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Afrique : Des voix africaines pour raconter l'Afrique

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Kenya, Gouvernance, Média et journalisme, Médias citoyens, Politique

Tous les liens ci-dessous sont en anglais.

Africa: What’s Your Story? [1] (Afrique, quelle est ton histoire?) est le tout dernier projet d’A24 Media [2]. Celui-ci cherche à souligner [3] les problèmes que les Africains ont en commun et à promouvoir transparence et responsabilité. Par le biais d'un forum social interactif en ligne, Africa: What's your story? donne aux Africains l'opportunité d'unir leurs voix en échangeant des idées et en trouvant des solutions à leurs problèmes. En outre, le projet fournit une plateforme sur laquelle les Africains peuvent raconter leur vécu au reste du monde.

Asif Sheikh, le PDG et co-fondateur d'A24 Media, a accepté de s'entretenir avec Global Voices Online à propos de ce projet.

Ndesanjo Macha (NM): Pourriez-vous vous présenter en quelques mots?

Asif Sheikh (AS): Je suis un Kenyan de 5ème génération mais j'ai passé 20 ans à l'étranger. C'est la première fois que j'investis dans les médias mais je suis dans les affaires depuis de nombreuses années.

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Asif Sheikh, PDG et co-fondateur d'A24 Media

NM: “Africa: What’s Your Story?”, qu'est-ce que c'est exactement?

AS: Africa: What’s Your Story? est une plateforme centrée sur les utilisateurs qui cherche à promouvoir la transparence en Afrique et à responsabiliser les individus et les institutions.

NM: D'où vous est venue cette idée?

AS: Nous sommes partis de l'idée que l'Afrique se développe à la fois au niveau des habitants et au niveau des pays. Nous avons à présent 55 pays en Afrique. On nous appelle tous par le même nom : AFRICAINS. Mais en réalité, sous de nombreux aspects, de la culture à la cuisine en passant par la politique etc., on ne se connaît absolument pas. Ce que nous voulions faire, c'est inciter les Africains à discuter entre eux et à mieux se comprendre. Pour en arriver là, il nous a fallu trouver un thème commun qui nous relie en tant que continent et en tant qu'individus. Nous nous sommes rendu compte que ce que nous partageons, ce sont les mêmes PROBLÈMES. Ensuite, nous avons dû classifier ce sur quoi ces problèmes se fondaient et identifier les informations disponibles. C'est ainsi qu'est née l'idée de Africa: What's Your Story?

Ainsi donc, l'idée est de souligner les problèmes que nous avons en commun et de tenter d'aider les Africains à mieux les comprendre, à se rassembler pour échanger et communiquer leurs défis dans leurs pays respectifs. En Inde, par exemple, comme il s'agit d'un seul pays, il existe des institutions auprès desquelles ces informations peuvent être relayées. Comme vous le savez, il n'y en a pas en Afrique et il n'y a donc aucun endroit où quelqu'un peut venir exprimer son expérience et être entendu.

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Africains: quelle est votre histoire?

NM: De quelle manière comptez-vous vous y prendre pour que les voix et les expériences des Africains soient entendues ?

AS: Évidemment, nous utilisons notre propre plateforme pour présenter ce projet et, si nous réussissons à créer un effet boule de neige, des millions d'Africains pourront partager leurs informations et accéder à celles des autres. Rien qu'avec cela, nous espérons arriver à des solutions sous une forme ou une autre. Un Ghanéen peut dire “J'ai eu tel problème de santé et voici ce qui m'a aidé ou ce qui m'a rendu encore plus malade”. Un Kenyan peut lire cette histoire et éviter de subir le même sort.

Mais comme vous le savez, la philosophie de notre modèle repose sur le fait que l'Afrique doit cesser d'accepter les dons car l'aide selon le modèle conventionnel ne fonctionne pas en Afrique. Prenez par exemple la famine qui se déroule en ce moment. Cela se produit 25 ans après cette famine en Ethiopie [6]. Ainsi donc, nous voulons exploiter le contenu fourni par ces citoyens qui envoient leurs récits et essayer d'utiliser nos médias, forts de plus de 5 000 journalistes à ce jour, pour présenter nos problèmes et aider les citoyens à obtenir une forme de rétribution. C'est notre version du journalisme citoyen.

