Tunisie : Deux mois de prison pour avoir critiqué l'armée

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices sur la révolution tunisienne 2011.

Le 9 novembre 2011, Nabil Hajlaoui, un agronome de Sidi Bouzid, a été condamné à deux mois de prison pour avoir critiqué l'institution militaire tunisienne. Aux dires de Houssem Hajlaoui, un auteur du blog collectif Nawaat, Nabil Hajlaoui a été arrêté après avoir écrit un article dans lequel il rendait l'armée responsable des récentes émeutes et actes de vandalisme à Sidi Bouzid après les élections.

Houssem Hajlaoui écrit :

على إثر تعرّض المرافق الحيويّة والمؤسّسات الوطنيّة بسيدي بوزيد للإتلاف والحرق على خلفيّة الحوادث الأليمة الّتي جرت في مدينة سيدي بوزيد وذلك بعد الإعلان عن نتائج الانتخابات، اعتقل المناضل نبيل حجلاوي من طرف الجيش التّونسي على خلفيّة مقال ينتقد فيه تحرّك الجيش منذ بداية الأحداث
Sitôt après l'annonce des résultats des élections, suivie par de pénibles incidents à Sidi Bouzid, et qui a conduit aux déprédations et à l'incendie d'installations vitales et d'institutions nationales à Sidi Bouzid, le militant Nabil Hajlaoui a été arrêté par l'armée tunisienne, suite à un article où il critiquait les actes de l'armée depuis le début des événements

Il poursuit :

الاستاذ نبيل حجلاوي ليس الوحيد في سيدي بوزيد الذي وجّه تهم السّلبيّة و التّقاعس للجيش الوطني على ضوء تعامله مع أعمال العنف التي اندلعت في المدينة على هامش الاعلان عن نتائج انتخابات المجلس التّأسيسي, حيث قام مجموعة من المحامين و الحقوقيين بتقديم شكوى رسميّة ضدّ المؤسّسة العسكريّة
Le Professeur Nabil Hajlaoui n'est pas le seul à Sidi Bouzid à avoir reproché aux militaires leur passivité et mauvaise volonté à réagir aux actes de violence qui ont suivi l'annonce des résultats de l'élection à l'assemblée constituante. Un groupe d'avocats et de juristes a aussi déposé une plainte en bonne et due forme contre l'institution militaire

Les émeutes post-électorales à Sidi Bouzid, photo SBZone

Après l'annoce des résultats provisoires de l'élection le soir du 27 octobre, des manifestants ont protesté à Sidi Bouzid contre une décision de la commission électorale indépendante d'invalider un certain nombre de sièges précédemment attribués à une liste indépendante du nom de ”la Pétition Populaire,” au motif d’ ”infractions au financement de la campagne.” La ”Pétition Populaire” a obtenu la majorité des voix à Sidi Bouzid, le berceau de la contestation qui a abouti au renversement du président Zine El Abidine Ben Ali.

Il faut souligner que le 8 novembre, le tribunal administratif a prononcé un jugement aux termes duquel la ”Pétition Populaire” a regagné sept sièges à l'assemblée.

Nabil Hajlaoui, un civil, a comparu devant un tribunal militaire à Sfax (au Sud de la Tunisie).

Nadia A. tweete :

En pratique comment empêcher des cas Hajlaoui? Qui a les prérogatives nécessaires pour interdire le jugement de civils par les militaires?

La famille de Nabil Hajlaoui proteste : Libérez notre fils… Il est innocent

Ce n'est pas la première fois que la Tunisie post-révolutionnaire arrête quelqu'un qui a élevé la voix et exercé sa liberté d'expression. Le 29 mai 2011, le “whistleblower” (dénonciateur) Samir Feriani était arrêté après avoir critiqué le Ministère de l'Intérieur, pour être libéré quatre mois plus tard.

Samira Abed tweete :

Avant que #Hajlaoui devienne un nouveau #Feriani quelqu'un peut-il mettre en ligne son article ? Je veux savoir si ce qu'il a écrit mérite qu'il soit arrêté ! #sidiBouzid

La famille de Nabil Hajlaoui a organisé, avec un certain nombre de militants, une manifestation appelant à sa libération immédiate. Parmi les chefs d'accusation, il y a ”propagation du désordre.” Sa famille affirme qu'il a été arrêté pour avoir critiqué l'institution militaire tunisienne.

Ce billet fait partie du dossier spécial de Global Voices sur la révolution tunisienne 2011.

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