Vidéo : A São Paulo, la violence policière hors de contrôle

 

Mise à jour : ce post a été publié le 17 juin en portugais sur Global Voices Brésil, de très importantes manifestations se déroulent depuis au Brésil.

La cinquième manifestation contre l'augmentation du tarif dans les transports publics de 3,00 à 3,20 Reais (1,037 à 1,106 Euro) à São Paulo s'est déroulée lundi (le 17 juin). La quatrième qui avait eu lieu jeudi dernier (le 13 juin), avait rassemblé quelques 20 000 personnes des balles en caoutchouc, des grenades à blanc et des gaz lacrymogènes par la police.

Le syndicat des journalistes de São Paulo a divulgué une liste encore incomplète contenant les noms de 3 journalistes détenus et de 14 maltraités par la police. Parmi ceux-ci le reporter photographe Sérgio Silva, de l'agence Futura Press, qui court toujours le risque de perdre la vue à un œil et Giuliana Vallone de Folha de São Paulo qui a eu une hémorragie à un œil à cause d'un mauvais coup reçu. Giuliana raconte ce qui s'est passé sur Facebook:

Sur ce qui s'est passé: j'étais déjà sortie de la zone d'affrontements la plus chaude – dans le quartier de Consolação, où j'avais déjà été menacée par un policier parce que je filmais les actes de violences. Quand j'ai été touchée. J'étais dans la rue Augusta en compagnie de quelques manifestants. J'ai essayé d'aider une femme complètement perdue au milieu du chaos et je l'ai amenée dans un parking couvert. Les hommes du Bataillon de choc (NdT: rendu célèbre par un film il y a quelques années) étaient revenus aux camions qui les transportaient. J'ai été voir s'ils étaient bien partis quand ils sont à nouveau descendus. Je n'ai vu aucune manifestation de violence autour de moi, et ne me suis manifestée d'aucune manière contre les policiers, je portais la carte d'identification de la Folha (NdT: son journal, l'un des plus connus du pays) et je ne filmais même pas la scène. J'ai vu le policier nous regarder moi et mon collègue Leandro Machado et tirer. J'ai pris une balle dans la figure. Le médecin a dit que c'était probablement mes lunettes qui m'avait sauvé l’œil.

Polícia atira contra manifestantes em São Paulo. Foto de Raphael Tsavkko Garcia, sob licença CC

La police tirant sur les manifestants à São Paulo/ Photo: Raphael Tsavkko Garcia/Creative Commons 2.0

Des personnes qui filmaient les violences de la police depuis le septième étage d'un immeuble ont été atteintes par des grenades lancées par la police elle-même comme le montre la vidéo partagée par la chaîne olhetodos sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=zNmMvnDhG2U

Même après la manifestation, des personnes ont été brutalisées par des policiers juste parce qu'elles étaient assises dans un bar. L'utilisateur de Youtube Denis Giacobelis a posté une vidéo où l'on peut voir un groupe de manifestants chargés par la Police Militaire juste pour avoir lancé le slogan “Sem Violência” (“Sans Violence”) en chœur sur l'avenue Paulista (NdT: les “Champs-élysés” de Sao Paulo):

 

Etat et police contre les manifestants
Balas usadas pela polícia/Movimento Passe Livre

Les balles utilisées par la Police Militaire contre les manifestants à São Paulo /Rafael Ribeiro/Facebook

Le journaliste Rafael Bueno attire l'attention sur le fait que le type de munitions utilisées par la Police Militaire ne seraient pas approprié, sur sa page Facebook:

