Hongrie : Le gouvernement critiqué pour sa gestion de l'affaire Ramil Safarov

L’extradition de Ramil Safarov [en anglais] vers l'Azerbaïdjan s'était faite sur la foi qu'il y continuerait d'effectuer sa peine, c'est ce qu'a affirmé le gouvernement hongrois vendredi dans une déclaration officielle [en hongrois]. Mais après l'amnistie accordée par l'Azerbaïdjan au condamné pour meurtre, l'Arménie a suspendu ses relations diplomatiques avec la Hongrie.

En 2004, Safarov avait été arrêté en Hongrie puis condamné pour avoir tué Gurgen Margaryan, de nationalité arménienne, alors que tous deux suivaient une formation de l'OTAN à Budapest.

Le gouvernement a mis les pieds dans un conflit névralgique, et les blogueurs hongrois disent leur désappointement devant l'issue diplomatique des plus malheureuses à la gestion hongroise de l'affaire Safarov. (L'article de GV sur les réactions de blogueurs arméniens et azerbaïdjanais est ici.)

Le portrait de Ramil Safarov brûlé pendant la manifestation devant l'ambassade de Hongrie à Erevan, capitale de l'Arménie. Photo by Steve Storey, copyright © Demotix (31/08/2012).

Le blog Örülünk, Vincent? a écrit [en hongrois] :

Après la réunion du Conseil de Sécurité Nationale, le président arménien Serge Sargsyan a annoncé avoir donné l'ordre au ministre de la Défense de placer l'armée arménienne en alerte spéciale, et dans la foulée qu'ils coupaient les relations diplomatiques et autres avec la Hongrie. Mince !

C'est le plus gros succès à ce jour de la diplomatie hongroise. Nous ne nous sommes encore jamais bagarrés aussi vite avec un pays. […]

 La réaction [en hongrois] du blog Kettős Mérce a été de moquer le discours creux du gouvernement hongrois sur l'ouverture et le renforcement des liens économiques avec l'Azerbaïdjan :

[…] Mais la chute de l'histoire reste que, malgré la promesse du gouvernement azerbaïdjanais que le jeune homme purgerait le reste de sa peine, l'agence d'information azérie a rapporté aujourd'hui qu'il a été gracié par le président de l'Azerbaïdjan. Vive la politique d'ouverture à l'Est, la réputation de la Hongrie et la vérité s'achètent !

Vastagbőr récapitule la suite des événements qui a conduit à la situation actuelle. Titre de son billet : “Tout, si ça paie” [en hongrois] :

2004: Ramil Safarov, étudiant azéri à l'Université de défense nationale Zrínyi Miklós, tue avec une hache son condisciple arménien. Il devient un héros dans son pays, parce que d'après eux, tuer un Arménien est [vachement] bien.

2006: La justice hongroise condamne Ramil Safarov à la perpétuité. L'Azerbaïdjan réclame sans relâche l'extradition de l'homme, mais l'Etat hongrois refuse avec constance.

Juillet 2012: Viktor Orbán [le premier ministre hongrois] en Azerbaïdjan : “coopération plus étroite avec la région de la Caspienne.”

Juillet 2012: Discussions de Péter Szijjártó [porte-parole du premier ministre hongrois] avec le ministre azéri du Développement Economique lors de sa visite de deux jours à Bakou.

23 août 2012: Une source proche du Ministère de l'Economie Nationale indique [à l'hebdomadaire] Figyelő que l'Azerbaïdjan est susceptible d'acheter des obligations hongroises à 2 ou 3 ans d'une valeur de 2 ou 3 milliards d'euros. Une somme qui couvrirait la plus grande partie de l'émission de dette en devises prévue par notre pays pour cette année.

25 août 2012: Les ONG arméniennes protestent à nouveau contre la possible extradition de Ramil Safarov, surnommé le tueur assassin azéri à la hache, qui a été condamné en Hongrie et y effectue sa peine.

31 août 2012: Aujourd'hui le [ministère de l'Administration publique et de la Justice], accédant à la demande de l'Azerbaïdjan, a transféré le meurtrier condamné à Bakou, puisque “le ministère azéri a informé le [ministère de l'Administration publique et de la Justice] qu'ils ne modifieraient pas la condamnation de Safarov, et continueraient directement à appliquer la condamnation fondée sur le verdict hongrois.

Si aucun commentaire officiel n'a encore été publié de la part de la Hongrie sur la suspension des relations diplomatiques avec l'Arménie, les utilisateurs hongrois des médias sociaux reproduisent la déclaration des Etats-Unis [en anglais] condamnant l'extradition.

Suite au déluge de commentaires en anglais critiquant le gouvernement hongrois, les commentaires ont été désactivés sur la page Facebook officielle du premier ministre Viktor Orbán. Des commentaires virulents ont aussi été postés sur la page Facebook de l'ambassade de Hongrie aux USA.

Arsen Kharatyan, qui a manifesté devant l'ambassade de Hongrie à Washington, D.C., a partagé une photo où il tient une affiche disant “Achetez la justice en Hongrie pour 2 milliards de $.”

1 commentaire

  • amidel'arménie

    il ne faut pas attaquer la Hongrie
    C’est uniquement le premier ministre, Orban Viktor, son gouvernement, son parti, le Fidesz, tous 3 de plus en plus impopulaires à cause de leur médiocrité, qui une fois encore jettent le discrédit sur la Hongrie.
    brûler le drapeau de la Hongrie est stupide et au contraire resserrent les liens entre ce pouvoir nationaliste, populiste et démagogue.
    Brûler en revanche celui du Fidesz ou la photo de son principal dirigeant, on peut comprendre
    Si des manifs ont lieu devant les ambassades ici et là, ceci internationalisera le débat d’autant plus que les gouvernements occidentaux seront obligés de tenir compte de cette problématique car, non pas qu’ils sont proarméniens, mais les Arméniens d’origine votent donc il convient de les caresser dans le bon sens du poil.
    Cela dit, je pense qu’on oubliera assez vite cet incident regrettable tout du moins je le crains fort

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