Amérique latine : Après la renonciation du Pape, espoir, humour et spéculation

Benedicto XVI

Photo de l'utilisateur Flickr lyonora, utilisée sous licence Creative Commons (CC BY-NC 2.0).

L'annonce de la renonciation du pape Benoît XVI au trône pontifical, ou, plus spécifiquement, au Pontificat Suprême de l'Eglise Catholique, a surpris le monde le lundi 11 février 2013. Sa démission prendra effet le 28 février. Il s'ensuivra une période de sede vacante ou interrègne pontifical, qui durera jusqu'à ce que le conclave des cardinaux choisisse un nouveau Pape. Le blog de Marianistas.org rapporte que Benoît XVI est le premier pape à démissionner depuis Célestin V en 1294, et fournit de plus amples informations ici [en espagnol], pour ensuite apporter quelques détails sur les formalités régissant la démission et le conclave qui suivra:

- Selon le Code de Droit Canon actuel, adopté sous Jean-Paul II en 1983, au chapitre “Le Pontife Romain et le Collège des Evêques” (Deuxième Partie, Section I), canon 332, paragraphe 2 : “S'il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu'elle soit dûment manifestée, mais non pas qu'elle soit acceptée par qui que ce soit.”

- Selon les déclarations du Père Federico Lombardi, Benoît XVI ne participera pas au prochain conclave, il se retirera à Castel Gandolfo jusqu'à la date de sa renonciation, le conclave aura lieu en mars, les angélus et audiences auront lieu comme à l'accoutumée, et l'on pourra venir montrer son affection au pape. Il a aussi dit que le pape déménagera dans un monastère cloîtré au sein du Vatican qui est actuellement en cours de rénovation.

- Selon les règles régissant le conclave, celui-ci doit être réuni dans les 15 à 20 jours après la vacance du siège. C'est le cas lors du décès d'un pape. Elles ne précisent pas explicitement si les mêmes règles s'appliquent dans le cas d'une renonciation. Voici le cadre de gouvernement de l'Eglise pendant une période où le siège est vacant [en espagnol].

Le blog Tan antigua y tan nueva fait une analyse brève [en espagnol] du pontificat de Benoît XVI :

Pour un homme peu habitué aux feux de la rampe, son pontificat a été ouvert à la qociété médiatique internationale. Il a nommé un homme fort, le Cardinal Bertone, qui a subi des attaques incessantes en tous genres venant du sein de l'Eglise, comme le pitoyable Viganó, qui, au final, a impunément réussi à dépeindre la misère intérieure de l'Eglise… La démission du Pape représente un triomphe pour ses ennemis. Nous n'allons pas juger le Pape. Il est aussi concevable que le Pape ne veuille pas que se répète l'image extrêmement pénible de Jean-Paul II dans ses derniers jours.o.

Au-delà de l'establishment ecclésiastique, les blogueurs, catholiques ou non, expriment aussi leurs points de vue sur la situation. Par exemple, Ginés J. Parra décrit [en espagnol], sur le blog Cosas Mías, ce qu'il espère du nouveau Pape :

Chaque fois qu'il y a la possibilité d'électio d'un nouveau Pape, on peut espérer que sera élu un homme progressiste ouvert à toutes les sensibilités de l'Eglise et que l'Eglise deviendra rapidement une Eglise proche de la réalité sociale des progrès continuels de notre monde et de la réalité actuelle de tous les chrétiens. Et qu'elle sera vraiment l'Eglise de et pour les pauvres et exclus de cette société. Ce sera alors une Eglise d'air nouveau, d'ouverture, qui permettra une liberté d'expression qui condamnera et mettra fin aux scandales comme la pédophilie ou ses relations avec les banques dans ces moments de crise.

Ángel Martín Tax écrit [en espagnol] sur le blog Noticias La Esfinge qu'il admire la décision :

C'est une morale importante. Quand on ne peut plus, il vaut mieux laisser place à quelqu'un qui peut accomplir la tâche avec énergie et force.

