Pourquoi l'opposition boycotte les élections législatives au Bangladesh

Dhaka is packed with thousands of election posters

Dacca est couverte de milliers d'affiches de campagne des candidats aux 10èmes élections législatives du Bangladesh, le 5 janvier 2014. Photo de Naveed Ishtiyak © Copyright Demotix (28 Dec 2013)

Alors que le Bangladesh tient ses élections législatives le 5 janvier 2014, le parti au pouvoir et ses alliés sont déjà assurés de gagner plus de la moitié des sièges au Parlement. C'est la conséquence du boycott de l'opposition menée par le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP).

Mais pourquoi plus de 25 partis politiques boycottent-ils le scrutin ?

Dans les pays avec des démocraties consolidées, les partis de gouvernement n'abandonnent pas leurs fonctions en périodes électorales parce que tout le monde joue le jeu. Mais au Bangladesh, la tradition consiste à se méfier des responsables politiques et s'attendre à ce qu'ils abusent de leur pouvoir pour truquer les votes. C'est pourquoi la Constitution bangladaise a précédemment requis un gouvernement intermédiaire pour assurer le pouvoir au cours des élections. Cependant, en 2011, le Parlement a unilatéralement aboli ce système, permettant que les élections législatives puissent avoir lieu sous l'autorité de gouvernements élus ayant un parti pris.

Le BNP qui a mené l'opposition n'a cessé de demander un gouvernement intérimaire durant les périodes électorales depuis le vote du 15ème amendement de la Constitution. A l'inverse, le gouvernement a fait une contre-proposition pour établir un gouvernement intérimaire multi-partite avec à sa tête l'actuel Premier Ministre. L'opposition a refusé. Depuis, il y a eu une pléthore de protestations, dont une grève générale, des barricades, de l'agitations, de longues manifestations, etc.

Dr. Badiul Alam Majumdar, le rédacteur en chef de Suhshashoner Jonney Nagorik (Sujon), un club de réflexion de la société civile, a expliqué dans un entretien au Daily Kaler Kantha [bengali] pourquoi l'opposition n'est pas prête à faire des compromis :

বিরোধী দল মনে করে, এ রকম হলে তারা নির্বাচনে জিতবে না। তারা মনে করে, যদি নির্দলীয় সরকার নির্বাচনের সময় থাকে, তাহলে তারা ভোটে জিতবে। তারাও এখানে ছাড় দিতে চায় না, কারণ ছাড় দেওয়া মানেই ঝুঁকি নেওয়া। পরাজয়ের ঝুঁকি। বাংলাদেশের প্রেক্ষাপটে নির্বাচনে পরাজয়ের ঝুঁকি নেওয়ার কোনো অবকাশ নেই। এটাই হচ্ছে ক্ষমতার রাজনীতি।

L'opposition pense qu'elle ne gagnera pas l'élection si elle a lieu sous l'autorité du parti au pouvoir. Elle ne gagnera que si un gouvernement intérimaire neutre organise l'élection. Ils ne veulent pas être indulgents car ils savent que s'ils sont conciliants, ils sont plus exposés au risque. Le risque est de perdre l'élection. Il n'est pas envisageable pour les politiciens au Bangladesh d'accepter la défaite. C'est la politique du pouvoir.

Le 25 octobre, le jour où la Commission électorale a annoncé le calendrier des élections, l'opposition, menée par le BNP et le Jamaat-e-Islami bangladais, l'a immédiatement rejeté. Ils ont débuté leurs grèves illimitées et les opérations de barrages qui ont paralysé le pays.

Manifestations violentes

La contestation de la part des principaux partis d'opposition pour reporter les élections et établir un gouvernement intérimaire neutre a conduit à de violentes manifestations et la mort de 111 personnes [bengali] en un mois seulement.

Un rapport de l'organisation des droits de l'Homme Ain O Shalish Kendra (ASK) annonce que les violents affrontements politiques qui se sont produits en 2013 ont fait 507 morts, dont 15 membres de la police et deux du bataillon de garde-frontières, ainsi que 22.407 blessés (voir l’article de Global Voices).

Partha Sarathi Dey s'adresse sur Twitter au responsable de l'opposition :

C'est le dernier jour de l'année aujourd'hui. Nous vous en supplions pour la dernière fois Madame, abandonnez la voie de la violence… A l'exception de quelques extrémistes de Jamaat-Shibir, vous êtes seule. S'il vous plaît soyez attentive au développement de la nation.

Il y a eu de nombreuses tentatives au niveau international pour établir une médiation entre les partis en conflit. Le Secrétaire général de Nations unies Ban Ki Moon a envoyé une lettre à la fois au Premier Ministre et au chef de l'opposition les enjoignant à se rencontrer et trouver une solution. Il a aussi mandaté un envoyé spécial au Bangladesh. Plusieurs ambassadeurs et membres de la société civile ont essayé d'établir des contacts. Mais tous les efforts ont échoué en raison de l'attitude inflexible de chacun des responsables. C'est pourquoi le pays se dirige désormais vers des élections sans l'opposition.

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