Zambie : Le Président Michael Sata est-il en train de travailler dans les coulisses ou bien est-il malade ?

Arrêt sur une image du Président Michael Sata au cours d'une de ses dernières apparitions publiques. Image utilisée avec la permission du site Zambian Watchdog.

Arrêt sur une image du Président Michael Sata au cours d'une de ses dernières apparitions publiques. Image utilisée avec la permission du site Zambian Watchdog.

Il a manqué ce qui pourrait être présenté comme l'événement diplomatique le plus important impliquant les dirigeants africains en 2014: le sommet États-Unis-Afrique [fr] au cours duquel le Président Obama a accueilli plus de 40 chefs d'état africains. Il a également ignoré une tout aussi importante rencontre au sommet des chefs d'Etat des 15 pays membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) [fr] qui s'est tenue dans la ville de Victoria Falls au Zimbabwe, à la frontière avec la Zambie.

Sur la scène locale, le président Michael Sata de la Zambie a ignoré ce qui est devenu une tradition – le Président en exercice recevant les élus et des membres de la base de son parti pour faire campagne pour son candidat à une élection. Cela a été récemment organisé pour une élection dans la circonscription de Mangango, en Province de l'Ouest, que son parti, le Front patriotique (PF) a remportée.

La question au centre des débats concerne la santé de ce vétéran de la politique, dont les médias en ligne tels que Zambia Watchdog débattent depuis quelque temps. M. Sata, le président de la Zambie élu en septembre 2011, aurait été déjà malade, au vu de certains des comportements erratiques qu'il a eus de temps en temps. Le gouvernement n'a, cependant, pas reconnu le mauvais état de santé de M. Sata.

Tous les yeux sont tournés maintenant vers ​​le prochain grand événement politique national : l'ouverture officielle de la prochaine session du parlement, au courant de septembre. La nation va voir s'il va, selon la tradition, ouvrir l'auguste assemblée avec la cérémonie épuisante qui l'accompagne.

Le Président Sata a été vu la dernière fois en public à la mi-mai, quand il a accueilli le vice-président chinois M. Li Yuanchao. Son regard semblait hagard et il était maquillé.

La pire catastrophe en matière de relations publiques a été quand il a prêté serment devant le procureur général avec des images de télévision en sourdine confirmant à la nation les soupçons que celui que l'on appelait affectueusement “l'homme d'action”, n'était pas lui-même.

Plus tard, il est devenu clair pourquoi les images de la télévision lors de la cérémonie de prestation de serment avaient été coupées. Le président fait habituellement une déclaration de politique lors des cérémonies de prestation de serment. On a utilisé les images de la cérémonie de prestation de serment précédente devant le procureur général, dans une autre position afin de “montrer” son apparition publique, d'où la scène muette lors de la prestation de serment.

Au mois de juin, lorsque M. Sata a été évacué en Israël, de hauts fonctionnaires avaient déclaré à la nation qu'il y allait pour un séjour de travail et qu'il devait rencontrer le Président israélien Shimon Perez, jusqu'à ce qu'un journal israélien révèle qu'il avait été admis à l'hôpital.

Il y a, cependant, de plus en plus de voix demandant au gouvernement zambien d'invoquer l'article 36 de la Constitution pour constituer une commission médicale afin de déterminer l'aptitude de M. Sata à continuer à exercer ses fonctions de chef de l'Etat. Rappelant au Cabinet sa mission, l'homme politique et écrivain Alfred AK Ndhlovu (aucune relation avec l'auteur), a écrit :

Nous sommes une démocratie et les lois doivent être utilisées dans la gestion des affaires publiques. Le Président Sata ne doit pas être traité comme un malade condamné à une mort imminente. Dans notre démocratie, un président doit être aussi en pleine forme pour gouverner le pays. Lorsque le Président Sata est apparu en public à l'occasion de la Fête du travail, il avait l'air visiblement amaigri et faible ! Les anciens présidents Kaunda et Banda qui étaient présents avaient l'air en meilleure santé et forme. Pourquoi les collaborateurs du président Stata doivent prétendre qu'il se porte bien, qu'il est en bonne santé et capable de travailler. Vous pouvez cacher la maladie, mais la mort sera certainement connue. Comment vont-ils expliquer cette éventualité !

Cet auteur, qui s'était exprimé auparavant sur ​​le site web Zambia News Features en citant l'article 36, avait écrit:

Sans vouloir faire aucun mauvais présage sur le Président Sata, la préoccupation de tous les zambiens est de savoir si l'homme est physiquement ou mentalement incapable de remplir les fonctions de chef de l'Etat; c'est important que la nation soit informée. Mais, plus important encore, la constitution fournit à l'article 36 le processus à suivre dans ces circonstances.

L'analyste politique Brian Chisengalumbwe, dans un article publié sur le quotidien Lusaka Times, a estimé que le cabinet agissait illégalement, sans la supervision efficace du président, indiquant:

Les ministres agissent, donc, en VIOLATION de la CONSTITUTION ZAMBIENNE ; il est illégal tant pour les ministres que pour le vice Président de conduire les affaires du pays sans supervision effective du Président. Le gouvernement c'est le président, sans le président, il n'y a pas de gouvernement. Il est le seul  élu et mandaté par le peuple zambien pour présider aux affaires de la nation. Il choisit les ministres pour l'aider dans l'exercice de ses fonctions. S'il n'est pas en mesure de s'acquitter de ses fonctions présidentielles, les ministres ne peuvent pas continuer à exercer des fonctions ministérielles et gouvernementales ; la constitution OBLIGE les membres du cabinet à constituer une commission médicale.

Un leader de l'opposition, Nason Msoni, s'en prend à la première dame Mme Christine Kaseba qui, lors d'une visite récente dans une zone rurale de la Zambie, a déclaré que son mari travaillait tranquillement pour le progrès de la nation :

Mme Kaseba devrait arrêter simplement  de jouer avec l'intelligence des Zambiens. Nous méritons mieux que cela ; qu'est-ce qu'elle essaie de nous imposer? Si elle continue à faire de telles déclarations, nous ne ferons pas de distinction entre elle et son mari, nous l'attaquerons parce que le gouvernement s'est effondré en raison de sa paralysie et les victimes ultimes sont les pauvres zambiens qui subissent le poids de l'inaction du gouvernement […] Ce ne sont pas des questions négligeables, nous faisons abstraction de sa déclaration, mais nous conseillons à Madame Kaseba de s'en tenir à ce en quoi elle est compétente.

La question à poser est de savoir si le président Sata poursuivra son mandat pendant les deux dernières années qui lui restent, compte tenu du fait qu'il est devenu un reclus contrairement à l'homme extraverti aimant la publicité qu'il a été tout au long de sa carrière politique.

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