Mais il y a aussi ceux qui tiennent aux spéculations et théories du complot, tels que perlita_rosita/NAYADE, qui commente [en espagnol] sur son blog Desde el fondo de un espíritu libre :

Je crois que cet homme n'a pas abdiqué par choix, malgré toutes les excuses qui ont été inventées et que le Pape a présentées lui-même afin que personne ne soupçonne quoi que ce soit. Mon esprit suspicieux me dit qu'il y a là-dessous un complot ou quelque-chose de pas net.

Des réactions ont été immédiatement fusé au niveau international [en espagnol] et le sujet a rapidement fait tendance [en espagnol] sur Twitter, dans différentes langues et sous des mots-clés variés. En espagnol, parmi les plus populaires on trouve #elpapadimiteBenedicto XVI et même plus humoristiquement #NombresParaPapa en Colombie, #sielpapafueraperuano au Pérou et #RenuncioComoElPapa au Mexique.

Ce tweet sarcastique [en espagnol] figure parmi les plus populaires des milliers de tweets publiés. Il provient du groupe @Calle13Oficial et n'a pas été apprécié de tous :

@gladysgodines Quelle blague stupide. RT @Calle13Oficial Le Pape divorce de l'Eglise, mais c'est elle qui obtient la garde des enfants.

Au Pérou, @pedrovalleo met l'accent sur le fait qu'il s'agit d'un des plus grands scandales de l'Eglise Catholique contemporaine :

@PedroValleO Le calvaire de Benoît XVI : durant les trois dernières années, 1800 cas de pédophilie ont été rapportés au Vatican #RenunciadelPapa @ELTIEMPO

Le magazine Dedo Medio fait la remarque suivante et y associe un article explicatif :

@Dedomedio Ratzinger a fait la chasse aux pédophiles alors que Wojtyla les protégeait. Oui, vous ne vous emportez pas contre le bon Pape. http://fb.me/2KnVxwdPR

En Argentine, @parrillimarcelo fait une comparaison politique :

@parrillimarcelo En tant que dirigeant politique irréprochable, Benoît XVI ne peut donner plus, et il s'en va. Par contre, ici, il est impensable de quitter son poste volontairement.

En Colombie, Diego Camargo fait une autre comparaison, mais avec le Vénézuéla:

@elDiegoCamargo Le fait que le Pape renonce et pas Chavez, démontre qu'en Amérique Latine, les conditions de travail sont meilleures qu'en Europe…

Et depuis le Mexique, Roel Fuentes répond aussi d'un point de vue local :

@DRAKERS46 La foudre a frappé la Basilique Saint Pierre le jour où Benoît XVI a démissionné et au Mexique Pemex a explosé, et Enrique Peña Nieto continue http://rbb.cl/4e5h  @beto230

D'autres tweets sur le sujet peuvent être lus ici [en espagnol] sur Melty.es (relatif à la crise espagnole), ici sur Huffington Post [en espagnol], et sur des Storify de Diario LibreAntena 3 Noticias, La NaciónEl ColombianoTeleSur TVEl Universo20mEl TiempoEl Informador, ainsi que AristeguiOnLine [tous en espagnol], parmi d'autres.

Pour terminer, quelques réflexions [en espagnol] du blog OEHD:

Aujourd'hui, être Pape est un acte d'héroïsme (de ceux qui sont quotidiens dans mon pays et que personne ne remarque). Je me souviens nettement de l'histoire du premier Pape. Un certain… Pierre. Comment est-il mort ? Oui, sur une croix, crucifié de la même manière que son Maître, mais la tête en bas. Actuellement, Ratzinger est rejeté de manière similaire, crucifié par les médias, crucifié par l'opinion publique et crucifié par ses propres frères catholiques […]

Je vis dans un monde où il est amusant de se moquer du Pape, mais où se moquer d'un homosexuel constitue un péché mortel (qui est aussi qualifié de réactionnaire, intolérant, fasciste, extrémiste et nazi). Je vis dans un monde où l'hypocrisie nourrit nos âmes à tous, où on peut juger un homme de 85 ans qui recherche le meilleur pour l'institution qu'il représente, mais où on demande “De quel droit se permet-il de démissionner?” Bien sûr, puisque PERSONNE au monde ne démissionne de quoi que ce soit.

[…] Benoît XVI, merci beaucoup d'avoir démissionné.

Billet publié à l'origine sur le blog Globalizado [en espagnol].

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