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Retio: Une application gratuite pour lutter contre le narcotrafic au Mexique

Catégories: Amérique latine, Mexique, Guerre/Conflit, Idées, Médias citoyens

Au Mexique, plusieurs initiatives qui utilisent la participation citoyenne pour informer sur la violence causée par le narcotrafic ont vu le jour : cela va de l'utilisation de hashtag sur Twitter [1] [en anglais] afin de rapporter les actes de violence censurés par les médias, aux initiatives de crowdsourcing telles que Hero Reports [2] qui permet la géolocalisation de comportements civiques et citoyens dans les villes du pays les plus touchées par la violence.

Retio est une application gratuite qui utilise l'information rapportée par les citoyens pour géolocaliser des “renseignements sur les fusillades, les assassinats et attaques à la personne, le vandalisme, les blocages routiers, les abus policiers et toute forme de cas de corruption au moyen de Twitter”. Paula Gonzalo se penche plus en détail sur cette application dans un article pour Periodismo Ciudadano [3] [en espagnol].

Nous traduisons ci-dessous cet article [4] [en espagnol] de Paula Gonzalo placé sous une licence d'Attribution – Pas d'Utilisation Commerciale 3.0 Espagne (CC BY-NC 3.0) de Creative Commons.

Retiro [4]

Retio

La technologie est devenue un instrument clé de la lutte pour la défense de la liberté d'expression et les droits de l'homme. De nombreuses propositions en ce sens ont ainsi cherché à combattre des problèmes graves, comme celui du narcotrafic au Mexique. Dans PC [Periodismo Ciudadano], nous vous avons parlé d'initiatives comme El Blog del Narco [5], le remarquable travail de Judith Torrea [6], avec son blog Ciudad Juárez, en la sombra del narcotráfico [7] (Ciudad Juarez, à l'ombre du narcotrafic), (récompensé [8] par Reporters sans Frontières [8] [en anglais] pour sa couverture de la Guerre contre le Narcotrafic) ou Wikinarco.com [9], que nous avons également interviewé [10]. Cette fois, ce sont Mario Romero et José Antonio Bolio, deux amis originaires de Mérida, Yucatán, 29 et 24 ans, qui ont créé une application gratuite nommée Retio [11] avec laquelle ils essaient de cartographier, grâce aux informations fournies par les citoyens, la guerre contre le narcotrafic.

La tâche n'est pas simple mais cette application peut s'avérer très utile pour les citoyens eux-mêmes puisqu'elle permet d'inclure des renseignements sur les fusillades, les assassinats et attaques à la personne, le vandalisme, les blocages routiers, les abus policiers et toute forme de cas de corruption au moyen de Twitter. Vous pouvez consulter leur site internet [12] pour plus d'informations sur le fonctionnement de cette application avec Twitter. Pour leur envoyer une information, il vous suffit d'inclure l'adresse Twitter du site suivie de la ville dans laquelle vous vous trouvez, par exemple, @RetioDF [13], suivie de la description du problème à signaler.

Retio [4]Le système classe automatiquement l'information selon le type de problème. Toute personne possédant un compte Twitter peut participer en envoyant des renseignements ou en se connectant au site et s'informer des principaux incidents survenus dans sa ville mais, pour l'instant, seuls les utilisateurs d'iPhone et d'iPad peuvent télécharger l'application. C'est ce qu’ils nous expliquent [14] [es] sur leur site internet :

Los reportes son enviados vía Twitter a la cuenta correspondiente para cada ciudad (ejemplo: @retioMID [15] para Mérida). El sistema obtiene la información geográfica disponible en el reporte y lo clasifica para su re-publicación. Desde la web los usuarios pueden completar el contenido del reporte, así como mapearlo, en caso de todavía sea necesario, mediante un sistema tipo wiki.

 

Les signalements sont envoyés via Twitter au compte qui correspond à chaque ville (exemple : @retioMID [15] pour Mérida). Le système extrait l'information géographique contenue dans le signalement et la classe pour sa re-publication. A partir du site, les usagers peuvent compléter le contenu du signalement, par exemple le géolocaliser, au cas où cela serait encore nécessaire, au moyen d'un système de type wiki.

Romero, 29 ans, a déclaré au Texas Observer [16] :

“La meta original era organizar y optimizar Twitter para evitar diferentes situaciones problemáticas que a las que se enfrentan las personas todos los días en las ciudades mexicanas”. “Los usuarios en diferentes ciudades comenzaron a utilizar hashtags para informarse sobre este tipo de situaciones, pero no era una solución ideal – nuestro plan era construir una herramienta mejor para resolver esto y hemos sido capaces de hacerlo. Pero todavía quedan cosas por hacer.”

“A l'origine, le but c'était d'organiser et d'optimiser Twitter pour éviter aux gens différentes situations problématiques auxquelles ils sont confrontés tous les jours dans les villes mexicaines”. “Les utilisateurs de différentes villes ont commencé à utiliser des hashtags pour se renseigner sur ce genre de situations, mais ce n'était pas la solution idéale – notre projet était de construire un meilleur outil pour résoudre cela et nous en avons été capables. Mais il reste encore pas mal de choses à faire.”

Ses deux créateurs ont commencé à travailler sur le projet en janvier 2011 mais il n'a été lancé qu'à partir du mois de juillet à Mérida pour s'étendre ensuite à Mexico, Monterrey et Guadalajara, les trois plus grandes villes du Mexique, en août. L'application pour iPhone est sortie en février 2012 et la couverture a été élargie à tous les Etats.

Comme le remarque Priscila Mosqueda [17], alors que le compte Twitter de Mexico DF [13] dépasse les 62 000 tweets avec plus de 6 000 abonnés, pour Ciudad Juárez [18], il n'y a que deux tweets et 14 abonnés, même si selon Romero ceci est habituel pour un début.

[4]

L'application n'est pas seulement intéressante pour la dénonciation d'irrégularités mais aussi pour la lutte contre les abus policiers [14]:

Creemos también que es importante que  las autoridades se sepan vigiladas por la ciudadanía en todo momento y se comporten en consecuencia. Estamos convencidos de que esto ayudará inhibir las extorsiones, detenciones arbitrarias, abusos de autoridad y actos de brutalidad policíaca de la misma forma que la transparencia ayuda inhibir la corrupción en otras autoridades.

Nous croyons aussi qu'il est important que les autorités sachent qu'à tout moment les citoyens les surveillent et qu'elles se conduisent en conséquence. Nous sommes convaincus que cela aidera à diminuer les extorsions, les détentions arbitraires, les abus d'autorité et les actes de brutalité policière de la même façon que la transparence aide à diminuer la corruption pour d'autres autorités.

Dans un entretien avec PC [19] Judith Torrea parlait de Ciudad Juárez comme de “la ville la plus dangereuse du monde depuis qu'a commencé ce que l'on appelle la guerre contre le narcotrafic” ; c'est peut-être pour cela que toute initiative qui cherche à impliquer activement ses habitants dans la recherche d'un peu plus de sécurité dans la vie quotidienne est le bienvenu.