Israël : Réflexions sur la Journée de commémoration de l'holocauste et Durban II

C'était hier la journée nationale de commémoration de l'holocauste en Israël. Coïncidence, c'était aussi la journée  d'ouverture à Genève de la très contestée conférence des Nations Unies sur le racisme, ou «Durban II». Des dizaines de délégués se sont retirés pendant que le président prononçait son discours, dans lequel il a qualifié Israël de «gouvernement raciste». Selon ses propres mots : « Le conseil de sécurité de l'ONU stabilise ce régime d'occupation et le soutient depuis les 60 dernières années, leur donnant carte blanche pour poursuivre leurs crimes,» tandis que des dizaines de diplomates, entre autres de France et de Grande-Bretagne, quittaient la salle en signe de protestation.

L'ambassadeur israélien en Suisse a été rappelé [anglais] pour consultations et est rentré à Jérusalem à la suite de la rencontre du président suisse avec le dirigeant iranien. Shimon Peres avait déclaré un peu plus tôt [hébreu] : «Il y a une limite à la neutralité de la Suisse, et il y a des bornes à ne pas franchir. Chacun devrait comprendre que l'Iran est un pays où des gens sont lynchés dans la rue sans aucun motif. C'est le centre mondial du terrorisme et de l'effusion de sang.»

Alors que se déroule la journée nationale de commémoration de l'holocauste, les blogueurs israéliens analysent et questionnent la signification de ces événements.

Bravejeworld décrit [anglais] les événements de la conférence :

Mahmoud Ahmedinajad a entrepris de donner raison cet après-midi à tous ceux qui avaient protesté contre Durban I, lorsqu'il s'est lancé dans une tirade prévisible contre Israël et le peuple juif. A l'encontre des principes et de l'objectif proclamé de la conférence soutenue par l'ONU, le président iranien a démontré au monde son degré réel d'hypocrisie en prenant le contrepied direct de tout ce qui est cher au monde occidental. En conséquence, les représentants de beaucoup de pays ont quitté la conférence lorsqu'il a commencé son discours pour le plus grand plaisir des nombreux spectateurs, réduisant ainsi la conférence au désastre que beaucoup appelaient de leurs voeux.

Le professeur Ori Amity explique [hébreu] en quoi le problème palestinien n'est certainement pas lié à la race, et n'est pas un génocide, comme l'affirme Ahmadinejad :

Certes, le président iranien est un personnage grotesque, mais c'est surtout face à ce type de personne que nous ne pouvons pas rester silencieux. Et en tout premier lieu, il est nécessaire de se reporter à son accusation de génocide. Avec la mentalité de laisser-faire d'Israël, et quelques échecs ici et là, s'il y avait un plan général pour tuer tous les Palestiniens, nous l'aurions tous remarqué à présent : des chambres à gaz au point de passage d'Eretz, des pelotons d'exécution et des marches de la mort d'Hébron à Jénine : quelqu'un aurait déjà remarqué, non ?

Les accusations (à l'encontre d'Israël) de racisme ont du vrai, en particulier en ce qui concerne la loi d'immigration de 1970, qui accorde la citoyenneté immédiate même aux enfants et petits-enfants de Juifs, et pas seulement aux Juifs eux-mêmes. C'est exactement la différence entre la discrimination sur la base de la race et celle sur la base de la religion. Et pourtant, ce n'est pas cette loi qui préoccupe le président, mais le problème palestinien. Il y a ici beaucoup de sortes différentes de problèmes, mais ils ne sont certainement pas basés sur la race.

Une leçon importante tirée de la Shoah, c'est de ne jamais devenir indifférent à la souffrance d'autrui, surtout si on en est la cause. La souffrance des Palestiniens est une réalité, et le fait de s'abstenir depuis de nombreuses années d'y trouver une solution est injuste pour les deux côtés. Cela sert de rappel permanent que tout ne va pas bien, et que si nous n'agissons pas pour régler la situation, nous pourrions perdre ce qui aujourd'hui nous paraît le plus évident.

Adi Shternberg évoque [hébreu] l'exemple de l'Europe d'avant la 2e guerre mondiale eu égard au danger de l'inaction :

Hitler a accédé au pouvoir politique par la voie légitime. Il a frayé son chemin jusqu'au sommet contre toute attente, et a prouvé qu'il avait des compétences politiques et stratégiques. Tout cela ne serait pas arrivé si les pays européens avaient tenu bon et avaient montré leur force militaire tant que c'était encore possible. L'Allemagne nazie était loin d'être puissante dans ses premières années. La France, l'Angleterre, la Pologne et la Russie auraient pu stopper la boule de neige nazie dans ses premières années… avant qu'il ne soit trop tard ; avant que l'Histoire ne s'écrive dans le sang.

Le simple fait d'organiser une conférence telle que Durban II pendant la journée solennelle du souvenir de la Shoah témoigne de l'aveuglement historique et générationnel de ce vieux continent européen. L'Europe a été complètement détruite pendant la guerre mondiale, et aurait pu empêcher cela. L'Europe laisse cette horrible conférence avoir lieu – le genre de rassemblement qui encourage les forces obscures du monde. L'Europe peut encore stopper cela. Il n'est pas trop tard.

Navka écrit [hébreu] :

Fallait-il que ce soit en ce jour ? Quand nous nous remémorons les atrocités qui se sont produites dans le monde – le meurtre de millions de personnes à cause de la haine, sans raison. La conférence de Durban II s'est ouverte, dans laquelle l'invité d'honneur Ahmadinejad délivre un discours raciste contre Israël.

Nous ne devons pas fournir à ces gens affreux une estrade où ils peuvent ouvrir leur bouche de la sorte.

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