernières années, les exportations de fleurs et de fraises ont presque complètement cessé. […] Ainsi, les fermiers de l'intérieur de la bande, qui essaient de gagner leur vie, et de fournir en même temps Gaza en légumes, continuent leur lutte non-violente pour la survie, travaillent leurs terres et récoltent leurs oignons, leur persil, les radis, les épinards, les fèves au rythme des tirs.

Dans un billet ultérieur (19 février), Éva raconte comment un fermier sourd a été touché par balle au pied, le quatrième fermier blessé de cette façon en trois semaines. Éva Sharin donne le lien vers une vidéo de l'incident ici .

Éva poursuit :

Ces terres agricoles fertiles le long de la frontière est de la bande de Gaza sont en train de se vider, car les fermiers, dont beaucoup cultivent les terres ici depuis des générations, ont maintenant trop peur de vivre sur leurs propres terres et de les travailler.  Les bords de la bande de Gaza, qui fait juste quarante kilomètres de long et dix kilomètres de larges, se réduisent encore plus sous les invasions israéliennes, par l'imposition d'une “zone tampon” arbitraire et en expansion et par le ciblage de civils et de fermiers qui essaient de continuent à vivre et  tirer un revenu de leur terre. […] Exactement comme la communauté internationale a fait le dos rond et s'est rendue complice du siège de Gaza, qui a privé les Palestiniens de tout moyen d'existence et de survie, les dirigeants internationaux sont silencieux devant l'oppression des fermiers et des pêcheurs, des plus pauvres et des plus courageux, qui font face aux tirs israéliens et finissent comme Mohammed, Anwar, ou Rafiq, 23 ans, qui a été ciblé à trois kilomètres des côtes de Gaza dans un petit bateau de pêche. Les soldats israéliens ont arrosé le bateau de balles,  des balles explosives doum-doum qui ont frappé  Rafiq dans le dos et ont explosé en nombreux fragments. Ceux-ci ont percé ses poumons et sont toujours dangereusement près de sa moelle épinière, impossibles à extraire. Il ne s'agit pas d'incidents isolés et dûs au hasard. Ils font partie d'une politique visant à supprimer toute façon d'être autonome que les Palestiniens essaient  de conserver, et de continuer leurs efforts pour casser la volonté des Palestiniens, des efforts qui ont compté un siège brutal durant des année, une guerre sanglante de 23 jours qui a tué plus de 1370 Palestiniens, et le ciblage continu de civils dans la bande de Gaza.

Un activiste, étranger et anonyme, qui écrit sur le blog Writing from Gaza raconte l'histoire (le 16 février) de Abdul Salam Al Sa’ay, 19 ans qui a perdu l'œil droit, la main gauche, et trois doigts de sa main droite quand il a été touché par les tirs d'un navire de guerre israélien, au large de Gaza, le 10 janvier (avant le cessez-le-feu). Ali vient du camp de réfugiés de Al Shati’ [la plage]:

Le camp de Al Shati a été particulièrement visé durant l'offensive israélienne sur la bande de Gaza. Le pilonnage du camp avait lieu vingt-quatre heures sur vingt-quatre’, explique le père de Ali, Abdul Salam. ‘Toutes les habitations du front de mer ont été évacuées. Ils tiraient depuis les bateaux, les avions, tout’.
Les explosions dans le camp de al-Shati continuent, comme les bateaux israéliens continuent à pilonner le camp. ‘Daiman, daiman (tout le temps, tout le temps)’, gémit Ali. Son père ajoute : ‘Cela devient normal pour nous les gens d'entendre les tirs. C'est comme des tambours maintenant. Beaucoup de gens se font blesser’.

Louisa Waugh écrit (le 16 février ) sur le blog Gaza Blog du New Internationalist :

Faiza vit à Rafah, à juste 200 mètres de la frontière avec l'Egypte. Sa maison se trouve devant un labyrinthe de tunnels qui ont été creusés sous la frontière de Gaza avec l'Egypte […] Je savais que sa famille avait été évacuée de la maison pendant la guerre, et qu'elle venait juste de revenir. Je suis donc allée en voiture à Rafah pour les voir. Rafah a été ravagée par cette guerre – les maisons près de la frontière ont été réduit à rien par l'artillerie, les bombes, les mitraillettes, le paysage est dévasté, en ruine . Une impression de désolation – ceci est l'image de Gaza que vous voyez à la télévision. La maison de Faiza, au bout et à droite d'un chemin de terre battue difficile est maintenant presque toute seule – les maisons de ses voisins, des deux côtés, ont été rasées jusqu'au sol par les bombes, et elle me dit que beaucoup des gens du quartier ont encore trop peur des bombardements incessants pour revenir dans la zone.  Les Israéliens disent qu'ils concentrent leurs efforts pour détruire le réseau des tunnels, et presque chaque nuit, des raids aériens secouent la maison de Faiza, terrifiant les enfants et les adultes. Quand les bombardements sont trop violents, la famille fuit chez des parents qui vivent  plus loin de la frontière.

‘Nous avons été évacués au moins cinq fois depuis le cessez-le-feu  [18 janvier],’ me dit-elle. Le mot ‘évacué’ évoque l'image d'un véhicule blanc de l'ONU arrivant en convoi pour porter secours aux vulnérables et qui les emporte loin du danger imminent. Mais pour les quelques personnes laissées dans cette zone tampon pilonnée par les bombes, l'évacuation signifie qu'ils ont quelques minutes pour prendre leurs affaires et quitter les lieux à pied.

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