Quels sont les risques de contamination au virus Ebola à Madagascar et les structures sanitaires sont-elles réellement prêtes à l'affronter ?

Chauve souris à Madagascar - via wikipédia Public Domain

Chauve souris à Madagascar – via wikipédia Public Domain

La lutte contre l’épidémie Ebola s’impose de plus en plus comme une urgence internationale. Le nombre de victimes s’accroît rapidement dans les trois pays les plus touchés, en Afrique de l’Ouest : la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Les Nations Unies signalent que l'épidémie la plus grave de l'histoire de cette fièvre hémorragique a déjà tué plus de 2 400 personnes sur 4 784 cas (au 15/09). Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté une résolution – la 2177 – pour faire face à une crise sanitaire. Le 18 septembre, 131 pays ont adopté un texte reconnaissant “l’ampleur extraordinaire de l’épidémie d’Ebola en Afrique” et la création d’une mission spéciale, l'UNMEER (United Nations Mission for Ebola Emergency Response). Le président des Etats-Unis Barack Obama a annoncé l’ envoi de 3,000 soldats américains car il estime que la crise s'aggrave de manière exponentielle.

Les autres pays d'Afrique s’inquiètent de la possibilité que l’épidémie se propage aussi chez eux alors que leurs structures sanitaires ne sont pas prêtes à affronter cette épidémie. Une étude affirme que 15 pays d’Afrique sont potentiellement à risque car posant les mêmes caractéristiques sanitaires que les pays contaminés. C'est le cas de Madagascar qui a récemment vu un bateau provenant du Libéria et sus­pecté d’être porteur du virus Ebola débar­quer dans le port de Toamasina. Une réunion d’urgence a eu lieu à Antananarivo le 5 aout afin d'étudier de près les précautions à prendre.

Un pays comme le nôtre n’est pas à l’abri des risques, même si la zone d’expansion du virus est assez éloignée de nous

a déclaré à Philémon Tafangy, secrétaire général du ministère malgache de la Santé publique. Le Premier Ministre Kolo Roger affirme pourtant que le système sanitaire est préparé à faire face à une telle éventualité avec un plan de contingence en place :

Ce plan contient les scénarios et les dispositions nécessaires pour faire face notamment aux épidémies de fièvres hémorragiques virales telles que la maladie à virus Ebola. 

Chambre d' hôpital à Mandritsara, Madagascar - CC BY 2.0

Chambre d’ hôpital à Mandritsara, Madagascar – CC BY 2.0

 Il semble pourtant que les infrastructures sanitaires malgaches ne pourront faire faire face à une propagation brutale de la maladie. Le PM choisit d'ignorer les alertes scientifiques et s'en remet aux contrôles aéroportuaire, notant que l'espace sanitaire malgache est protégé par l'absence de vols directs en provenance des zones atteintes par le virus. Les scientifiques rappellent que le virus peut se propage de manière différente. En effet, une publication récente explique comment la maladie pourrait se propager du règne animal  à celui de l'homme: les chauves-souris frugivores peuvent transporter la maladie sans montrer aucun signe de celui-ci, et sont capables de migrer et de les transférer à d'autres animaux, par exemple les singes et les rongeurs. Les singes sont parfois être consommés comme viande de brousse. Alors que la consommation n'est pas nécessairement provoquer Ebola, la préparation de la viande crue infectée augmente le risque d'infection.

Léa Ratsiazo à Antananarivo met en doute la capacité réelle du pays à contrecarrer l'arrivée potentielle d'Ebola à Madagascar en se basant sur un évennement récent dans un hôpital de la capitale :

On ne demande qu’à le croire car quasiment au même moment où il fait cette déclaration à la presse, une équipe de chirurgiens étrangers oeuvrant dans l’humanitaire le contredit involontairement. Il s’agit d’une équipe composée de 11 chirurgiens qui réalisent des œuvres humanitaires à travers plusieurs pays du monde dont Madagascar. Ils réalisent gratuitement des interventions chirurgicales en faveur des patients qui en ont besoin dans les pays qu’ils visitent en partenariat avec les hôpitaux locaux. L’hôpital HJRA d’Antananarivo, qui est le plus grand centre hospitalier de Madagascar est choisi pour ce partenariat sauf que les responsables de HJRA ont oublié de communiqué au public l’évènement. Résultat : aucun patient n’est venu. Ils ont quand même pu avoir 2 patients de HJRA au lieu des 25 prévus quotidiennement. Agacés, ces chirurgiens ont précisé qu’ils ne sont pas venus pour passer ici des vacances mais pour aider les autres, le moindre des choses serait de communiquer et de sensibiliser le public, d’ailleurs ils ne comprennent pas du tout que les patients à opérer prennent en charge tous les médicaments et autres outils nécessaires pour l’intervention. Ils notent aussi d’ailleurs que le HJRA manque cruellement de matériels de base pour des interventions chirurgicales.

 Un plan de contigence existe donc mais il reste à voir si Madagascar a su mettre les moyens en place pour pouvoir l'appliquer.  

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