Sénégal: Espoir de paix pour la Casamance à Rome

Les 13 et 14 octobre, une amorce de dialogue a eu lieu à Rome entre des représentants du gouvernement sénégalais et ceux du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), sous les auspices de la communauté de Sant'Egidio. La Casamance est une région du Sénégal située au sud-ouest du pays qui a été le théâtre de conflits violents opposants les indépendantistes aux forces gouvernementales depuis le début des années 1980. L'ONG Sant'Egidio est appelée affectueusement l'ONU de Trastevere, pour les nombreuses médiations pour la paix et le dialogue dont elle a été la facilitatrice. Cet engagement pour la paix a valu, entre autre, à Andrea Riccardi, son fondateur, la nomination comme Ministre de la solidarité et de coopération internationale dans le gouvernement actuel de l'Italie.

Le site web santegidio.org explique:

Après des consultations approfondies », une délégation du gouvernement sénégalais et une délégation du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) « se sont rencontrées en présence de la médiation de la communauté de Sant'Egidio pour permettre le retour de la paix en Casamance », indique le communiqué de la communauté religieuse, précisant que la rencontre a eu lieu les 13 et 14 octobre. « Au terme de la rencontre, les deux délégations ont (…) décidé de se revoir à Rome pour poursuivre leurs discussions », ajoute le bref communiqué.

seneweb.com rappelle que:

La crise casamançaise est une des préoccupations de l’Etat du Sénégal. En 1982, le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (Mfdc) a lancé une rébellion indépendantiste armée, dans cette région du sud du Sénégal aux fortes potentialités touristiques et agricoles. Plusieurs accords de paix ont été signés, mais pas appliqués; des combats et violences secouent toujours la région. Ce conflit de 30 ans a fait des milliers de victimes des dizaines de milliers de déplacés et réfugiés.

 

Le fleuve Casamance à Ziguinchor (Sénégal) par KaBa sur wikipédia sous license Creative Commons

L'ancien Président Abdoulaye Wade s'était engagé à régler cette crise, comme Sabine Cessou rappelle sur slateafrique.com que:

Le président Abdoulaye Wade avait promis de régler le problème en cent jours, après son arrivée au pouvoir en 2000. Onze ans plus tard, la Casamance reste une région minée, dans tous les sens du terme. Les champs sont truffés de mines anti-personnel et les touristes sont partis depuis longtemps, délaissant les plages de sable fin du Cap-Skirring. La production de riz a chuté et les rares usines de Ziguinchor ont fermé, laissant aux jeunes encore moins de perspectives qu’ailleurs au Sénégal.

A l'issue du Conseil des ministres délocalisé qui s’est réuni le 27 juin 2012, à Ziguinchor, la principale ville de la Casamance, le nouveau Président sénégalais, Macky Sall, avait exprimé clairement son intention de négocier avec la rébellion, répondant ainsi positivement à une offre qui lui avait été faite par le dirigeant de la principale tendance rebelle, Salif Sadio, d'après un billet de elene publié sur xamle.net:

Tout comme nous avons déjà pris des contacts, nous sommes ouverts, avec les hommes de César Atoute Badiate et les hommes de Ousmane Niantang Diatta, pour démarrer des négociations sérieuses avec les combattants du mouvement indépendantiste et tous les acteurs qui œuvrent pour une paix définitive et durable en Casamance », a annoncé M. Sall.

Jusqu'à présent c'est la méfiance qui a prévalu, dans un billet publié sur setal.net, explique:

Après un blocage dû aux méthodes peu orthodoxes wadiennes, le dialogue entre le gouvernement du Sénégal et le mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) a repris ses droits. … Ces rencontres qui ont lieu les 13 et 14 octobre derniers à ROME, devraient être répétées dans les jours à venir. Cependant, les initiateurs de dialogue entre les nouvelles autorités et l’aile politique du Mfdc suggèrent une implication de l’aile militaire pour une résolution de cette crise qui n’a fait que durer. Un appel au pied à Salif Sadio et Cie qui, depuis quelques temps semblent dans de bonnes dispositions pour renouer le dialogue avec l’Etat du Sénégal.

