Quel est le point commun entre les Coupes du monde en Amérique Latine?

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L'Allemagne, championne du monde de la Coupe du Brésil 2014, après la finale au stade de Maracaná. Image de Flickr de himanisdas (CC BY-SA 2.0).

La réponse tient en deux mots : mécontentement social. La plupart des médias traditionnels a montré une image incomplète de la crise attendue dans le pays amphitrion de la dernière coupe du monde. Au Brésil, où le football est si enraciné, le contexte social était loin d'être festif pour les Brésiliens qui se sont indignés des coûts d'organisation trop élevés et du mépris envers les grandes questions sociales du géant sudamericain. Le mécontentement  s'est généralisé et s'est refleté dans les manifestations, grèves et protestations. Antonio Jiménez Barca écrit dans son article “Les mouvements sociaux mettent en alerte le Brésil à la vieille de la Coupe du monde” que le mécontentement citoyen n'est pas spécifiquement dirigé contre le championnat mais contre le fait que celui-ci ait volé la priorité aux questions sociales, jugées plus primordiales et urgentes.

Moi, Monsieur, je ne suis pas contre la Coupe du monde. Mais contre l'argent gaspillé dans celle-ci qui aurait pu être dépensé dans d'autres choses, comme la santé, l'éducation et le transport.

Dans “Le côté obscur de la Coupe du monde”, du site du magazine Argentin “Veintitrés”, on assurait en mai dernier que le comité organisateur brésilien dépenserait environ 12 milliard de dollars, l'investissement le plus coûteux dans toute l'histoire de la compétition.

Jamais autant d'argent avait été dépensé auparavant dans la construction des stades qui hébérgeront les rencontres de la Coupe du monde [..] Le Brésil sera le centre du monde pendant 30 jours. La Coupe du monde est en marche et les sensations changeront, peut-être, selon les résultats.

Les manifestations se sont trés fortement faites entendre et ont augmenté avec la progression du mécontentement social. Les plus signaficatives ont eu lieu dans les villes importantes comme Rio, Sao Paulo et Recife. Comme le signale un article du 21 de junio de 2013, “Brésil vit sa plus grande manifestation malgré l'annulation de la hausse des tarifs dans les transports”:

Contrairement au lundi (17 juin 2013), où dans toutes les manifestations, une réclamation précise et concrête dans la bouche de la majorité se faisait entendre, cette fois, il n'y a pas eu d'élèment unificateur, de cantique primant sur tous les autres. La corruption, l'excés des dépenses pour la coupe du monde, l'éducation, la santé… Toutes ces questions se sont refletées dans les pancartes et slogans des manifestants. Mais aucune n'a dominé.

La situation a semblé se calmer une fois la coupe du monde commencée : la réussite sportive de la sélection brésilienne a maintenu en marge les conflits temporaires. Jusqu'à son humilliante élémination dans le parti contre l'Allemagne le 8 juillet. Les usagers de Twitter ont utilisé le hashtag #BrasilEliminado (Brésil éliminé) pour exprimer leur opinion, comme le citoyen brésilien Marcio Pinto Santos (@FaniiCinho) qui a partagé un article de Globo.com informant de l'incendie et du saccage de 20 omnibus à Sao Paulo après la défaite:

Que commencent les manifestations…

D'autres sudamericains partageaient cette vision, comme le Vénézuelien David Cedeño:

Avec un peu d'humour noir, le brésilien Rafael Custodio (@espiaaqui):

On a dit que la coupe était vendue, mais je crois que le chèque de Dilma était un chèque en bois.

Le journaliste péruvien Pedro Canelo, sur son blog “Avenida Brasil”,  a publié le 11 juillet “Comment se passe la journée dans un Brésil éliminé de la coupe du monde?”, où il expliquait que la ville de Río de Janeiro est passé de l'ambiance de carnaval à celle d'une ville blessée dans son amour propre, car la défaite a changé de l'état d'esprit d'un pays entier, et remarque que au moins à Rio :

Il n'y a pas d'excès, ni de manifestations, seulement de la tristesse et de la nostalgie au Brésil. Il faut faire attention pourtant, marcher avec prudence dans les rues illuminées et protégées, et il ne faut pas sortir sans nécessité la nuit. Un supporter brésilien un peu émeché peut mal réagir à une simple réplique. Le pays le plus joyeux du monde nous dit tristement au revoir.

Il faut cependant être juste avec le Brésil et avec cette dernière édition de la grande fête du football, les coupes du monde ont tendance, historiquement, à génerer des mouvements sociaux en Amérique latine : nous verrons cela dans la deuxième partie de ce billet. 

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