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Inde : La peine capitale pour les violeurs ?

Catégories: Asie du Sud, Inde, Cyber-activisme, Développement, Droits humains, Femmes et genre, Manifestations, Médias citoyens, Politique

[Tous les liens pointent vers des pages en anglais, sauf mention contraire]

Delhi, connue sous l'appellation douteuse de “capitale du viol [1]“, a été le témoin d'une nouvelle agression sexuelle tragique à l'encontre d'une jeune femme de 23 ans (voir l'article de Global Voices en français [2]), qui a conduit à des manifestations [3] de grande ampleur à Delhi-même et aux abords de la capitale ainsi que dans tout le pays. Choquées par la brutalité des violences révélées récemment, des personnes de divers milieux ont demandé des lois plus strictes et des peines plus sévères. Un débat houleux autour de la peine de mort pour les violeurs s'est engagé à l'initiative de [4] la députée Sushma Swaraj.

Les questions soulevées par le débat actuel sur le viol et la peine de mort sont complexes. Le Bureau National de la Criminalité en Inde a publié des chiffres ahurissants [5] (pdf) concernant les violences sexuelles. Cette année, une petite fille de deux ans surnommée Baby Falak [6] a succombé des suites de blessures dues à la maltraitance. En Inde, les violences sexistes se manifestent de multiples façons: féticide féminin, bizutage [7], harcèlement sexuel, demande de dot, viol. Certaines de ces pratiques sont considérées comme normales dans la société indienne. L'état du Manipur, au nord-est du pays, a connu des viols perpétrés par des personnels de l'Armée, et les femmes ont manifesté sous la bannière “Armée indienne : violez-nous [8]“. 369 parlementaires [9] ont été inculpés pour des délits et crimes contre des femmes.

[10]

Une manifestante très virulente montre les policiers du doigt en les interpellant pendant une nouvelle vague de manifestations suite au viol collectif d'une étudiante dans un bus à Delhi. Image de João Costa Leão. Copyright Demotix (23/12/2012)

Compte-tenu d'une situation sociale complexe et des violences endémiques, la lutte a trouvé un nouveau souffle dans les médias sociaux grâce à des campagnes de mobilisation [11] massives. Le débat naissant sur la peine de mort a aussi donné lieu à des pétitions en ligne [12].

Stalin K Padma [13] a critiqué le journal Times of India pour son engagement en faveur de la peine de mort :

Malheureusement, le slogan perpétue l'idée que la vie d'une femme est finie après un viol (‘…ravit la vie d'une femme’) ! La forte stigmatisation sociale associée au viol, propagée par des slogans et des arguments comme celui-ci, sont à eux seuls responsables des suicides et des tentatives de suicide des femmes concernées.

En réponse à cela, Sakshi Soi [14] s'appuie sur les chiffres effarants constatés dans la seule ville de Delhi :

Nous avons déjà eu ces discussions avant, n'est-ce pas ? Ce n'est pas le premier cas de viol qu'a connu Delhi ou l'Inde. Plus de 600 à ce jour pour la seule ville de Delhi ! Combien ont été punis ? Nous exigeons la peine de mort car il faut prendre des mesures immédiates !

Protests at India Gate-007 [15]

Manifestation à la Porte de l'Inde (à Mumbai). Photo sur Flickr de ramesh_lalwani CC BY-NC 2.0

Aswathy Senan [16], qui a lancé un appel à mobilisation et participé aux manifestations, fait le commentaire suivant :

J'espère que l'on ne va pas en arriver au point où il va nous falloir organiser une autre manifestation contre la peine de mort !!! Je n'hésiterais pas à tenir les médias pour responsables principaux de la promotion de l'idée de la peine de mort comme punition idéale pour les violeurs.

Sur Google Plus, Suresh Kumar [17] pèse le pour et le contre de la peine de mort [en tamoul]:

നിലവിലുള്ള ശിക്ഷയേക്കാൾ കൂടുതലായി വധശിക്ഷ ഒരു ഡിറ്ററന്റാകുമോ എന്ന കാര്യവും സംശയമാണ്. അഥവാ അങ്ങിനെ വധശിക്ഷ കൊടുക്കാമെന്ന് തീരുമാനിച്ചാൽ തന്നെ ഇൻഡ്യയിൽ ഏതാണ്ട് നാൽപ്പതിനായിരത്തിലധികം ആളുകളെ ഇപ്പോ തന്നെ വധിക്കേണ്ടി വരും എന്ന് പറയപ്പെടുന്നു. അത് നടക്കുന്ന കാര്യമാണോ? അപ്പോൾ പിന്നെ ഈ കുറ്റകൃത്യത്തിലേക്കെത്തുന്നതിനു മുന്നെ അതെങ്ങനെ ഫലപ്രദമായി തടയാമെന്ന കാര്യങ്ങളിൽ കൂടുതൽ ശ്രദ്ധകേന്ദ്രീകരിക്കേണ്ടി വരും.

Je doute que l'adoption de la peine de mort soit une mesure plus dissuasive que les lois en place. Le système judiciaire est très lent et si la peine de mort étaient prononcée maintenant, plus de 40 000 personnes en seraient passibles. Cela est-il même possible ? Ainsi, nous devons réfléchir aux actions et aux mesures nécessaires pour faire cesser de telles choses dans notre société.

Tandis que le débat sur la peine de mort se poursuit, Nirmal Harindran [18] partage sur son profil Facebook une coupure de presse qui semble fournir les clés des violences sexistes récurrentes en Inde.

Girl Child Abandoned in Delhi

Un bébé abandonné à Delhi

Je crois que nos problèmes commencent là…The Indian Express, Delhi, 19 décembre 2012