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Cuba : Mort d'un dissident en grève de la faim

Catégories: Amérique latine, Cuba, Cyber-activisme, Droits humains, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Migrations & immigrés, Technologie

La mort du premier prisonnier politique à Cuba depuis 1972 à décéder d'une grève de  la faim provoque à la fois un choc profond et l'indignation sur le Web [les liens sont en anglais ou en espagnol].

Orlando Luis Pardo [1] du blog Boring Home Utopics [2] exprime parfaitement le premier sentiment en publiant une série d'images noires, l'une après l'autre, au lieu de mots.  La blogueuse Yoani Sanchez a mis en ligne [3]une vidéo qu'elle a tourné de la mère du prisonnier, attendant à l'extérieur de l'hôpital où son fils est mort. Dans cette vidéo, Reina Luisa Tamayo compare la mort de son fils à un“meurtre avec préméditation.”  C'est un sentiment partagé par d'autres [4]. “Les frères Castro sont revenus au meurtre !!!!” est le titre d'un billet sur El Tono De Voz [5], qui a été beaucoup repris.

Orlando Zapato Tamayo a commencé sa grève de la faim de 86 jours le 3 décembre 2009, dans la province de Holguin, à l'est de Cuba, après qu'un gardien de prison l'ait battu si brutalement qu'il a du subir une opération chirurgicale pour un hématome à la tête. Le directeur de la prison lui a d'abord refusé de l'eau pendant 18 jours,  provoquant un arrêt de la fonction rénale. Lors d'un nouveau transfert, il a contracté une pneumonie. Son dernier transfert est celui vers la prison de haute sécurité de La Havane, où il est mort.

Along the Malecon [6] rappelle qu'en 2003, “il a rejoint des dissidents en grève de la faim publique pour faire pression sur le gouvernement socialiste [cubain] afin qu'il libère les prisonniers. Beaucoup de ces grévistes de la faim ont fini en prison eux-mêmes, plus tard.”

L'année suivante, Zapato Tamayo a été condamné à  3 ans de prison pour insultes à la cour, trouble à l'ordre public et désobéissance.  Une fois incarcéré, sa peine a été rallongée à 36 ans de détention pour “actes de désobéissance”

L'ancien prisonnier politique Jorge Luis García Pérez [7], selon Radio y Television Martí [8], a déclaré que cet événement  “a provoqué une consternation immense à travers le pays, pas seulement dans l'opposition, mais dans toute la population.”

Certains blogueurs semblent espérer contribuer à réaliser la prophétie voilée de García Pérez en réalité.  Comme l'écrit Uncommon Sense [9], ”ce n'est pas un moment pour les regrets mais pour l'action, pour suivre l'exemple de Zapata et continuer la lutte contre ceux qui l'ont assassiné et pour la liberté à Cuba.” Un lecteur commente sur Diario de Cuba [10] :

“Atencion estamos convocando una marcha mundial para el 13 de marzo del 2010 en favor de la libertad de todos los presos politicos cubanos, asi como la condena por la muerte de Orlando Zapata Tamayo.”

“Attention, nous organisons une marche mondiale le 13 mars 2010 pour la libération de tous les prisonniers politiques à Cuba, et pour que les responsables de la mort de Orlando Zapata Tamayo soient condamnés”.

Sur Twitter [11], on trouve d'autres informations sur cette proposition de manifestation mondiale. La blogueuse Yoani Sanchez a aussi proposé [12] une chaine de prières (que l'on suppose virtuelle) au matin des funérailles de Zapata Tamayo.

De son côté, Cuba Debate [13] (qui a également un compte Twitter [14]), favorable au pouvoir en place, republie un billet paru sur La Isla Desconocida [15]:

Tienen razón al decir que fue un asesinato, pero los medios esconden al verdadero asesino: los grupúsculos cubanos y sus mentores trasnacionales. Zapata fue asesinado por la contrarrevolución.

I

ls ont raison de dire que c'était un meurtre…mais les médias dissimulent le vrai meurtrier. Des petits groupes cubains et leurs mentors étrangers. Zapata a été assassiné par la contre-révolution.

Le régime cubain a donc également une présence sur le web.

Selon le correspondant espagnol de CNN, Daniel Vottio [16], des gardes entourent la maison familiale des Tamayo, où la veillée funèbre à lieu. Yoani Sanchez annonce sur Twitter que les dissidents sont empêchés de quitter leur domicile ; elle, comme d'autres, ne semble pas être libres de ses mouvements.

Deux autres prisonniers cubains d'opinion, Ariel Sigler Amaya [17] et Normando Hernández González [18]sont aussi en prison et en mauvaise santé. On ignore encore ce que cela va entrainer pour eux et pour la société civile cubaine.