Dans son billet rappelé plus haut, Sabine Cessou a donné des détails sur les difficultés qui ont empêché jusqu'à présent que la paix revienne dans cette région:

Pour tout compliquer, la rébellion n’a fait que se diviser en une multitude de nouvelles branches, depuis la mort, en janvier 2007, de son chef historique, l’abbé Diamacoune Senghor, emporté à 78 ans par la maladie. Une première dissidence, encouragée par le gouvernement d’Abdou Diouf, avait déjà fait son apparition dès 1991, au moment de la signature des premiers accords de paix, avec une branche menée par Sidy Badji —mort à 83 ans en 2003.

Aucun accord de paix n’a été signé depuis 2004, malgré la reprise des violences en 2009. Dakar, après avoir semé la division, s’estime bien en peine d’identifier des interlocuteurs pour négocier la paix.

Pendant que les négociations étaient en cours à Rome, des membres des mouvements qui ne veulent pas s'engager dans le processus de paix ont repris les actions militaires. En effet, POP Idrissa B. SANE dans un billet paru sur le site wmaker.net, a dit:

Des individus fortement armés ont fait irruption dans la nuit du jeudi à vendredi vers 23h dans la localité de Diouloulou avant d’installer la panique et la psychose dans la ville. Ils ont eu des accrochages de 23h à 2h du matin, avec les soldats basés dans cette partie du département de Bignona. Il n'y a pas eu de pertes en vie humaine. Il faut souligner qu’auparavant, la caisse du crédit mutuel de Diouloulou a été attaquée avant que les assaillants n’emportent une importe somme d’argent estimée exactement à 30.683.000F Cfa.

Des boutiques ont été aussi visitées par ces mêmes individus armés qui ont dévalisé tous ces commerces. Des téléphones portables et autres, biens et de l’argent ont été aussi emportés…

C'est pour limiter les risques d'attaques de la part de ces rebelles que les parties qui ont négocié à Rome n'ont pas fait de bruit avant de se rencontrer. En tout cas, c'est ce que fait savoir casamance-nieuws.blogspot.fr citant des sources de l'église:
À Ziguinchor, capitale de la Casamance, des sources de l’Église catholique soulignent que la réunion romaine « n’a pas été officiellement annoncée par le gouvernement, très discret sur la question ». « Ces dernières semaines les informations sur l’ouverture d’un processus de paix n’ont pas été diffusées », précise l’agence missionnaire Misna qui rappelle que le MFDC est divisé en plusieurs factions et qui ne partagent pas toutes l’ouverture de Salif Sadio, son principal chef militaire.

Cependant, les sénégalais veulent croire à la paix. YOUSSOUF B H SANE fait savoir dans un billet paru sur le site lesenegalais.net que la 3ème édition de caravane de la paix visitera plusieurs localités de la région du 14 au 21 octobre, sur initiative du champion de lutte sénégalaise, Balla Gaye 2 qui a été reçu par le Président Macky Sall, avant le départ:

Pour sa troisième édition, la caravane de la paix en Casamance initiée par Balla Gaye 2 va se tenir à partir du 14 Octobre 2012 prochain, avec comme thème principal, la paix et le développement en Casamance. Des rencontres avec les autorités administratives, religieuses et coutumières, sont prévues ainsi que des dons de sang et de dépistage volontaire du VIH /SIDA. La journée de clôture de la caravane est programmée pour le 21 Octobre avec le diner de gala “Sargal roi des arènes”.

C'est avec l'espoir d'une paix durable que la suite de ces négociations est attendue en l'Afrique de l'ouest car ce n'est que dans la paix que la lutte pour le développement pourra être gagnée.

 

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