Commonwealth : Suspension de Fidji

Le Commonwealth des nations a suspendu l'état de Fidji de son organisation, composée de 53 nations, pour ne pas organiser des élections avant octobre 2010 [tous les liens sont en anglais].

Bien que Fidji ait été techniquement suspendu du groupe des anciennes colonies britanniques depuis le coup d'état de décembre 2006, le Groupe ministériel d'action du Commonwealth a rendu la suspension effective le 1er septembre dernier. C'est la deuxième fois que Fidji est totalement suspendu par le groupe. Seuls le Nigeria, le Pakistan et le Zimbabwe ont été suspendus du Commonwealth dans le passé.

Alors que la décision pouvait difficilement être considérée comme une surprise, elle va probablement conduire à un approfondissement des divergences entre le gouvernement, soutenu par les militaires à Fidji, et la communauté internationale. En mai, le Forum régional du groupe des Iles de l'Océan pacifique avait suspendu Fidji de participation à son organisation pour ne pas avoir organisé des élections. Peu après, l'Union européenne avait annulé sa subvention de 24 millions d'euros pour soutenir la production de sucre.

Pour Fidji, cette dernière suspension signifie que le pays sera exclu des manifestations sportives du Commonwealth. Le gouvernement de Fidji sera suspendu de participation aux activités et conférences intergouvernementales du Commonwealth, et peut-être, ce qui est encore plus important, il ne pourra recevoir d'assistance technique.

M. Frank Bainimarama avait déposé en décembre 2006 le gouvernement de Laisenia Qarase, que le dirigeant militaire accusait de gouverner dans l'intérêt des populations indigènes de Fidji au détriment de la population d'origine indienne, la plus importante minorité du pays, constituant presque 40 pour cent de sa population totale. C'était le quatrième coup d'état depuis 1987.

Connus sous le nom d'Indo-fidjiens, les membres de la population d'origine indienne sont des descendants de travailleurs introduits dans cette île du Pacifique avec des contrats pour travailler dans les plantations de sucre des colonisateurs britanniques il y a environ 100 ans.

Une grande partie des Indo-fidjiens ont été ultérieurement expulsés de la terre que leurs familles avaient cultivée. Bien que la communauté dans son ensemble ait réussi sur le plan économique, des dizaines de milliers d'Indo-fidjiens ont abandonné l'ile pour émigrer vers d'autres pays.

En avril, M. Bainimarama et son gouvernement avaient obtenu un mandat de cinq ans après que le président du pays ait l'abrogé la constitution de 1997. Il appliquait ainsi  une décision de la cour qui déclarait illégal le coup d'état de M. Bainimarama, obligeant le Premier ministre à démissionner, et demandait au président de nommer un gouvernement provisoire pour porter Fidji aux élections. Cependant, le président avait soutenu que la constitution de Fidji ne lui attribuait pas ce pouvoir.

Depuis lors, M. Bainimarama a dit que son gouvernement allait commencer à oeuvrer pour une nouvelle constitution en 2012 qui conduirait le pays aux élections en 2014. Le Premier ministre a dit qu'il allait élaborer une nouvelle loi électorale, annulant la méthode électorale actuelle du pays qui attribuent des voix différentes aux électeurs selon leur origine ethnique. Il a aussi soutenu qu'il allait employer les trois années prochaines pour reconstruire les infrastructures de Fidji et pour donner du souffle à son économie, qui a sérieusement souffert de la crise économique globale et des conséquences de l'instabilité politique.

Arrivons-en aux blogueurs. Quelques jours avant la suspension,le blog Loyal Fijian soutenait que la vie à Fidji continuera même en dehors du Commonwealth.

Fidji pourrait être suspendu du Commonwealth.

Tandis que cette mesure sera certainement exploitée par les anti-IG pour dépeindre l’IG sous une mauvaise lumière, la vie continuera normalement.

Le Commonwealth n’est rien d’autre qu’un Club d’anciennes colonies britanniques sans aucun but ni véritable pouvoir.

En réalité, quelle utilité y-t-il à nous rappeler la période noire quand nous étions sous le joug d’une puissance étrangère ?

Aujourd’hui et en cette époque, avons-nous réellement besoin du Commonwealth?

Les Fidjiens loyaux ne le pensent pas. Nous sommes une nation souveraine et n’avons pas besoin des reliques de l’histoire. Nous sommes une République !

Le Commonwealth peut faire ce qu’il veut.

Le blog Fiji: The Way It Was, Is and Can Be [Fidji: Comment c’était, est et pourrait être]  trouve que la décision du Commonwealth est presque un soulagement.

On pourrait, naturellement, voir d’où viennent les décisions du Forum et du Commonwealth. Elles devaient réagir contre ce que les deux organisations considèrent comme un régime illégitime imposé par les militaires. Mais elles n’ont pas pu voir que le régime qui a été déposé était loin d’être démocratique, même s’il avait le soutien de la majorité de la population de l’ethnie fidjienne. Et que la seule manière de rompre le cycle des coups d’état pour rétablir une véritable et authentique démocratie, c’était d’éliminer pour toujours l’élément ethnique de la politique à Fidji. Les dirigeants des partis,  Qarase et Chaudhry, que le Commonwealth veut que M. Bainimarama inclut dans le dialogue ne sont pas favorables à cela. Des partis constitués sur une base ethnique leur garantissent la réélection. C’est pour cela que dans leur récente lettre à M. Bainimarama, avec copie au Commonwealth, ils insistent sur un dialogue inclusif sans aucune condition ni objectifs préalables et pourquoi le gouvernement s’opposera toujours à ce genre de dialogue avec de tels politiciens.

