Retour sur 2012 en Asie du Sud – 1ère Partie

Équipés de smartphones comme jamais auparavant, nous voyons un nombre croissant de Sud-Asiatiques traverser les frontières par l'intermédiaire des médias sociaux.

Cette année a eu lieu le premier sommet des médias sociaux Inde-Pakistan [en anglais] à Karachi. Nous avons aussi vu des pirates informatiques indiens et bangladais impliqués dans des cyberguerres [en anglais], qui avaient commencé comme une protestation contre les meurtres aux frontières commis par les Forces de Sécurité aux Frontières indiennes.

De nombreux gouvernements d'Asie du Sud ne sont toujours pas à l'aise avec les nouveaux médias ; nous les avons vus recourir à des mesures draconiennes pour stopper le libre flux d'informations. Ici nous revenons sur quelques unes des histoires que nous avons couvertes en 2012, quant à l'essor des médias sociaux dans la région.

Censure du web et liberté d'expression

Sous couvert de protéger la majorité ou de la minorité et de stopper la cybercriminalité, de nombreux gouvernements d'Asie du Sud ont promulgué plusieurs lois qui sapent la liberté d'expression sur internet et les libertés civiles.

Cartoon by Bryant Arnold, CartoonADay.com. Used under a Creative Commons 2.5 license (BY-NC)

Dessin de Bryant Arnold, CartoonADay.com. Reproduit sous licence Creative Commons 2.5 (BY-NC).
L'Inde poursuivra Google sur les contenus offensants. Google refuse de retirer les résultats des moteurs de recherche.

L'Inde, plus grande démocracie du monde, a fait un pas de géant en arrière quand elle demanda à 20 importantes sociétés d'internet, y compris Google, Facebook, et Twitter de présenter des plans pour filtrer les contenus “antireligieux” ou “antisociaux” des informations accessibles aux citoyens indiens.

En avril 2011, le gouvernement indien publia tranquillement des amendements aux règles sur les Technologies de l'Information restreignant les contenus du web [en anglais] considérés comme “désobligeants,” “harcelants,” “blasphématoires” ou “haineux.” Des internautes indiens firent campagne contre cela sur internet et s'engagèrent même dans une grève de la faim en mai 2012 [en anglais] pour soutenir une demande d'annulation des nouvelles Règles sur les Technologies de l'Information-2011 au Rajya Sabha (Conseil des États de l'Inde).

PNon seulement le gouvernement, mais aussi l'industrie indienne du divertissement en ont après les médias sociaux et demandèrent ainsi aux tribunaux de bannir [en anglais] Torrents et Vimeo sur des questions de copyright.

En août, le gouvernement indien prit des mesures contre de nombreux sites de médias sociaux [en anglais], interdisant des pages Facebook et des comptes Twitter, prétextant qu'ils attisaient les attaques communautaires sur les habitants dans le Nord-Est.

En mai, les utilisateurs de Twitter au Pakistan subirent une censure générale sur tous les fournisseurs d'accès à internet à travers le pays, sur ordre de l'Autorité des Télécommunications du Pakistan qui tentait d'éliminer tout contenu ‘blasphématoire’.

Activists of Jamat-e-Islami chant slogans against the anti-Islam movie released in the USA, Karachi, Pakistan. Image by Owais Aslam Ali. Copyright Demotix (14/9/2012)

Activistes du Jamat-e-Islami scandant des slogans contre le film anti-islamique sorti aux USA, Karachi, Pakistan. Image de Owais Aslam Ali. Copyright Demotix (14/09/2012)


Le Pakistan
 [en anglais] et le Bangladesh interdirent YouTube en septembre après les violentes réactions contre l'hébergement [en anglais] du film controversé Innocence of The Muslims [en anglais] (L'Innocence des Musulmans). YouTube est toujours totalement bloqué dans les deux pays et l'Inde bloqua seulement la vidéo à l'intérieur du pays.

The RFP as seen in Pakistani newspapers. Image courtesy EFF

La proposition de loi vue vue par les journaux pakistanais. Image fournie par EFF

Dans un effort exemplaire, des activistes et blogueurs pakistanais réagirent promptement pour contrer le Grand Pare-Feu [en anglais], le “système national de filtrage et de vérouillage d'URL” proposé. Le système, d'un coût de 7,5 millions d'euros, devait permettre au gouvernement pakistanais de ”gérer une liste noire de quelque 50 millions d'URL”.

En août, le gouvernement pakistanais a suspendu les services de téléphonie mobile dans des villes importantes lors de l'Aïd el-Fitr [en anglais] pour empêcher des attaques terroristes. Ceci est vite devenu la tendance et depuis, les réseaux mobiles ont été complètement fermés à plusieurs reprises dans  différentes parties du Pakistan soulevnant de nombreuses critiques.

Au Bangladesh, une proposition de politique des actualités en ligne [en anglais] fut sérieusement critiquée dans les médias sociaux qui exhortèrent le gouvernement à y renoncer. En mars, un tribunal au Bangladesh ordonna aux autorités concernées de fermer cinq pages Facebook et un site web [en anglais] pour blasphème contre le Prophète Mohammed, le Coran et d'autres sujets religieux.

