Bolivie : Reconstitution de la vie d’Eduardo Rózsa-Flores, terroriste présumé

La police bolivienne a tué trois ressortissants étrangers, blessé et arrêté deux autres, dans un hôtel de Santa Cruz. Les liens entre ces personnes sont encore flous. Les autorités boliviennes ont communiqué qu’elles appartiennent à une cellule terroriste et planifiaient de tuer de nombreux membres du gouvernement [en anglais], y compris le président Evo Morales et des membres de l’opposition. Un homme en particulier a été désigné comme le meneur de l’équipe, Eduardo Rózsa-Flores, un citoyen hongro-bolivien au lourd passé [en anglais]. Les médias ainsi que les blogueurs ont tenté de reconstituer l’histoire de cet homme afin de tirer des conclusions.

Miguel Centellas de Pronto* résume le chemin suivi par Rózsa-Flores, ses différentes facettes et idéologies:

He fled Bolivia after Banzer’s military coup. He then fought in the Balkan civil wars (on the Croatian side, where he supposedly led an international brigade); he even made a film about his experience (wtf?). He was vice president of a Muslim association in Hungary; but was previously an active member in Opus Dei.

(…)
So basically, as La Razón points out, he was a “fanatic for everything.” A leftist in his youth (his father had been active against the Barrientos military regime), he then became an ardent Catholic in Opus Dei, then fought for Croatia against the Serbs, then abandoned Marxism (though he still admires Che), then converted to Islam, then returned to Bolivia, and may have ties to the right-wing UJC, though he still edited a Hungarian Muslim online news site. I think that about covers all.

Il a fui la Bolivie après le coup d’état d’Hugo Banzer. Il a ensuite pris part aux guerres civiles des Balkans où il a combattu avec les Croates, où il aurait été à la tête d’une brigade internationale. Il a même réalisé un film à propos de cette expérience (?!?). Il a également été vice-président d’une association musulmane en Hongrie après avoir été membre actif de l’Opus Dei.

(…)
Donc, comme le souligne le quotidien espagnol La Razón, il était un « fanatique de toutes les causes ». Gauchiste dans sa jeunesse (son père s’était engagé contre le régime militaire de René Barrientos), il est ensuite devenu un ardent catholique de l’Opus Dei, avant de combattre les Serbes aux côtés des Croates. Il a ensuite abandonné le marxisme (bien qu’il admire toujours le Che), s’est reconverti à l’islam, est retourné en Bolivie et pourrait avoir tissé des liens avec l’Union des jeunesses de Santa Cruz, alors qu’il éditait toujours un site hongrois d’information consacré au monde musulman. Voilà pour un petit aperçu.

Miguel Esquirol du blog El Forastero écrit que ces révélations rendent plus difficiles de déterminer ses motivations.

Al final es posible sospechar cómo sus intereses se alinean y trazar una línea ideológica que si bien debatible une su participación en guerras de independencia europeas, en movimientos armados en Croacia, en discursos nacionalistas de los Blacanes, con su relación con movimientos de la autonomía cruceñista y su final brusco y violento. Las razones que lo habían traído a Bolivia, la compañía con quien lo encontraron y los planes que tenían pensados aun son un misterio.

Al final sólo podemos concluir que se trata de un extraño y contradictorio personaje del que espero en algún momento conozcamos más, sobretodo que se devele la verdad de lo ocurrido en Bolivia y de sus últimos días antes de encontrarse su final.

Nous ne pouvons qu'essayer de deviner quels étaient ses motivations et son idéologie en reliant de manière discutable sa participation à des guerres d’indépendance européennes, à des mouvements armés croates, aux discours nationalistes des Balkans et à des mouvements autonomistes de la région de Santa Cruz, où sa vie se termine brutalement et violemment. Les raisons qu’ils l’ont amené en Bolivie, les personnes avec qui il a été trouvé et leurs plans sont encore un mystère.

Nous pouvons donc conclure que cet événement met en scène un personnage étrange et contradictoire. J’espère que nous arriverons à mieux le cerner et que la lumière puisse être faite sur ce qui s’est passé en Bolivie, notamment durant les jours qui ont précédé sa mort.

Beaucoup de liens ont été établis, beaucoup de spéculations ont été faites en se fondant sur la découverte du blog [en hongrois, espagnol et anglais] d’Eduardo Rózsa-Flores intitulé Sic semper tyrannis[en français] et souvent traduit par mort aux tyrans. Comme le mentionne Blog Bolivia [en espagnol], le blog de l’intéressé est en majeure partie écrit en hongrois, mais il contient quelques interviews en espagnol et en anglais. Il a aussi ouvert d’autres blogs : David Versus Goliath [en hongrois] qui traite du conflit dans la bande de Gaza et Mi Patria Natal[en espagnol] où sont rassemblées des photos de son pays natal, la Bolivie.

La vie d’Eduardo Rózsa-Flores a fait l’objet d’un film, Chico [en anglais], dans lequel il interprète son propre rôle, qui raconte en détails sa participation à la guerre en Croatie. Voici la bande-annonce:

Bande-annonce de Chico

Il se décrit sur son profil du site YouTube:

Correspondant de guerre international, chef de section pour la défense d’un village de Croatie… Actuellement, Eduardo travaille comme journaliste indépendant multilingue, éditorialiste, commentateur TV, acteur et éditeur de la revue littéraire mensuelle KAPU, à Budapest (Hongrie). Il a un chien affectueux appelé Tito, vit dans une maison remplie de livres à la campagne qui comprend une cuisine bien équipée….

Il possède aussi un profil privé sur Facebook.

Ce personnage contradictoire et ses engagements divers rendent l’événement très difficile à analyser. Il est facile de tirer des conclusions et d'établir des liens en se fondant sur des hypothèses. Willy Andres écrit [en espagnol] que « le terrorisme présumé en Bolivie est très compliqué et fait réfléchir. Je ne pense pas qu’il soit ni prudent, ni intelligent, de nous précipiter et tirer des conclusions, mais certains événements soulèvent des interrogations ».

Toutefois, le fait que parmi les personnes visées se trouvait aussi bien des membres du parti au pouvoir que des dirigeants de l’opposition, soulève la question de savoir s’ils travaillaient pour un groupe ou pour leur propre compte. De plus, les diverses causes soutenues par Eduardo Rózsa-Flores sur son blog rendent toute généralisation difficile et empêchent de savoir clairement quelles étaient ses tendances politiques. Plus d’informations sont attendues sous peu pour aider à se faire une meilleure image de cet homme mystérieux et de ses compagnons.

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