Rio de Janeiro: Une colline sacrifiée aux Jeux du Stade

Cet article d'Andrea Dip, fait partie d'une édition spéciale #CopaPública de l'agence Pública, et a été publié le 10 avril 2012 sous le titre RJ: As Casas Vão Cair (Rio de Janeiro: Les maisons vont s'effondrer)

Sur le “morro” (la colline) de la Providence à Rio de Janeiro, la construction d'un téléphérique pour les touristes venant voir la Coupe du monde est un motif d'expulsion des habitants. Les maisons démolies sont indemnisées par une allocation sociale de 400 réais mais un grand nombre de familles ne trouvent pas à se reloger.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

La maison de Neusimar, travailleuse indépendante qui demeure avec sa  famille de 7 personnes sur le Morro de la Providence à Rio de Janeiro, est marquée du signe SMH (Service municipal du logement). Ceci veut dire qu'elle va être détruite. Toutes les maisons et immeubles voisins ont déjà été démolis. Les habitants ont déjà accepté l'allocation de 400 réais offerte par la Mairie de Rio.

Ce morro va accueillir le projet Porto Maravilha (port des merveilles), avec un téléphérique et un plan incliné pour les touristes qui viendront pour la coupe du monde en 2014 et pour les Olympiades de 2016 comme Pública l'a montré précédemment. Les habitants se sont donc vu infliger des déménagements forcés.

Neusimar résiste parce qu'elle ne veut pas quitter la maison ou sa mère est née, où elle  a grandi avec toute sa famille, pour aller vers un avenir incertain.

"Meus avós e meus pais brincaram aqui". Foto: Agência Pública

“Mes parents et mes grands parents ont joué ici”. Photo: Agência Pública

 

 

Où allons-nous trouver une maison à louer pour 400 réais? Qui va vouloir me louer une maison ? Je suis sans travail, ma mère est malade, nous sommes une grande famille. Nous ne restons pas par entêtement, mais nous ne voulons pas partir pour nous retrouver comme ces gens que l'on voit traîner dans la rue parce qu'il ne trouvent rien à louer.

Elle raconte que leur situation devient chaque jour plus compliquée.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

Tout est par terre autour de ma maison, les murs sont ébranlés, nous risquons même maintenant des effondrements.

Des histoires comme celle-là, on en raconte beaucoup sur la vidéo Morro de la Providence du collectif #Entre Sem Bater (entrez sans frapper), formé d'élèves de l'école populaire de Communication critique ( Espocc) : un projet de “l'observatoire des favellas” qui offre aux jeunes et aux adultes habitants de ces espaces populaires de Rio de Janeiro, un accès à des langues différentes, à des concepts et des techniques du domaine de la communication. Ce mini-documentaire était envisagé à l'origine comme un travail de fin d'études. Mais le collectif a grandi et les participants ont continué à faire des recherches, à se documenter sur les “déménagements” du Morro de la Providence et d'autres endroits.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

La vidéo montre en plus des “déménagements”, les préparatifs de la démolition de la salle de jeux du morro. On y faisait des championnats de football et les répétitions de l'école de samba de la communauté. Leo Lima est photographe et membre de “Entre sem bâter”, il raconte que peu de temps après la fin du film la salle a été abattue pour laisser place au chantier de construction de la tour du téléphérique.

Le blog #CopaPública est une expérience de journalisme citoyen qui montre  comment la population brésilienne locale est affectée par les préparatifs de la coupe de 2014 et comment elle s'organise pour ne pas être mise à l'écart.

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