Au Sri Lanka, une nouvelle réglementation appliquant des frais exorbitants pour les sites d”actualités en ligne a soulevé beaucoup de controverse. Certains craignent que la loi s'étende aux blogs personnels, et puisse même inciter les blogueurs à recourir par peur à l'auto-censure [en anglais].

Poursuivis pour usage des médias sociaux

Au Bangladesh, la Haute Cour condamna à une peine de 6 mois d'emprisonnement un professeur d'université [en anglais] qui ne s'était pas présenté à son procès concernant une publication de statut Facebook.

Remix from Bryant Arnold

Remix de Bryant Arnold. CC BY-NC

En Inde, un professeur fut arrêté [en anglais] pour avoir transféré une caricature “diffamatoire” contre le chef du gouvernement du Bengale Occidental Mamata Banerjee. La police mit également en détention une femme de 21 ans après qu'elle eut posté un statut Facebook [en anglais] protestant contre la fermeture totale de Mumbai (Bombay) suite au décès du fondateur du parti Shiv Shena. Son ami, qui ‘a aimé’ la mise à jour fut aussi arrêté. Tous les deux furent plus tard libérés sous caution.

Les autorités sri-lankaises perquisitionnèrent les bureaux de deux sites web d'actualités [en anglais] sur accusation de diffamation criminelle et arrêtèrent neuf journalistes. Dans un autre incident, le secrétaire de la défence menaça l'éditeur d'un journal local durant un interview.

Rôle de MSM

Au lieu d'aider une Indienne agressée par 20 hommes devant un pub à Guwahati, le cameraman de la chaîne locale de télévision tourna une vidéo de 30 minutes de l'incident. La vidéo est devenue très populaire, avec de nombreuses personnes soulevant des questions d'éthique des médias et se demandant si l'Inde n'était pas en train de devenir une nation de voyeurs.

Image courtesy Blanknoise. CC BY-NC-SA
Pourrais-je avoir un peu de lumière sur la fille pendant que vous la déshabillez ?

Début décembre au Bangladesh, l'actualité qui captiva l'imagination des gens et fit les grand titres de toute la presse, magazines et télévision fut le meurtre brutal en public de Biswajit Das, 24 ans,.

En mars, certaines parties de Calcutta dans le Bengale Occidental, en Inde, furent paralysées par des protestataires [en anglais] s'opposant à un certain tweet, présumément posté par un mannequin indien, qui fut à son tour publié dans un quotidien anglais important.

Les médias audiovisuels enflammés du Pakistans furent au centre de plusieurs campagnes suivies dans des médias sociaux cette année. L'animatrice d'un talk show pakistanais, Maya Khan, devint l'objet de l'attention de plusieurs d'entre eux, après qu'elle diffusa un épisode sur la moralisation des les rencontres amoureuses dans son émission matinale. Une campagne sur les médias sociaux réussit à faire supprimer son émission TV. Mais plus tard, elle fut engagée par une autre chaîne où elle invita un dignitaire religieux [en anglais] à convertir un jeune Hindou à l'Islam en direct dans son émission. Mais certains disent que la conversion fut forcée. Une vidéo pirate montrant les populaires présentateurs Mehar Bokhari et Mubashar Lucman impliqués dans une interview arrangée [en anglais] mit aussi sous le choc l'industrie des médias et la population.

Des internautes népalais furent irrités par la remarque du modérateur d'une chaîne de TV indienne qui affirma “le Népal est un territoire de l'Inde.” [en anglais]. Ils diffusèrent leurs réactions sur plusieurs sites de réseau social.

Usage exemplaire des médias sociaux

Au Bangladesh, la discrimination et l'oppression contre 45 tribus indigènes (adibashis) ne sont pas nouvelles. Certains des internautes indigènes ont recours aux blogs, Facebook et autres plates-formes de médias sociaux pour faire entendre leur voix.

Une route traversant le fleuve Titas. Image fournie par Sharat Chowdhury

Pour facilitater le transit de camions cargos indiens surchargés à travers le Bangladesh, une longue route de dérivation a été construite  à travers le fleuve Titas et ses affluents obstruant son cours en de nombreux endroits. Le fait fut d'abord révélé dans un reportage TV. Des blogueurs investigateurs se rendirent sur place et publièrent l'histoire illustrée de photos [en anglais], ce qui incita plus tard les autorités à effacer la route.

La réconciliation est un mot très discuté au Sri Lanka. Alors que beaucoup a été dit sur les moyens de la réaliser, un groupe nommé Sri Lanka Unites fait véritablement la promotion de la réconciliation et de l'espoir auprès des jeunes en visitant des écoles et en construisant un réseau de 4500 leaders étudiants issus de tous les districts et communautés du Sri Lanka. Ils utilisent également beaucoup les médias sociaux pour maintenir et promouvoir le réseau.

En Inde, la discrimination envers les Dalits existe toujours dans de nombreuses zones rurales et dans la sphère privée. Dalit Camera, un chaîne YouTube s'attache à mettre en lumière la situation critique des Dalits.

Dans la 2e partie de cet article, nous parlerons d'autres histoires en provenance d'Asie du Sud, que nous avons couvertes cette année.

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