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44 000 enfants malgaches meurent chaque année par manque de soins, comment arrêter ce fléau ?

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Enfants Malgaches par Yves Picq - CC-BY-SA-3.0 [1]

Enfants Malgaches par Yves Picq – CC-BY-SA-3.0

44 000 enfants décédés chaque année à Madagascar (statistiques 2012). Ce nombre, calé au milieu d'un tableau de bilan de santé public [2], semble à priori anodin comme un chiffre parmi tant d'autres.

Il s'agit bien pourtant d'une tragédie sans nom répétée 44 000 fois pour des familles bien souvent sans recours. 44 000 enfants, c'est la population des moins de 5 ans de toute la région Alpes-de-Haute-Provence [3]. C'est ausi le 11 septembre, répété 15 fois.

Un bilan de la santé publique déplorable

En termes de santé publique, deux groupes sont particulièrement vulnérables à Madagascar: les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Voici quelques chiffres qui résument [4]  le bilan déplorable de la santé publique à Madagascar :

• Le taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans est de 72 pour 1000 naissances vivantes.
• 50 % des enfants moins de cinq ans ont des retards de croissance, une plus grande proportion que dans tout autre pays africain.

Le second groupe le plus vulnérable  – les femmes enceintes – est aussi une population avec un besoin important en termes de soutien sanitaire. Le taux de mortalité maternelle est estimée à environ 498 par 100 000 naissances vivantes et les causes de mortalité sont multiples [5] :

• l’accès limité à un personnel qualifié pour l’accouchement ;
• une mauvaise qualité des soins anténatals ;
• un manque de services de soins obstétriques d’urgence ;
• un suivi postnatal médiocre ;
• un besoin non satisfait élevé en contraception. Deux femmes sur trois n’accouchent pas dans un centre de santé, et le taux d’accouchements assistés a diminué de 51 % à 44 % dans les cinq dernières années.

Dans la vidéo suivante, l'UNICEF dresse un portrait des actions qui sont à mener rapidement pour réduire la mortalité infantile, comme la vaccination et le suivi nutritif des nouveaux nés [en]:

Quelles mesures peut on prendre ? 

Les initiatives ne manquent pourtant pas pour pallier aux besoins urgents des enfants en bas âges. A Toliara (Sud de Madagascar), un projet de cantine scolaire aide à combattre les problèmes de malnutrition chronique. L'association les enfants du soleil accueille et scolarise les enfants des rues et de familles démunies. Les enfants bénéficient également d’un repas chaque midi, à la cantine scolaire :

D'autres programmes s'attaquent à des problématiques plus ciblées, comme la drépanocytose ou le paludisme. L'association Lutte contre la Drépanocytose à Madagascar – France [6] (LCDMF) afin de mieux sensibiliser à cette maladie génétique qui touche 2% de la population malgache :

Dans une lettre ouverte au Premier Ministre Malgache Kolo Roger, l'association LCDMF dresse un portrait de l'importance de traiter ce problème, surtout dans les régions enclavées [7] ne bénéficiant pas de structures de santé de pointe :

Ce problème crucial de santé publique qui affecte de manière dramatique les plus nécessiteux dans une région avec près de 20% de prévalence où un enfant sur cinq souffrant d’un syndrome drépanocytaire majeur est susceptible de ne pas survivre au-delà de l’âge de 5 ans, ne peut plus souffrir de demi-mesures. Il illustre à lui seul, parce qu’il s’agit d’une maladie transversale intéressant toute les spécialités médicales, l’exigence d’une prise en compte urgente de votre part de ces logiques de santé de proximité.

Les interventions en santé maternelle apparaissent aussi particulièrement importantes en raison de la croissance démographique rapide à Madagascar. Ainsi, une femme mariée sur cinq désirant espacer ou limiter les naissances ne dispose d’aucun accès aux services de planification familiale (19 %) et le taux d’avortement est estimé à 1 pour 10 naissances vivantes. 

En dépit des efforts fournis, Madagascar fait face à un certain nombre de défaillances qui entravent l’amélioration des indicateurs de santé. Les résultats sanitaires médiocres et inégaux trouvent leur origine dans les disparités en termes de revenu des ménages et d’accessibilité physique aux services de santé. Ansi une personne sur quatre (23 %) ayant souffert d’une maladie n’a pas cherché à se faire soigner dans un centre de santé parce qu’elle ne pouvait pas payer les dépenses. La disponibilité des médicaments est aussi  un vrai problème car les défaillances systématiques dans la gestion et le suivi de stock de médicaments ainsi que les logistiques de distribution perturbent la bonne distribution des médicaments. Ainsi les riches utilisent les services de santé quatre fois plus que les pauvres: 40,9 % des dépenses totales du secteur ont été utilisées par le quintile le plus riche, tandis que 10,1 % l’ont été par le quintile le plus pauvre.

Les recommandations des experts sont unanimes, il est urgent d'agir.  Les priorités dans le secteur de la santé [4] devraient être de :