Grèce : Les brutalités policières contre les migrants sont à la hausse

Tumulte dans les médias sociaux grecs après la diffusion d'une vidéo sur Facebook et Twitter, où l'on voit des policiers malmener à la vue de tous un migrant interpellé dans le centre d'Athènes. L'incident date de la fin janvier 2012, tandis que sa localisation exacte n'a pas été confirmée.

La police motorisée (DIAS en grec) ainsi que des individus en civil, ont brutalisé l'homme appréhendé, qui ne résistait pourtant pas à son arrestation, comme le montre clairement la vidéo :

Selon le réalisateur Nikos Soulis, qui a enregistré l'incident, l'homme brûlait des ordures, exposant les voitures stationnées à proximité :

@nikosoulis: @Louki_p il brûlait des sacs-poubelle.. un danger pour les voitures en stationnement. Ils ont bien fait de l'arrêter, mais après ? et pourquoi ?

La police a ouvert une enquête administrative sur l'incident, mais le témoin a indiqué sur Facebook qu'il n'a pas été appelé à déposer, bien qu'il ait envoyé la vidéo au Haut Commissaire pour les Réfugiés de l'ONU en Grèce. Des enquêtes administratives, souvent sans effets, ont déjà été ordonnées par le passé pour des faits similaires.

Répondant à un commentaire du ministre de la Protection des citoyens Michalis Chrisochoidis (@chrisochoidis), à l'occasion de l'anniversaire du coup d'état militaire su 21 avril 1967, le journaliste Damian Mac Con Uladh (@damomac) a exhorté le ministre à prendre des mesures immédiates :

@chrisochoidis: Ακόμη και μια τραυματισμένη δημοκρατία είναι καλύτερη από καθόλου δημοκρατία.

@chrisochoidis: Même une démocratie blessée vaut mieux que pas de démocratie.

@damomac: @chrisochoidis M. le Ministre, veuillez contribuer au secours de cette “démocratie blessée” en licenciant les flics qui ont tabassé cet homme !

Si les médias traditionnels ont pour la plupart ignoré l'affaire, les réactions ont été immédiates et vives sur les médias sociaux, et il a été aussi répercuté par les militants hors du pays [en anglais] :

@teacherdude: Rien sur les télévisions d'information grecques à propos du passage à tabac d'un migrant à Athènes par la police, filmé en vidéo http://www.youtube.com/watch?v=RG4Cf1T8bR4 Pas vraiment étonnant.

@SykoFantiS: Υπάρχει κάποιος που πιστεύει ότι η ομάδες ΔΙΑΣ προσφέρουν έργο;

@SykoFantiS: Y a-t-il quelqu'un pour croire que les patrouilles de la DIAS [servent et protègent] ?

@v_emman: Αυτή δεν είναι αστυνομία, είναι συμμορία τραμπούκων. Ντρέπομαι για λογαριασμό σας. http://j.mp/Id5a2W @hellenicpolice

@v_emman: Ce n'est pas une police, c'est une bande de voyous. J'ai honte pour vous. http://j.mp/Id5a2W @hellenicpolice

@libertarian: @hellenicpolice στο 4ο είχα δει να βάζουν κράνος σε κρατούμενο και να τον κλωτσάν στο κεφάλι.

@libertarian: @hellenicpolice J'ai vu une fois un gardé à vue équipé d'un casque recevoir des coups de pieds à la tête dans le 4e commissariat.

De nombreux cas de violences policières contre des migrants ont été documentés par le passé, tandis qu'en 2007, la publication d'une vidéo montrant des migrants violemment brutalisés dans un commissariat de police [en anglais] avait causé un tollé international. En août 2008, la police grecque avait déjà été condamnée au moins neuf fois [en anglais] par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour mauvais traitements.

Dans son expérience, le Réseau pour l'enregistrement des incidents de violence raciste a compté 63 incidents pendant les deux derniers mois de 2011, dont 18 en rapport avec la violence policière, et noté que “la violence raciste se répand à un rythme terrifiant”. Dans un récent rapport, en vue du prochain examen de la Grèce par le Comité des Nations Unies contre la Torture, Human Rights Watch a qualifié de “totalement insuffisants” les tentatives du pays de protéger les migrants et les populations vulnérables, tandis que dans son rapport annuel pour 2011 [en anglais], le réseau indépendant de recherche RED a distingué la Grèce comme l'exemple le plus typique de l'éruption de violence raciste et d'impunité en Europe.

Pendant son précédent mandat de Ministre de la Protection des Citoyens, M. Chrisochoidis s'était engagé à créer un bureau compétent pour les incidents de brutalités policières :

@chrisochoidis: .@asteris Περί ΓΑΠΑ: αναβαθμίστηκε η διερευνητική του δυνατότητα και αποκτά αυξημένη τυπική ισχύ καθώς θα κυρωθεί με νόμο και όχι με Π.Δ.

@chrisochoidis: .@asteris Sur le GAPA [le bureau] : ses capacités d'enquête ont été augmentées, et il acquiert une autorité formelle accrue, car il sera entériné par la loi au lieu d'un décret présidentiel

Le ‘Bureau compétent pour les incidents de mauvais traitement’ a été fondé par une loi [en grec] en mars 2011, mais n'est toujours pas opérationnel. La Ligue Grecque des Droits de l'Homme a qualifié [en grec] la loi de “net recul” et de “scénario bien pire” par rapport à l'annonce initiale.

το Γραφείο δεν θα είναι ανεξάρτητος φορέας όπως αρχικά είχε δηλώσει ο Μιχ. Χρυσοχοϊδης και είχε ακολουθήσει μάλιστα και η ανάλογη ηλεκτρονική διαβούλευση, αλλά αυτό που το νέο σχέδιο νόμου προβλέπει είναι μια τριμελής επιτροπή [δικαστικών]. Η επιτροπή αυτή, όπως διευκρινίστηκε δεν θα έχει καμία δυνατότητα διερεύνησης της καταγγελίας αλλά θα κρίνει μόνο αν η καταγγελία θα είναι παραδεκτή, παρεμποδίζοντας ουσιαστικά την ποινική διερεύνηση.

Le Bureau ne sera pas un service indépendante, comme l'avait affirmé à l'origine Michalis Chrysochoidis, et comme spécifié dans la consultation sur internet, en revanche ce qu'instaure le nouveau texte de loi, c'est une commission [judiciaire] tripartite. Cette commission, à ce qu'il apparaît, n'aura pas compétence pour instruire les plaintes, elle pourra seulement décider de leur recevabilité, ce qui empêchera par nature toute investigation pénale.

Plus de 2.400 personnes ont rejoint un groupe Facebook [en grec] créé après la brutale répression des manifestations place Syntagma à Athènes les 28 et 29 juin 2011, afin de collecter la documentation sur les violences policières, et près de 15.000 se sont inscrits sur une Cause Facebook plus ancienne du nom de ‘Stop aux brutalités de la police grecque’, créée le lendemain de la mort aux mains de la police du jeune Alexandros Grigoropoulos, 15 ans.

L'auteur pour Global Voices Asteris Masouras a contribué aux recherches et à l'écriture de cet article.

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