Côte d'Ivoire: Quand la presse viole le droit d'auteur

Les fêtes de fin d'année 2011 en Côte d'Ivoire ont été différentes de celles des années précédentes. Huit mois après le changement de régime, les autorités ont voulu marquer le changement par des décorations inédites dans le pays et en organisant des feux d”artifice géants les 30 et 31 décembre 2011. Bon nombre des Ivoiriens sont sortis pour profiter de ces différents spectacles et la technologie aidant, chacun  est reparti avec des photo souvenirs. Si pour ces photographes amateur ce fut une bonne expérience, ce n'est pas le cas pour Audrey Carlalie. Cette jeune étudiante ivoirienne, photographe professionnelle à mi temps a vu ses photos des feux d'artifices publiées par certains journaux ivoiriens et même le plus grand portail d'informations en ligne ivoirien sans son autorisation.

Elle n'a pas hésité à se plaindre à travers sa page Facebook et très vite les blogs et autres réseaux sociaux ont repris le buzz.

La blogueuse ivoirienne Edith Brou sur son blog plante le décors et explique:

En effet, les quotidiens ivoiriens tel que le Jour plus, le Nouveau Réveil, Nord-Sud, l’Intelligent d’Abidjan et même le portail Internet historiqueAbidjan.net, n’ont pas hésité à publier ses photos alors que la moindre des considérations aurait été de lui envoyer un message privé sur Facebook ou Twitter (elle y est toujours connectée) afin d’avoir sa permission.

 

Dès que ce billet de Edit Brou a été diffusé, la bogosphère ivoirienne a relayé l'affaire à l'instar de Yoyo une autre blogueuse qui ramène les journalistes ivoiriens à leur propore combat pour la reconnaissance et le respect de leur travail:

Depuis hier, la déception se lit dans de nombreux commentaires au sujet des journalistes de la presse écrite ivoirienne. Ces professionnels, qui crient au scandale à la moindre atteinte à leur profession, n'hésitent visiblement pas à jouer de raccourcis pour s'accaparer d'une manière bien moins honorable le travail d'autrui.
Dans ce même élan, le mot clé #Carlaliegate a été crée sur twitter pour  discuter du sujet et les réactions se multiplient.

capture d'écran des réactions sur #carlaliegate sur twitter

Ce qui est intriguant dans l'affaire c'est que les journaux incriminés n'ont pas osé s'excuser. Pire l'un de ces journaux, L'intelligent d'Abidjan se défend de cette attitude:

le vendredi (30 décembre 2011) l'IA (Intelligent d’Abidjan) avait des photographes au palais de la culture. Ils n'avaient pas de connexion a cote et il leur fallait traverser le pont pour arriver au bureau. Le maquettiste est alors aller fouiner sur facebook et a trouve cette photo. Desole de n'avoir pas cite l'auteur mais l'image etant dans le domaine public et n'ayant pas ete fait a but lucratif, que faut il payer? Desole de n'avoir pas cite l'auteur de la photo. Nous le ferons prochainement et trouveront les moyens de rendre plus opérationnels nos photographes.

Pour Stephane Kouakou, un autre internaute actif en Côte d'Ivoire, cette situation en ajoute à la mauvaise presse que les journalistes ivoiriens semblent vouloir continuer de cultiver:

Comme je l’ai déjà souligné dans un de mes articles « Mauvaise presse », la presse en Côte d’ivoire a de bien mauvaises pratiques qui lui font déjà perdre des acheteur-lecteurs. Elle vient d’ajouter une autre corde à son arc qui lui fait perdre un peu plus de la crédibilité qu’elle n’avait pas.

Et la suite?
Pour le moment le buzz continue sur la toile et des actions sont en cours comme le résume Yehni Djidji dans son billet sur le sujet:
Abidjan.net a purement et simplement retiré les photos de son site.
L'intelligent d'Abidjan a proposé la compensation suivante: reprise de la photo avec son nom, à l'intérieur du journal mais pas en première page, une collaboration pour que les photos soient rémunérées, l'envoi pendant UN MOIS, de la version PDF du journal, à Carlalie. Avant cela, ce journal a fait plusieurs interventions sur le net qui méritent d'être décortiqué, sans doute dans un autre article.
Carlalie, qui a fait appels à des conseillers juridiques ne peut plus s'exprimer sur le sujet, mais la dernière fois que je l'ai eu, les autres organes de presse n'avaient pas réagi à ses tentatives de communication.

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