Les opposants Algériens sous la menace de la répression policière

Il est devenu de plus en plus dangereux d’être un opposant en Algérie. Menaces de mort, campagne de dénigrement médiatique, intimidations, répressions policières, violation de la vie privée et pressions politiques, le régime Algérien multiplie depuis l’élection présidentielle du 17 avril dernier les chantages à l’égard de ces opposants qui se sont engagés contre le 4e mandat du président Algérien, Abdelaziz Bouteflika, âgé de 77 ans et dont l’état de santé s’est gravement détérioré.

Tout a commencé le 23 mars dernier, à savoir dés le début de la campagne électorale pour le scrutin présidentiel. Diffamation et répression policière ont durement été déployées à l’encontre de plusieurs mouvements contestataires et des cyber-activistes engagés en faveur d'élections démocratiques. Ces pratiques totalitaires ont perduré au-delà du 17 avril, la date de la tenue de l’élection présidentielle en Algérie, une élection qui a été caractérisée par une fraude massive pour accorder à Abdelaziz Bouteflika un 4e mandat successif après 15 ans de règne sans partages à la tête de l’Etat algérien.

Le Mouvement «Barakat !» (ça suffit), l’un des principaux mouvements de contestation pacifique, a été parmi les premières victimes de ces pratiques dictatoriales. Ces rassemblements réprimés, ses membres violemment bastonnés et interpellés à maintes reprises, le régime Algérien et ses relais médiatiques sont allés jusqu’à s’en prendre à toutes les figures symboliques de ce collectif citoyen en souillant leur vie privée. Et comme la répression policière et les arrestations arbitraires ne suffisent pas, toute une campagne de dénigrement médiatique a été orchestrée sur deux chaînes de télévisions acquises à la cause du régime algérien. Ennahar TV et Numidia News, deux chaînes de télévision récemment créées en Algérie et dont les capitaux sont détenus par des personnalités proches des décideurs politiques et militaires algériens, se sont lancés durant des jours entiers dans une propagande indigne. Tous les moyens ont été  utilisés pour humilier des jeunes opposants à travers des reportages mensongers diffusés en boucle sur ces deux télévisions.

Le mouvement Barakat manifestent  pendant les élections via Algerie focus - CC-license-NC-2.0

Le mouvement Barakat manifestent pendant les élections via Algerie focus – CC-license-NC-2.0

Dans ce reportage diffusé par la chaîne de télévision Numidia News, un média appartenant à un homme d'affaires proche d'Abdelaziz Bouteflika, le Président algérien, les membres du mouvement contestataire pacifique “Barakat!” sont accusés de trahison et traités d'ennemis de l'Algérie. Ils sont mêmes présentés comme des “terroristes” dangereux. 

Accusés de terrorisme, d’être des agents des services de renseignements occidentaux, «la main étrangère» comme aime le répéter l’Etat algérien, de dévergondages sexuels, de déviances et d’immoralité, les pires insultes et humiliations ont été diffusées dans ces reportages pour que les Algériens se désolidarisent avec ces opposants et les haïssent.

Et pour donner davantage de poids à cette propagande médiatique, les réseaux sociaux ont été investis par les structures des renseignements généraux et des services secrets algériens. Des dizaines et dizaines pages et groupes Facebook ont été créés et financés pour diffuser des informations personnelles, photos et coordonnées privées des ces opposants qui ont clamé leur désaccord avec le statut-quo et exprimé fortement leur rejet du 4e mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Intellectuels, journalistes, blogueurs, artistes, cyber-activistes, avocats, etc., toute personne qui a osé militer contre le diktat politique du régime algérien a été diffamée ou directement menacée de mort. Des pages comme Barakat Escroquerie, La Résistance Virtuelle Algérienne, La ligue nationale de défense de l’Algérie et d’autres encore publient à longueur de journée des publications où la vie privée de plusieurs opposants algériens est révélée dans les moindre détails. Les commentaires sont pour la plupart virulents, insultants et menaçants. Des appels au meurtre sont diffusés et partagés le plus normalement possible. Cela nous rappelle tristement les années 90 où une guerre civile a ravagé l’Algérie pendant une décennie. Une guerre durant laquelle les intellectuels et opposants ont été assassinés après la diffusion de leurs informations personnelles sur la place publique.

Face à ces menaces successives, de nombreux partisans du changement en Algérie commencent à paniquer et font part de leur indignation. Si certains recourent à la justice sans se faire des illusions, la justice algérienne n’est nullement indépendante et protège davantage les puissants que les faibles, d’autres décident disparaître de la scène politique pour mettre à l’abri leurs familles. D’autres encore demeurent mobilisés et poursuivent leur travail en ripostant fermement à ces menaces de mort. C’est dire enfin que les opposants Algériens sont certainement en danger de mort, mais ils n’abandonnent pas pour autant leur combat pour une Algérie démocratique, juste et libre. 

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