Le 1^er juillet prochain, les sénégalais seront encore appelés à se rendre aux urnes pour les élections législatives. Ces prochaines éléctions  présentent une grande première en Afrique de l'ouest : en effet, la loi sur la parité absolue entre hommes et femmes sur les listes des candidats sera appliquée pour la première fois. Les débats sont vifs et les initiatives nombreuses pour une participation importante des femmes et un vif débat est en cours à travers tout le pays sur les réseaux sociaux.

Maté Dagnokho dans un billet sur lesenegalais.net rappelle quelques chiffres sur les éléctions législatives :

Faut-il rappeler qu’en 2007, 14 partis et coalitions de partis étaient en lice avec 3 581 candidats à la députation. En 2012, 7 200 candidats vont «courtiser», pendant 3 semaines, les 5 millions d’électeurs pour obtenir un ticket et siéger à l’hémicycle avec une écharpe aux couleurs nationales afin de plaider les doléances de leurs mandants.

"Pour un accès des femmes africaines à la terre, au capital et au marché" – Dakar, Sénégal par Michel Dubois / CNCD-11.11.11 2011. Photo sous licence Creative Commons

Sur Bitimrew News, on  rappelle que lors des législatives de 2007, la proportion de femmes élues avait connu une forte progression par rapport à 2002. Il ajoute que :

La 14ème législature de 2012 est venue accélérer le rythme, obligeant à chacune des 24 listes en compétition, à respecter la parité. Autrement dit, le mode de désignation est le suivant : Un homme-Une femme, bien que l’inverse soit possible : Une femme-un homme. Ce qui doit aboutir à un Parlement coloré, à 50% de femmes et autant d’hommes.

De nombreux séminaires de formation des femmes leaders ont eu lieu à travers le pays. Faisant le reportage sur celui qui a eu lieu à  Saint-Louis,  ancienne capitale du Sénégal, Mbagnick Kharachi Diagne insiste sur rofaf.org sur la préparation des candidates dans la défense de leurs points de vue :

Sarr Sow, s'est réjouie de la mobilisation des femmes investies. Celles-ci ont suivi, dans les locaux du Conseil régional de Saint-Louis, les travaux d'ateliers et des simulations de meetings et débats parlementaires.

Moussa Drame citant Mme Saly Doumbouya, vice présidente du conseil rural de Inor,  note :

qu’il est vraiment grand temps que les gens, les femmes en particulier, vivent la parité dans nos sociétés car nous avons fait le constat que cela augmente leur pouvoir.

Vidéo de Ndella Madior Diouf, la tête de liste nationale du parti « Taxawou Askanwi »

Un billet de Issa Ndiaye publié sur le portail online seneweb.com sur les doutes concernant la capacité des femmes à remplir leur rôle d’élues du peuple,  a suscité beaucoup de commentaires, dont certains très pertinents. Par exemple, Kardiatou Dia demande:

Vous serez a la hauteur mesdames, que dieu vous guide et résout vos problèmes; ce n’ est pas évident de trouvez le juste milieu de ce problème pour satisfaire le peuple sénégalais,  bon courage.

Dans un autre commentaire du même article,  Salambaye fait un commentaire sur les implications sur le code vestimentaire à l'assemblée :

une assemblée ou hommes et femmes sont tous en grands boubous et pagnes,  on risque de se glisser vers une assemblée religieuse…….puisque ces habits sont portès souvent dans les evenements religieux……..

Assemblée reconnaît qu’elle n’est pas contente des commentaires qui ont été publiés à la suite de cet article et elle dit :

Je suis remontée quand je lis des écrits de cette teneur (aucune consistance, aucune objectivité). Pourquoi bon sang on ne parle pas de compétence des députés, conseillers et autres que quand il s'agit de femmes. J'ai fréquenté l'Assemblée nationale et je voyais des hommes ronfler en pleine plénière.

Feug dit son opinion sur le débat déclenché par l'article:

propos machistes comme d ‘habitude. il y a eu des hommes encore plus ignares dans les assemblées précédentes , si vous avez eu à écouter parfois les débats , vous vous rendez compte que c ‘est KIF/KIF .
les femmes n ‘en ont pas le monopole . elles ont mm beaucoup de bon sens . je me souviens qu ‘Adja Arame DIENE ( paix à son ame) faisait des interventions de bon sens par rapport au quotidien d ‘une mère de famille!!!

Du point de vue des partisans d’une vraie participation des femmes à la vie politique,  la véritable préoccupation est le fait que certains  partis cherchent à contourner la loi en donnant à celles-ci le rôle de bouche-trous. Ainsi, Boly Bah relève dans un billet publié par lagazette.sn :

 N’empêche, la parité peine à dissimuler cette vieille pratique machiste des politiques. Sur les 24 listes en compétition, seule Ndella Diouf est tête de liste nationale. Bien maigre ! Les femmes sont logées en deuxième position au moment où certaines ne sont pas tout simplement zappées de leur coalition originelle.

Mais les femmes s’organisent aussi pour s’assurer que les élections soient transparentes. Elles ont créé une plateforme de sensibilisation, de mobilisation et d’observation électorale pour les élections du 1er juillet 2012 sur initiative de plusieurs ONG. Le site ferloo.com informe que :

Des activités de sensibilisation sur la Loi sur la Parité et de mobilisation des femmes et des jeunes seront organisées, ainsi que la formation et le déploiement de plus de 50 observatrices électorales et journalistes moniteurs à Dakar et dans les régions le jour des élections pour observer le scrutin et le niveau de participation politique des femmes, en tant qu’électrices et en tant que candidates.

A l'issue de ces élections, le Sénégal pourrait bien être le deuxième pays africain après le Rwanda, à appliquer la parité absolue au parlement.  Cependant, les partis n'ont pas toujours présenté les candidates femmes dans des circonscriptions très favorables. Quelque que soit le nombre de celles qui vont réussir à entrer effectivement au parlement, cette loi sur la parité constitue un grand pas vers une meilleure démocratie.