5 lieux où la Coupe du monde de football au Brésil a été accueillie par des manifestations

Protests throughout the country during the first World Cup day asked FIFA to go home.

Des manifestations ont eu lieu dans tout le pays lors de la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde de football. Photo: Mídia Independente/Facebook

Alors que l'équipe nationale brésilienne s'échauffait à São Paulo pour le premier match de la Coupe du monde, la plus chère de l'histoire du football, dans les rues à l'extérieur de l'Arena Corinthians et dans tout le pays, des foules s'étaient rassemblés pour manifester contre la FIFA et le gouvernement brésilien.

La scène rappelle les manifestations qui ont eu lieu l'année dernière lors de la Coupe des confédérations organisée également au Brésil. Dans toutes les villes, qu'elles soient hôtes ou pas comme Belém dans le nord du pays, des gens ont défilé pour dénoncer le lourd investissement en argent public pour les préparatifs de la Coupe du monde, qui n'est pas allé aux secteurs en ayant le plus besoin comme l'éducation ou la santé publique. D'après le gouvernement brésilien, 25 milliards de reais (11 milliards de dollars US) ont été dépensés pour l'évènement.  

Pour les manifestants, la violence dont la police militaire peut faire preuve a été une réelle source d'inquiétude. Cette crainte est loin d'être infondée depuis qu'une vague de protestations anti-gouvernementales, surnommée la Révolte du Vinaigre,a secoué tout le pays en 2013 et s'est vue stoppée par une répression sévère. À São Paulo, un groupe de 40 volontaires bien entraînés a annoncé qu'il enregistrerait et cataloguerait tout incident impliquant des actes de violence de la part de la police.

Les manifestations du 12 juin 2014 ont suivi cette tendance. Plusieurs personnes, y compris des journalistes, ont été blessées lors de confrontations avec la police. Voici les cinq manifestations les plus importantes : 

An indigenous teen managed to fool FIFA to protest during the opening ceremony.

Cette photo d'un jeune indigène protestant durant la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde a largement circulé sur les réseaux sociaux.  

1. SÃO PAULO | Quatre journalistes blessés dans la rue, et un jeune indien manifeste dans un stade.

Le lieu où les affrontements entre la police et les manifestants ont été particulièrement violents, se trouvait à São Paulo. Quatre journalistes, dont deux reporters de CNN, ont été blessés.

Malgré toutes les procédures de sécurité au stade d'Itaquerão pour dissuader les spectateurs d'apporter des banderoles de manifestation, un jeune des tribus indigènes a réussi à protester durant quelques minutes sur le terrain lors de l'ouverture de la cérémonie. Lui et deux adolescents, dont l'un était de descendance africaine et l'autre d'origine européenne, se sont invités pour rappeler l'héritage culturel du Brésil. 

Pour les spectateurs devant leur écran de télévision, ces jeunes garçons ne faisaient que saluer la foule en quittant le terrain – et c'est tout. Mais ceux qui étaient dans le stade ont tous pu voir la banderole rouge sur laquelle était écrit : “Demarcação” (Démarcation), véritable plaidoyer public pour la démarcation des terres des peuples indigènes. Les photos de cette brève manifestation ont été largement partagées sur les réseaux sociaux.

2. PORTO ALEGRE | 15 personnes arrêtées pour avoir manifesté et un photographe blessé par une grenade assourdissante lancée par un policier.

Dans la partie sud de Porto Alegre, le groupe Bloco de Luta pelo Transporte Público (Lutte pour Bloquer les Transports Publics) a organisé des manifestations rassemblant entre 300 et 1000 personnes. La manifestation a commencé en fin de matinée et s'est terminée quand la police militaire locale l'a dispersée en lançant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes sur la foule. Un photographe qui était en train de couvrir cette manifestation, a reçu l'une de ces grenades.

Les membres de Black Bloc, un groupe de militants anarchistes, ont été durement critiqués pour avoir brisé les façades vitrées des banques et vandalisé d'autres locaux commerciaux lors de ces manifestations.

3. RIO DE JANEIRO | Dix mille personnes manifestent durant un carnaval, mais la police gâche la fête.

A Rio, la manifestation a rassemblé près de 10 000 personnes en ville. Elle a commencé pacifiquement avec des manifestants jouant les musiques du carnaval, comme le démontre une vidéo sur YouTube :

Mais d'après le collectif Mídia Indepedentedent (Média Indépendant), la police a délibérément exacerbé la tension entre les forces de l'ordre et les manifestants en bousculant les gens tout en jouant de la matraque. La violence a éclaté quand le groupe a atteint le monumental aqueduc dans le quartier historique de Lapa. Au moins deux journalistes indépendants du Collective Mariachi auraient été frappés par la police et arrêtés pour avoir jeté des ordures dans la rue.

A la fin de la manifestation, 14 personnes étaient arrêtées et 3 autres blessées.

4. BELO HORIZONTE | Une journaliste indépendante arrêtée et selon elle  torturée par cinq  policiers

Alors que des centaines de personnes se rassemblaient pour une manifestation à Belo Horizonte, un photographe brésilien accrédité par l'agence Reuters recevait en pleine tête des pierres jetées à la fois par les manifestants et les forces de police.

Karinny de Magalhães, journaliste indépendante pour le collectif NINJA, a été arrêtée et apparemment torturée par cinq officiers de police. Durant son témoignage, elle a déclaré avoir entendu les officiers désigner les manifestants comme “le cancer du monde” et qu'ils “devaient tous mourir”. Pour elle, l'usage de la force par la police démontre qu'elle est désemparée face aux civils.

5. FORTALEZA | Un agent en civil des services de sécurité privés confisque l'appareil photo d'un journaliste indépendant lors d'une manifestation devant la FIFA fan fest.

Nigéria, un collectif de journalistes indépendants, a couvert la manifestation à Fortaleza. Ils rapportent que des adultes, des jeunes et des enfants issus des mouvements sociaux, des groupes de défense du logement et des groupes anti-capitalistes se sont rassemblés devant la Náutico Beach, un lieu bien connu pour ses hôtels de luxe et ses copropriétés destinées à l'élite.

Ils ont été suivis de près par une douzaine d'officiers spécialisés de la police militaire alors qu'ils marchaient le long des bâtiments pour atteindre l’Iracema Beach, où se trouvaient des centaines de spectateurs réunis à l'occasion de la FIFA fan fest  locale. Les manifestants poussaient des cris de ralliements, critiquaient les actions “exploitantes” de la FIFA et appelaient à la démilitarisation de la police.

Ici, un groupe a brûlé un Fuleco, la mascotte officielle de la Coupe du monde. A un moment donné, la police a affronté quelques manifestants et a eu recours à des Taisers pour les maîtriser. Les agents de la sécurité privés de la FIFA sont intervenus. Un des journalistes du groupe Nigéria s'est vu son appareil photo abîmé et confisqué par un officier en civil, qui l'a ensuite jeté. Un autre officier de sécurité a empêché le journaliste d'essayer de le récupérer.

Le collectif a publié les photos de cette confrontation en y ajoutant les tentatives manquées pour récupérer l'appareil photo :

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