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Espagne : De Twitter au commissariat pour avoir cité Antonio Gramsci

Catégories: Europe de l'ouest, Espagne, Cyber-activisme, Liberté d'expression, Médias citoyens, Politique

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol, sauf mention contraire.]

Une internaute, activiste du mouvement 15M, @almu_en_lucha [1], a été appelée à déposer devant la brigade des délits technologiques de la police espagnole au sujet du contenu de certains de ses tweets. Elle l’a annoncé avant d’entrer faire sa déposition :

@almu_en_lucha [1] : Sur le point de faire ma déposition à propos du contenu de certains de mes tweets.

Deux heures plus tard, elle écrivait :

@almu_en_lucha [1] : Je viens de sortir. Ils m’accusent d’écrire des tweets violents. C’était tellement ridicule, ils m’ont présenté par exemple des citations de Gramsci !

Comme elle l’explique, cette activiste connue est accusée par la police d’utiliser les réseaux sociaux pour partager des messages violents. Parmi les tweets considérés comme tel : des citations d’Antonio Gramsci, célèbre philosophe, journaliste et théoricien marxiste [2] italien [FR] du début du 20e siècle.

Antonio Gramsci [3]

Antonio Gramsci

Le journaliste Joaquín Estefanía, directeur de l’école de journalisme de la Universidad Autónoma de Madrid, écrivait [4] en 2010, dans un article consacré au philosophe italien :

Fernández Buey termine le prologue de Lettres de prison par ces mots : « Mais il peut être lu comme un classique. Et les lettres qu’il a écrites depuis la prison, comme un document historique de la tragédie du communisme du 20e siècle, comme le témoignage d’une résistance qui durant des décennies à fait de beaucoup des hommes meilleurs. Comme une page du livre blanc d’un idéal. »

Quelques minutes après les tweets de l’accusée, l’effet redouté d’Internet, appelé effet Streisand [5] [FR], prenait le contre-pied de l’action policière. En effet, les internautes n’ont pas tardé à dénoncer la tentative de violation de la liberté d’expression et d’intimidation des activistes. Le mot-clic #Gramsci [6] s’est placé parmi les sujets les plus discutés à l’échelle internationale. Cette affaire n’est pas sans rappeler le jour où les médias annonçaient la capture de deux responsables du collectif Anonymous en Espagne [7], attirant des réactions moqueuses [8].

@manelmarquez [9] : Lisez ! Instruisez-vous ! Antonio #GRAMSCI [10] (1891-1937) Lettres de prison : http://www.rebeldemule.org/foro/biblioteca/tema7891.html [11] Grâce à  @almu_en_lucha [1] nous récupérons la mémoire.
@robertolpzdmz [12] : Si cette histoire fait connaître et donne envie de lire Antonio #Gramsci [13] a quelqu’un, elle a du bon. Le régime s’est tiré dans le pied.
 ‏@Anon_Info_Ops [14] : Nous sommes solidaires de @almu_en_lucha [1], appelée à déclarer devant le gouvernement espagnol pour avoir tweeté des citations de #Gramsci [13]
@SpainRevolt [15] : @almu_en_lucha [1] et #Gramsci [13] c’est toujours la même histoire, il y a les gens qui lisent et ceux qui ne lisent pas et prennent peur. L’ignorance est très dangereuse, messieurs, lisez !
@Akratamondo [16] : Des gens lisent, citent et commentent #Gramsci [13] sur Twitter ! Alerte rouge !  ‏

‏@ElCheDisparaba [17] : Aujourd'hui, en Espagne, citer #Gramsci [13] est un acte de violence.