“La marche des crayons rouges” exige la liberté de la presse en Malaisie

Journalists shouted 'Free The Media' and 'Free The Heat' during the 'Red Pencil' protest in Kuala Lumpur. Photo by Sam Ruslan, Copyright @Demotix (1/4/2014)

Journalistes criant  “Libérez les média” et “Libérez The Heat’ pendant la marche des “crayons rouges” à Kuala Lumpur. Photo de Sam Ruslan, Copyright @Demotix (4/1/2014)

[Liens en anglais] Des journalistes et activistes malaisiens se sont rassemblés et ont organisé une manifestation des “crayons rouges” début janvier en réaction à la décision du ministère de suspendre le magazine d'information hebdomadaire The Heat pour une période indéfinie. Les manifestants accusent les autorités de suspendre The Heat en représailles suite à la publication d'un article sur les habitudes de dépenses du Premier ministre et sa femme. 

Plus de 200 personnes se sont rassemblées pour manifester dans le centre de Kuala Lumpur, la capitale. Les participants appartiennent au Gerakan Media Marah (Geramm) ou au mouvement des médias en colère, une coalition libre de journalistes qui s'est constituée pour exiger une plus grande liberté de la presse dans le pays. 

Pendant la manifestation, des crayons rouges étaient cassés en deux pour symboliser la violence commise contre les média. Fathi Aris Omar, porte-parole de Geramm et éditeur du site d'information Malaysiakini, a expliqué en détail le sens du crayon rouge : 

Le crayon rouge représente les journalistes qui étaient blessés (dans le passé, par les autorités) et la culture du contrôle par les pouvoirs. 

Ecoutez le son lorsqu'il casse. C'est la souffrance des journalistes et des média lorsqu'i est “brisé”. 

Geramm a huit revendications au gouvernement. Outre le retrait de l'ordre de suspension contre The Heat, le réseau veut aussi desserrer les liens qui réglementent les médias dans le pays. Certaines des autres revendications sont : 

Abolir le permis de publication qui est rendu obligatoire par la loi sur la presse écrite et les publications de 1984 (PPPA). 
Autoriser les professionnels des médias à couvrir les événements officiels et laisser l'accès aux bâtiments publics pour recueillir l'information. 
Des excuses auprès des professionnels des médias pour chacune des violations de la liberté de la presse. 

La controversée loi PPPA était invoquée par le gouvernement lorsqu'il a interdit The Heat. Les journalistes et activistes malaisiens exigent la révocation de la loi qu'ils affirment institutionnaliser la censure des médias dans le pays. 

L'appel à la révision de la loi était soutenu par Christopher Leong, président du barreau malaisien :

C'est une loi archaïque qui n'a plus aucune pertinence dans une démocratie moderne. On a usé et abusé de cette loi pour influencer, maltraiter, intimider, menacer et punir la presse. Un tel contrôle législatif et gouvernemental de la presse, y compris les régimes d'autorisation, devrait cesser.

Red pencils were broken in half to symbolize media violence in Malaysia. Photo by Sam Ruslan, Copyright @Demotix (1/4/2014)

Les crayons rouges étaient cassés en deux pour symboliser la violence contre les médias en Malaisie. Photo de Sam Ruslan, Copyright @Demotix (4/1/2014)

Le célèbre activiste et fondateur du mouvement Bersih [propre] Ambiga Sreenavasan a suivi les manifestations et commenté l'importance politique du rassemblement : 

C'est l'une des premières fois que je vois des journalistes se rassembler pour mener ce combat très important. Je sais que vous ne vous battez pas uniquement pour les média en ligne, vous vous battez pour tous les journalistes. Pour moi, il s'agit de votre intégrité et votre amour-propre en tant que journaliste.

Ambiga a fondé le Bersih il y a quelques années pour faire avancer les réformes électorales. 

Cependant, le journaliste Eric Loo a critiqué les médias à large diffusion pour leur tolérance face à la censure dans le pays. Il demande aux cyber-citoyens malaisiens et aux média alternatifs de persister dans la recherche de la vérité : 

Refusons d'avaler leur interprétation des réalités politiques, leur version de l'Histoire. Il est temps de raconter nos propres histoires et diffuser en ligne ce que nous savons être vrai, des récits qui reflètent les réalités politiques actuelles au lieu de celles encadrées par les médias classiques.

La chaîne de télévision alternative KiniTV présente des reportages supplémentaires sur la marche des “crayons rouges”

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