Soudan: Une blogueuse raconte ses trois jours d'interrogatoire

Ce billet fait partie de notre dossier Révoltes au Soudan.

La blogueuse soudanaise Maha Elsanosi décrit de façon saisissante ses trois jours d'interrogatoire au Service national d'intelligence et de sécurité (NISS), après avoir été arrêtée au Soudan.

Dans son billet à lire absolument, Maha, qui est auteur de Global Voices pour le Soudan, raconte :

Lors de ma première détention, j'ai été soumise à 4 heures de violence psychologique. Un interrogateur m'a dit: “Regarde bien par la fenêtre, ce sera la dernière fois que tu verras le soleil.” Un autre m'a dit que j'allais être transférée à la prison des femmes sans que personne ne ne jette un regard à mon dossier. Ça montre combien j'étais dangereuse à leurs yeux.

Maha est membre de Girifna, un mouvement de résistance non-violente constitué de diplômés de l'université du Soudan, dont le nom se traduit par “nous en avons marre.” Le groupe a déclaré que son objectif est de renverser le Parti du congrès national, qui dirige le Soudan, et espère développer une vision commune pour un programme national qui guidera leur pays vers l'avant. Leur compte Twitter est disponible ici et il est utilisé pour diffuser des informations sur la révolution en cours au Soudan.

Des manifestations ont commencé dans la capitale soudanaise Khartoum le mois dernier, après que le gouvernement eut annoncé des compressions de dépenses et autres mesures d'austérité. Et contrairement à d'autres pays, les manifestations, qui se poursuivent aujourd'hui, ne bénéficient pas d'une importante couverture médiatique.

Le deuxième jour d'interrogatoire de Maha a duré quelque onze heures exténuantes. Elle les décrit:

J'ai été menacée, soumise à un chantage, à des insultes, j'ai subi de la violence et des tortures psychologiques. Ils avaient mon ordinateur portable et ils m'ont dit qu'ils avaient accès à toutes mes photos, et qu'ils les utiliseraient, s'ils sentaient que j'allais leur causer un problème. On m'a aussi dit qu'ils pourraient facilement me faire perdre mon travail. “Vous avez de belles photos sur votre téléphone”, m'a dit un gars . “Vous avez beaucoup de fans,” a-t-il ajouté. Le même gars fouillait les photos sur mon ordinateur portable. Il a vu une photo de moi et ma meilleure amie nous étreindre. Il m'a alors demandé si j'étais lesbienne.

Son troisième interrogatoire a duré deux heures. Après son interrogatoire, Maha dit:

Ils m'ont fait signer une déclaration promettant que je ne prendrai plus part aux activités de Girifna, affirmant que si je le faisais, j'allais être soumise à un procès en vertu de la loi sur la sécurité. Ils ont fait signer à mon père la même déclaration. Ils m'ont redonné mon téléphone et d'autres articles, mais ils ont dit qu'ils allaient garder les deux ordinateurs portables pour un “complément d'enquête”. Je les ai récupérés il y a peu de temps.

Elle nous rappelle également:

Parmi les personnes encore détenues depuis des semaines il y a Boshi, qui a également été arrêté au début de l'année, Usamah Ali, un éminent journaliste citoyen et utilisateur  de Twitter célèbre, les membres de Girifna Mohamed Izzelden et Rashida Shamseldin ainsi que beaucoup, beaucoup d'autres. Ils risquent tous la torture. Ils ont sacrifié leurs libertés pour l'avènement d'une société soudanaise libre.

Mohamed Izzelden a été entre-temps libéré.

Ce billet s'inscrit dans le cadre de notre dossier Révoltes au Soudan.

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.