Une preuve de plus contre la comédie provoquée par la PM hier (NdT: jeudi dernie): les balles utilisées par la corporation pour réprimer la manifestation et intimider la presse. Sur la photo, deux exemples de munitions non mortelles mais anti émeute, de celles que le Ministère de la Sécurité Publique de São Paulo achète pour la PM. Celle de gauche est l'anti-émeute, conseillée pour les troubles à courte distance. Soit jusqu'à 5 mètres, idéal pour ce qui se passait alors puisqu'elles ne servent qu'à faire du bruit et elles n'ont qu'un indice de mortalité très bas…. Pourtant, la corporation a utilisé celle de droite, pour les tirs à longue distance. A moins de 50 mètres, elles disposent de la même énergie qu'une munition de 22 long rifle. Sur aucune des photos divulguées ou publiées les policiers ne se trouvent à moins de 50 mètres des manifestants, en visant de manière évidente les parties  vitales du corps justement. Dans de telles conditions, l'impact (tête, poitrine et trachée) peut tuer.

 

La vidéo ci-dessous publiée par la chaîne Senhor VeTudo sur Youtube montre un policier en train de casser une vitre de sa propre voiture de police pour accuser plus tard les manifestants de vandalisme :

Le journaliste Luiz Carlos Azenha en arrive même à comparer l'action de la police d'aujourd'hui avec celle du temps de la dictature militaire (1964-1985):

L'Etat ne peut pas torturer, faire preuve de violence et de barbarisme comme il l'a fait au temps de la dictature militaire.

Les jeunes peuvent agir de manière irresponsable. L'Etat, avec le monopole de la violence, non.

Malheureusement, hier (le 13 juin) nous avons pu voir l'Etat agir comme des jeunes irresponsables, lançant des grenades, maltraitant les journalistes et agissant de manière barbares avec les passants.

 

Tandis que le gouverneur de São Paulo, Geraldo Alckmin se contentait de défendre les actions violentes de la Police Militaire, le maire de la ville, Fernando Haddad, a soutenu fermement la police initialement avant de reculer et d'affirmer qu'il allait négocier avec les manifestants. Le professeur Gilberto Maringoni a critiqué la position du maire, en affirmant que celui-ci allait maintenir l'augmentation. l'ex-ministre des Droits de l'Homme, Paulo Vannuchi a comparé la violence contre les manifestants dans les rues de São Paulo à de la “torture”.

Beaucoup plus que 0,20 centimes
Um casal se abraça perto de uma das várias barricadas de lixo pegando fogo espalhadas pelo entorno da Avenida Paulista. Foto de Raphael Tsavkko Garcia, sob licença CC

Un couple s'embrasse à côté d'une des barricades en flammes de l'Avenue Paulista/ Photo: Raphael Tsavkko Garcia/ Creative Commons 2.0

Les manifestations organisées par le Mouvement Passe Livre (mouvement pour la gratuité des transports) ont non seulement pour objectif d'empêcher cette augmentation de 20 centimes mais aussi de discuter d'un nouveau projet pour la ville qui considère le droit d'aller et venir, la question de la mobilité urbaine et les alternatives à ce que l'on appelle encore le transport public.

La journaliste Mariana Vedder parle du sujet sur son blog :

L'Etat qui grignote petit à petit toute les libertés conquises de haute lutte, lavées dans le sang de tant de gens. Ce n'est pas 20 centimes, c'est votre liberté qui est en jeu. Luttez pour elle !

 

Le journaliste Eduardo Roberto a écrit dans la revue Vice à propos du désir de politique de la jeunesse paulistanan (NdT: de Sao Paulo capitale):

Ce qui est en jeu, en vérité, c'est la propre configuration sociale de cette São Paulo qui émerge des limbes d'une politique créé par des gestions apathiques et qui n'ont fait que si peu pour comprendre comment la ville se sentait. Ce à quoi ces manifestations aspirent, c'est à beaucoup plus qu'à l'annulation de ce réajustement du tarif des bus, ou à la gratuité des transports. La jeunesse veut goûter, avec le fer et le feu, à sa propre existence dans la São Paulo du futur.

1 commentaire

  • […] Voices, aux traductions des premiers billets qui parlaient des évènements qui ont commencé à Sao Paulo, il y a quelques semaines. Depuis le mouvement à pris de l’ampleur et, même ici, dans notre […]

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