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Le logo officiel de Africa: What's Your Story?


NM: Avez-vous un exemple de la façon dont ce modèle va fonctionner?

AS: Je vais vous donner un exemple concret. Il y a seulement quelques jours, nous avons reçu une photo provenant du Nigeria montrant un policier en train de recevoir un pot-de-vin. Nous utilisons à présent cette image pour demander à d'autres personnes dans d'autres pays d'Afrique s'ils ont été témoins d'un fait similaire. On sélectionne ensuite les cinq meilleurs récits et on utilise nos ressources : comme nous produisons maintenant AFRICA JOURNAL, notre propre émission diffusée en collaboration avec Reuters, nous consolidons ces informations en un reportage de 3 à 5 minutes sur la corruption des polices en Afrique. Personne ne produit des reportages à l'échelle de l'Afrique de cette façon. Nous sommes persuadés que ce reportage va se vendre et nous reversons ensuite une partie du profit à ces 5 contributeurs.

En général, tout le contenu collecté est analysé par notre service éditorial, puis le contenu vendable est formaté et proposé auprès de notre vaste réseau d'agences médiatiques. Le journaliste citoyen obtiendra une part des revenus chaque fois que le reportage se vend.

NM: J'ai cru comprendre que l'un des objectifs de votre projet est de faire en sorte que les Africains se parlent. Il y a 55 pays en Afrique, avec diverses langues. Comment allez-vous surmonter les barrières linguistiques, étant donné que votre contenu est actuellement en anglais ?

AS: Nous commençons par l'anglais et, quand la demande va augmenter comme c'est le cas pour l'ensemble du site et de notre modèle, nous allons progressivement intégrer d'autres langues. Nous sommes en train d'étudier la possibilité d'introduire le français, le swahili et l'arabe.

Vidéo ci-dessous: ‘Africa: Whats Your story ?.. ‘An African Voice Telling the African Story’ (Afrique: quelle est ton histoire? Une voix africaine pour raconter l'Afrique’
http://youtu.be/kELpOGQtYgM
NM: Avez-vous également l'intention d'utiliser la plateforme comme un espace permettant aux citoyens de s'adresser à leurs dirigeants et aux législateurs ? Si oui, comment le procéderiez-vous ?

AS: C'est un espace destiné à permettre à TOUS les Africains de s'exprimer sur ce qui est important pour eux et créé dans l'espoir que d'autres Africains réagissent et interagissent.

NM: Y a-t-il un thème commun qui motiverait les Africains à se parler ?

AS: Oui. C'est le fait que nous partageons les mêmes problèmes.

NM: Quel type de contenu acceptez-vous ?

AS:  Nous acceptons le format texte, audio, vidéo et photo.

NM: Qui est derrière le projet en ce moment ?

AS: Tout est fait par A24 Media, en collaboration avec des partenaires qui nous fournissent les données.

NM: En dehors du site Internet What’s Your Story, quels médias sociaux utilisez-vous pour promouvoir votre contenu en ligne ?

AS: Nous utilisons au maximum les médias sociaux tels que Twitter [8], Facebook [9] et YouTube [10].

NM: Quels sont les thèmes principaux que vous aimeriez voir abordés par les citoyens sur le site Internet “What’s Your Story?”?

AS: Nos problèmes: corruption, santé, éducation et gouvernance.

Vidéo ci-dessous: Farah Chaudhry, directrice du marketing à A24 Media s'exprime lors du lancement de “Africa: What's Your Story?”:

 


NM: Qu'est-ce que votre projet a accompli jusqu'à présent ?

AS: Nous avons progressé sur plusieurs plans.
1. Les récits des Africains sont mis en valeur sur un grand nombre de nos portails et par nos partenaires.
2. Beaucoup d'autres citoyens s'informent, réagissent et certains envoient leurs propres récits.
3. Nous utilisons les médias pour mettre l'accent sur nos expériences vécues et les exprimer. Nous fournissons une plateforme permettant aux Africains d'échanger entre eux.
4. Nous avons d'autres idées telles que de remettre des prix et des bourses à nos écoles de journalisme et aux contributeurs les plus innovants.

Nous pensons être à l'orée de quelque chose d'important. Mais de telles initiatives ont besoin de soutien. Merci.