Documentaire : Les voies tortueuses de l'exploitation minière au Brésil

[Tous les liens renvoient vers des pages en portugais, sauf mention contraire.]

A la veille du vote au Brésil concernant le nouveau Code minier du pays, un reportage produit par le collectif oeuvrant dans l'audiovisuel Mídia NINJA en partenariat avec le Comité national de défense des territoires affectés par l'exploitation minière a versé au débat le quotidien des communautés voisines.

“Enquanto o trem não passa” (En attendant le train) a été projeté au début d'une réunion publique qui s'est tenue le 5 décembre 2013 au Sénat brésilien, et le film a fait office de “support de discussion” à ce sujet. Le résumé du film sur Youtube est le suivant :

O objetivo da produção é alertar quem vive fora das áreas de atuação das mineradoras sobre o enorme impacto dessa atividade e o quanto o novo código proposto pelo Governo não traz salvaguardas sócio-ambientais, garantias ao meio ambiente e nem segurança aos quilombolas e povos indígenas.

L'objectif de la production est d'alerter ceux qui vivent en-dehors de la zone d'exploitations minières sur les importants effets de cette activité, et comment le nouveau Code proposé par le gouvernement n'apportera pas de protections socio-environnementales, de mesures pour protéger l'environnement, ni la sécurité pour les quilombolas [descendants d'esclaves africains] et les peuples autochtones.

Regardez la vidéo ci-dessous sous-titrée en anglais et en espagnol :

Au cours de la réunion, le sénateur João Capiberibe a annoncé que le vote portant sur le Code, prévu le 10 décembre, a été repoussé à 2014. D'après lui, l'objectif est d'accorder plus de temps pour que les modifications – avec les conséquences que l'exploitation représente pour l'environnement et les communautés – puissent être ajoutées au texte. Capiberibe déclarait :

Queremos uma legislação que contemple a todos. É claro que não vamos impedir a atividade econômica. Mas o que é inaceitável é que, em nome do desenvolvimento, se desrespeite direitos legítimos dessas comunidades.

Nous voulons une loi qui prenne en compte tout le monde. Il est évident que nous n'allons pas entraver l'activité économique. Mais ce qui est inacceptable c'est que, sous couvert de développement, les droits légitimes de ces communautés sont négligés.

Dans une lettre ouverte publiée en mars, la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) [anglais], l'un des mouvements partie prenante du Comité national de défense des territoires affectés par l'exploitation minière, prenait position :

A mineração em terras indígenas é outra grave preocupação suscitada pelo Projeto de Lei 1.610/96, tramitando no Congresso sem nenhuma interação com o Estatuto dos Povos Indígenas, que espera aprovação desde 1991. O Projeto de Lei 1.610/96 desrespeita totalmente a autonomia dos povos indígenas sobre seus territórios, assegurada pela Constituição Federal e pela Convenção 169 da Organização Internacional do Trabalho, da qual o Brasil é signatário. As mesmas ameaças recaem sobre comunidades quilombolas, populações tradicionais, pequenos agricultores e áreas de proteção ambiental.

L'exploitation dans les territoires autochtones est une profonde inquiétude supplémentaire suscitée par la proposition de loi 1.610/96, laquelle a été envoyée au Congrès sans aucune sorte d'interaction avec le Statut des peuples autochtones, qui attendait sa validation depuis 1991. Le proposition de loi 1.610/96 nie complètement l'autonomie des autochtones dans leurs propres territoires, pourtant garantie par la Constitution fédérale et la 169ème Convention de l'Organisation internationale du travail, dont le Brésil est signataire.

Une vérite qui dérange

Le Brésil a émergé des cartes modernes du monde comme une terre d'exploitation, et depuis les premières années de la colonisation il a considéré l'exploitation minière [anglais] comme étant sa première ressource économique. Actuellement, 4 % du minerai mondial est extrait du sol brésilien. En 2012, la production était estimée à 55 milliards de dollars américains, 900 % de plus que ce que le pays produisait dix ans auparavant. Le Plan national d'exploitation minière, qui examine les projets du secteur pour les 20 prochaines années, cherche à tripler la production du pays. 

Alors que la nouvelle loi trace son chemin législatif, les sociétés minières sont déjà prêtes à exploiter. Vale S.A. [français], seconde société minière la plus importante au monde et la principale société minière en activité dans le pays, a été récompensée par le Public Eye Awards [français] l'an dernier au titre de la pire société d'affaires du monde [anglais] à cause des conséquences de ses activités. De plus, quelques entreprises canadiennes sont déjà présentes dans le pays, comme par exemple l'une d'entre elles oeuvrant à la réouverture de Serra Pelada, dans l'Etat de Pará, pour extraire près de 40 tonnes d'or. Plus de 500 ans après l'arrivée des Portugais, l'exploitation minière continue d'être une plaie ouverte sur le sol Tupiniquim [autochtones du Brésil vivant dans les Territoires indigènes].

La photo d'illustration de cet article provient du compte Facebook de Mídia Ninja. L'album A mineração pra quem vê de perto (L'exploitation minière de près) inclut des photos de la production du reportage et de l'équipe qui s'est réunie pour enquêter et présenter ces histoires.

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