Les informations [1] [en anglais] reçues sur la journée électorale en Angola (31 août 2012) indiquent que les choses se sont déroulées pacifiquement et qu'il n'y a pas eu de graves perturbations lors du vote. Pourtant, un certain nombre de problèmes lors du vote lui-même ont été signalés par les citoyens : accréditation des observateurs, électeurs orientés vers des bureaux de vote erronés et manipulation supposée d'urnes, que cet article illustre.
Global Voices a signalé [2] [en anglais] à la veille des élections qu'il y avait de sérieux doutes quant à la transparence et à l'organisation du vote. Ceci a conduit à un sentiment généralisé d'apathie chez les électeurs, ce qui pourrait bien être décrit par la chanson rap critique de MCK O Silêncio Também Fala [3] (Le silence parle également) [en portugais, comme tous les liens sauf mention contraire].
Selon les résultats lus par la Commission électorale nationale à la télévision angolaise, 57% des quelque 10 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes, soit une baisse significative par rapport à 2008 [4] [fr] lorsque le taux de participation a été de 87%. (Le taux d'abstention pourrait atteindre 75% [5] dans certaines provinces.) Les résultats provisoires suggèrent une abstention élevée dans la capitale angolaise, Luanda.
Le MPLA [6] [fr], parti au pouvoir de José Eduardo dos Santos [7] [fr], a obtenu 74,46% des voix selon les résultats préliminaires [8] présentés par la Commission électorale nationale, suivie par l’UNITA [9], 17. 94%, et de CASA-CE [10], 4,53%.
Les plaintes concernant l'organisation et les allégations de falsification
Alors que dans certains endroits, les bureaux de vote ont semblé très calmes ou même déserts, il y avait eu aussi des problèmes dès le début. Le journaliste citoyen H Coroado a filmé [11]des électeurs frustrés à un bureau de vote près de l'aéroport de Luanda – où à 10h de nombreux électeurs n'avaient pas voté, alors que les bureaux de vote devaient ouvrir à 7h du matin. Certaines personnes étaient arrivées dès 6h. Les fonctionnaires électoraux ont dit aux électeurs qu'ils “manquaient de matériel”.
Des électeurs se sont plaints par SMS et e-mail au site web Eleições Angola [12] qu'ils avaient été affectés à des bureaux de vote éloignés :
A Rádio Nacional de Angola relatou que na Huíla, um jovem não votou porque o nome dele não saiu na mesma província e veio sair em Luanda, e segundo o jovem: não conhece Luanda.
Le même site a aussi relevé une falsification potentielle d'urnes et autres irrégularités:
Agentes não identificados que se faziam acompanhar num carro de marca toyota com a matricula ld 64-69 ea que se fizeram a escola 9064 estão a carregar as urnas para local incerto. Chegaram ao local e depois de conversar com a policia presente no local e o presidente da mesa lhes foi permitido o acesso a partir da porta dos fundos, estou a testemunhar isso agora e é muito grave. Joaquim Pereira, Grafanil
Pendant ce temps, les internautes partagent des images sur Twitter [15] et sur Facebook [16] de leurs doigts peints comme preuve qu'ils avaient voté.
Dans différents bureaux de vote à travers le pays, le scrutin a pris fin plus tôt que prévu. Dans les zones où l'électricité a manqué, le comptage a été fait à la chandelle, à l'aide de lampes de poche ou de la lumière provenant de téléphones mobiles.
Sur Facebook, l'utilisateur Pedro Castelo a écrit [17] :
A falta de luz nas assembleias de votos é uma grande verdade, quase em todo país, porque eu acabo de chegar em casa estive a trabalhar como delegado e onde trabalhei havia mais de 40 mesas e os votos terminaram às 17 horas por falta de luz.
Manque d'observateurs
Le journaliste Barnaby Phillips (@ BarnabyPhillips) relève [18] sur Twitter que les seuls observateurs internationaux étaient ceux de la Communauté de développement d’Afrique australe [19](SADC) et qu'ils n'étaient affectés que dans 4 des 18 provinces du pays. Louise Redvers (@ LouiseRedvers), également journaliste, a tweeté [20]:
Je n'ai pas vu un seul observateur de la SADC ou de l'UA lors de mon tour des bureaux de vote à Luanda aujourd'hui
Et d'ajouter [21]:
Le porte-parole de l'UNITA m'a dit que plus de 1.000 délégués du parti n'ont pas obtenu l'accréditation pour observer les bureaux de vote. #Angola [22]
La députée européenne Ana Gomes a écrit [23] sur le blog de Causa Nossa (Notre Cause) que “cela ne valait pas la peine d'aller en Angola pour donner de la crédibilité à un processus dont on pouvait prévoir, dès le départ, qu'il allait être imparfait” :
Sendo as missões de observação eleitoral bastante dispendiosas, é entendimento do PE que só vale a pena enviá-las (a par de outras acções de apoio democrático) a países onde há, da parte das autoridades e forças da oposição, real motivação para um genuíno processo de transição ou consolidação democrática. (…) a UE concluiu, pela experiência de 2008 e posterior atitude governamental, que não havia nas autoridades angolanas vontade de ter observação independente
L'observateur de la SADC et ministre tanzanien des Affaires étrangères Bernard Membe (@ BernardMembe) a tweeté pendant le scrutin, annonçant que la SADC allait publier un rapport [24] le dimanche 2. (la SADC avait fait l'éloge des élections de 2008 [4] que l'UE avait pourtant critiquées.)