Un journal népalais donne la parole aux minorités ethniques à Hong Kong

Cet article a été publié le 21 février 2013 en chinois par Feifei sur mediahk.net. Il a été traduit et republié avec la collaboration de Ronald Yick, qui y a inclus quelques explications, dans le cadre d'un accord de partage.

Selon le recensement de 2011 [pdf], approximativement 451 000 personnes issues de minorités ethniques vivent actuellement à Hong Kong, dont plus de 63 000 sont originaires de l'Asie du Sud (Inde, Népal et Pakistan). La plupart d'entre elles ne comprennent pas le chinois, qui est, avec l'anglais, la langue la plus pratiquée dans la ville. Sans radios ni chaînes de télévision, les minorités ethniques ont du mal à accéder aux informations locales et à se tenir au courant des questions d'actualité. De plus, les médias grand public et la société en générale leur prêtent peu d'attention.

Voix absentes de Hong Kong

Certaines minorités ethniques ont décidé d'avoir leurs propres médias, pour relayer les informations à leurs compatriotes et jeter un pont entre les différents groupes ethniques. La communauté népalaise est une des plus importantes à faire paraître ses propres publications. Il y a actuellement 3 journaux népalais à Hong Kong. L'un d'entre eux s'intitule Ethnic Voice. Publication hebdomadaire, il contient des reportages en népalais et en anglais, et a aussi une chaîne YouTube.  L'hebdomadaire organise également des ateliers afin d'encourager les Népalais à devenir des journalistes citoyens.

Pun Magar J. B., editor-in-chief of Ethnic Voices

Pun Magar J.B., rédacteur en chef de Ethnic Voice

J.B, éditeur en chef de Ethnic Voice a obtenu sa maîtrise en journalisme au Népal. Il a plusieurs années d'expérience dans la radio-télévision. Il y a un an, un ami l'a invité à Hong Kong pour lancer Ethnic Voice. Situé dans le quartier Jordan, le journal emploie des étudiant locaux à temps partiel pour la traduction. Le public ciblé est la population népalaise locale. Il est disponible, au prix de $5 HK ($0,64 US) dans plus d'une centaine d'épiceries gérées par des minorités ethniques. ” Les Népalais ne liront pas des informations gratuites. Ils préfèrent lire ce qu'ils achètent” explique J.B.

Un nombre important de Népalais étaient des Gurkhas ayant servi dans l'armée anglaise à Hong Kong avant son rattachement à la Chine. Les soldats et leurs familles habitaient dans les quartiers avoisinant la caserne, mais par la suite ils se sont dispersés dans d'autres quartiers.

Les médias indépendants, favorables au changement

J.B. est d'avis que les médias indépendants peuvent favoriser le changement social. Selon lui, instaurer le dialogue par le biais d'un journal est un moyen d'encourager la participation active des minorités ethniques dans la société. Ethnic Voice est rédigé principalement en népalais mais aussi en anglais. Lorsque l'information concerne de près les Népalais à Hong Kong, elle est rédigé en népalais. Les informations concernant les minorités ethniques et la politique locale sont rédigées en anglais. Cette stratégie permet d'encourager l'entente entre les différentes communautés.

Le tirage hebdomadaire du journal varie entre 1000 et 5000. Il a même attiré l'attention d'une société de bijouterie pour faire sa publicité. “La société trouve que ce que nous faisons est significatif, et voulait faire quelque chose pour la communauté. Quand je leur ai parlé de publicité, ils étaient tout de suite d'accord”  explique J.B. Le journal est largement apprécié par la communauté. Pendant notre entretien dans le quartier Jordan, de nombreuses personnes se sont arrêtées pour le saluer.

Grocery stores run by ethnic minorities are major distribution outlets for Ethnic Voices.

Les épiceries gérées par les minorités ethniques sont les principaux points de vente de Ethnic Voice

Les occasions pour le gouvernement de Hong Kong, la communauté chinoise locale et les minorités ethniques de communiquer face à face se présentent rarement. Ethnic Voice cherche à en être un facilitateur. Ainsi, par exemple, J.B  se fait un devoir de faire parvenir le journal aux partis politiques, ainsi qu'aux autres groupes ethniques. Il a même demandé aux bibliothèques publics de s'abonner au journal pour accroître le lectorat, mais sa démarche n'a pas abouti du fait d'une procédure administrative compliquée.

Préjugés courants contre les minorités ethniques

J.B.remarque que quand les médias locaux rapportent des informations à propos des pays de l'Asie du sud, l'information est souvent erronée du fait que les journalistes locaux ne comprennent pas suffisamment le contexte. Ainsi, les habitants de Hong Kong se forgent des opinions fausses voir franchement discriminatoires à l'encontre des Sud-Asiatiques. J.B se souvient qu'un journal local a un jour employé l'expression “conflit ethnique” en gros titre pour décrire une dispute entre deux personnes.

J.B. souligne que la plupart des Népalais à Hong Kong travaillent de longues heures pour joindre les deux bouts et que par conséquence ils manquent de conscience politique. Ils témoignent rarement d'un intérêt pour l'actualité ou les politiques publiques ni d'ailleurs pour les campagnes visant les droits des minorités. Le gouvernement a tendance à négliger les minorités ethniques tandis que que les minorités elles-mêmes n'ont pas la motivation de rentrer en contact avec la société. J.B. espère voir le gouvernement de Hong Kong fournir des services de soutien afin de faciliter l'intégration dans la société et réduire la discrimination. Il espère aussi voir les Sud-Asiatiques manifester leur solidarité et leur volonté de faire entendre leurs voix.

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