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La Hongrie unie contre le fascisme

Catégories: Europe Centrale et de l'Est, Hongrie, Cyber-activisme, Droit, Droits humains, Ethnicité et racisme, Gouvernance, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Dimanche 2 décembre, plusieurs milliers de Hongrois se sont unis contre l'antisémitisme lors d'un rassemblement de protestation à Budapest. Les personnalités politiques tant du pouvoir que de l'opposition y étaient aussi présentes et se sont élevées contre les propos controversés du député Márton Gyöngyösi, un membre du parti d'extrême-droite Jobbik [1], qui occupe 17% des sièges au Parlement hongrois. Gyöngyösi, avait appelé [2] le 26 novembre à ce que “les Juifs soient inscrits sur des listes en tant que danger pour la sécurité nationale [3].”

Ce rassemblement était le deuxième, après un premier [4] le 27 novembre, beaucoup moins nombreux avec seulement une centaine de participants.

Une fondation appelée Tous ensemble pour Jérusalem [5] est l'organisatrice de la manifestation du 2 décembre [6] [en hongrois], qui, selon Reuters, a attiré dans les 10.000 personnes. (En guise de comparaison, selon les estimations de la police hongroise [7] [en hongrois], lors de la fête nationale en octobre, ce sont quelque 150.000 personnes qui ont assisté à l'événement officiel, 20.000 à la manifestation du mouvement civique, et 2.000 au rassemblement du parti d'extrême-droite.)

Gyöngyösi s'est par la suite excusé pour ses propos, mais le débat public sur l'essor de l'extrême droite en Hongrie a été rouvert, et dans une certaine mesure, a suscité une union nationale.

Kopó du blogKoppány mondja a écrit [8] [en hongrois] que le Jobbik avait levé le masque au Parlement :

[…] S'il [Gyöngyösi] n'était pas un nazi, il ne dirait pas une chose pareille. Si le Jobbik n'était pas un parti nazi, ils le hueraient, ou au moins prendraient leurs distances, et l'exclueraient du parti. Mais cela n'a pas eu lieu. Parce que Márton Gyöngyösi est un nazi, et le parti Jobbik un parti nazi. […]

Balázs Böcskei de l'Institut pour une Alternative Démocratique (IDEA [9]) s'est demandé dans un billet sur son blog [10] [en hongrois] pourquoi aucun des 386 députés n'a quitté la salle lorsque “la nuit les a enveloppés” (autrement dit, quand Gyöngyösi a fait ses fameuses déclarations).

Hungarian Spectrum raconte que le 27 novembre, au lendemain de l'incident, quatre députés [11], dont le président de séance, ont protesté au Parlement en portant des étoiles de David sur leurs vêtements, comme l'ont fait des manifestants à l'extérieur, au rassemblement [4] du même jour, comme à celui du 2 décembre.

[12]

Une étoile jaune de David sur le manteau d'un manifestant le 2 décembre 2012. Photo de Redjade, utilisée avec sa permission.

Voici les hommes politiques qui ont pris la parole au rassemblement du 2 décembre : le chef actuel du parti conservateur Fidesz au pouvoir Antal Rogán ; l'ex-‘Ministre-Président’ Gordon Bajnai [13] ; et le président du Parti Socialiste Attila Mesterházy [14]. Le plus important mouvement civique en ligne hongrois, ‘Un Million pour la liberté de la presse en Hongrie’ [en hongrois [15] et anglais [16]], a fait remarquer sur son blog [17] [en hongrois] que le temps était venu pour les Hongrois de réévaluer la situation dans leur pays :

[…] La manifestation commune est une bonne occasion non seulement d'exprimer votre indignation et un total refus du discours nazi qui renvoie aux temps les plus sombres, mais aussi la possibilité de vous poser cette question : pourquoi et comment la Hongrie est-elle arrivée au point où le monde cultivé est un observateur stupéfait de ce qui se passe au Parlement à Budapest. […]

[12]

Manifestants au rassemblement du 2 décembre. Photo de Redjade, utilisée avec sa permission.

Les blogueurs de Kettős Mérce ont souligné [18] [en hongrois] que les orateurs ont à peine évoqué les questions des Roms ou des LGBTQ en Hongrie. Ils ont avancé la responsabilité dans la situation actuelle de tous les partis politiques :

[…] Malgré les nombreuses phrases sur le genre d'erreurs commises par la droite hongroise et les conservateurs qui ont conduit la Hongrie à cette extrémité ; il est malheureux que les erreurs de la gauche hongroise et des libéraux aient été à peine mentionnées. Ils se partagent pourtant la responsabilité !

Si la prochaine fois il y en a qui protestent contre la discrimination et le fascisme, espérons que cela leur viendra à l'esprit, pour que nous ayons une chance d'assister à une manifestation encore meilleure.