C’est une situation atypique, mais l’ironie n’est pas difficile à déceler. Lire cela attentivement. Deux institutions démocratiques, non racistes, s’opposent à un régime militaire­­­­­­­­­ —– continuant ainsi involontairement à soutenir des politiciens antidémocratiques —–  annihilant de cette manière les efforts d’un régime militaire (sic!) —– pour imposer des procédures politiques démocratiques et non racistes.

Cependant, un commentaire sur le billet Alterego, sur le même blog, répond à l’auteur du billet, Crosbie Walsh,  pour son prétendu soutien au régime de M. Bainimarama :

Je suis opposé comme vous à un régime antidémocratique et aux politiciens racistes mais le problème est qu’ils sont le produit de la population qui les a élus. Comme le sont les bons : chaque pays a une bonne part des deux.

Au moins sous le régime qui a précédé celui de M. Bainimarama, les citoyens honnêtes de Fidji pouvaient exprimer leurs opinions publiquement, promouvoir les thèmes importants, envoyer des pétitions à leurs représentants, exclure par le vote les mauvais leaders et se plaindre des mauvaises lois auprès de la justice.

Comment, donc, la présente situation constitue-t-elle une amélioration?

No Right Turn, [Pas de tournant à droite], un autre blog en Nouvelle-Zélande, se demande pourquoi cela a pris si longtemps au Commonwealth pour suspendre Fidji.

Trois ans environ  après le coup d’état de M. Bainimarama, Fidji a été suspendu du Commonwealth. Ca leur a pris bien du temps. La conséquence directe est que le régime de Fidji ne sera plus invité aux manifestations –  y compris, si jamais cela était important pour lui, aux Jeux du Commonwealth – mais cela semble entièrement justifié pour une dictature.

Considérant l’attitude retranchée et antidémocratique du dictateur de Fidji, cette mesure changera difficilement ses idées. Mais elle envoie un message au niveau international que les coups d’état et les dictateurs sont inacceptables pour la communauté des nations, et que les pays démocratiques ne les admettront pas parmi eux.

Sur le blog Raw Fiji News, lartinidaveta dit que l’ONU doit continuer à faire pression sur le régime et à renvoyer chez eux les membres fidjiens des missions de maintien de la paix.

Si le Commonwealth voulait vraiment toucher Baini et ses sympathisants là où cela fait vraiment le plus mal, il devrait s'opposer à la continuation de la participation des RFMF (Les forces militaires de la république de Fidji) aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. C'est le sang vital de Baini, celui qui le maintient au pouvoir. Toutes les forces de sécurité de Fidji sous-contractées en Irak et en Afghanistan devraient être immédiatement suspendues et remplacées par des forces en provenance d'autres pays insulaires du Pacifique qui ont été formées par les RAMSI (Régional Assistance Mission to the Salomon and Islands — mission d'assistance régionale aux îles Salomon). Il devrait y avoir des efforts de concertation entre tous les acteurs pour éradiquer ce type de problèmes politiques du Pacifique pour toujours. Ce qui arrive à Fidji pourrait aussi arriver dans les PNG et ce sont là des facteurs de déstabilsation de la paix régionale.

En même temps que la publication de la suspension, la Fédération internationale des journalistes a lancé un appel aux Australiens et aux autres nations pour boycotter Fidji. Ceci en application des Public Emergency Rules [Lois sur les situations d'urgence publique] qui ont été adoptées dès l'abrogation de la constitution qui donne maintenant au gouvernement le pouvoir de mettre des censeurs dans les  rédactions dans tout Fidji.

Sur le blog Soli Vakasama, un ancien touriste à Fidji se demande comment le Fidjien moyen acceptera cette suspension.

Ce sera intéressant cette nuit de voir sa réaction à la suspension du Commonwealth. Surement les athlètes et les joueurs de rugby qui ne pourront pas participer l'année prochaine aux jeux du Commonwealth doivent être indignés.

Espérons qu'ils vont manifester leur mécontentement.

Les Nations Unies devraient maintenant suspendre les soldats de Fidji de toutes les missions de maintien de la paix ; ce serait immoral de ne pas le faire.

Ça a été une grande initiative de la part des journalistes de demander aux touristes de ne pas visiter Fidji. Ce ne sont pas les travailleurs qui perdront de l'argent mais la junte qui percevra moins de taxes.

1 commentaire

  • Grandjean

    Un bainimarama contre-amiral fantoche à l’africaine,et maintenant président despote!Le niveau de développement d’un pays se juge à l’organisation de son école,à la liberté de sa presse,…Pas que beaucoup de jeunes pays indépendants ont de la peine à franchir…

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