Au Bangladesh, en Inde et au Népal, des “villages climatiquement rationnels” préparent les agriculteurs pour l'avenir

56 years old Kamla Devi listens to messages of weather and best climate friendly crop practices on her mobile phone while working in the cowshed at her home in Anjanthalli. Image by Prashanth Vishwanathan. Used with permission.

Kamla Devi, 56 ans, écoute avec son téléphone portable des messages concernant la météo et les meilleures pratiques culturales sans incidence sur le climat tout en travaillant dans son étable dans le village d'Anjanthalli. Photo de Prashanth Vishwanathan. Avec sa permission.

Parmi les nombreuses initiatives présentées lors du Sommet 2014 des Nations unies sur les changements climatiques, le 23 septembre dernier, la Global Alliance for Climate-Smart Agriculture [Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat] s'est particulièrement démarquée. L’objectif de ce groupe constitué de 16 pays et 37 organisations est de permettre à 500 millions de cultivateurs à travers le monde de pratiquer une agriculture adaptée au changement climatique d'ici à 2030.

Que veut-on dire par agriculture intelligente face au climat ? L'idée est d'aider les agriculteurs à s'adapter aux changements climatiques tout en les désaccoutumant des techniques et technologies productrices de gaz à effet de serre. Le Groupe consultatif pour la recherche agricole (GCRAI) [CGIAR en anglais], un consortium international dédié à la recherche agricole et un membre fondateur de l'alliance des Nations unies, est déjà passé de la théorie à la pratique en mettant en place des “villages climatiquement rationnels” dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.

Dans le nord de l'Inde, les fermiers sont habitués aux conditions météorologiques très contrastées. C'est à l'approche de la saison des moussons, avec son apport régulier de pluies torrentielles, qu'ils travaillent leurs champs. Mais d'après le GCRAI, les scientifiques prédisent que les conditions de culture dans ce pays vont vraisemblablement devenir un réel défi, alternant brutalement entre périodes de pluies diluviennes et sécheresse sévère, en raison des effets des changements climatiques sur les phénomènes météorologiques.

Pour répondre aux défis agricoles nés de cette nouvelle donne, le Programme de recherche du GCRAI sur les Changements climatiques, l'agriculture et la sécurité alimentaire, en association avec le Centre international d'amélioration du maïs et du blé et des organisations partenaires, a présenté un portfolio sur les technologies et les pratiques de l'agriculture intelligente mises en œuvre dans leurs villages climatiquement rationnels.

Paramjeet Singh uses the “Green Seeker” to check the nutrient levels of his paddy fields in Uncha Samana. The device helps him decide the most appropriate dosage of nitrogen fertilizers (Urea) for his crops.

Paramjeet Singh utilise le “Green Seeker” pour vérifier les niveaux en éléments nutritifs de ses rizières dans l'Uncha Samana. L'appareil l'aide à décider du dosage le plus approprié de fertilisants azotés (urée) pour ses cultures. Photo de Prashanth Vishwanathan. Avec sa permission.

Les chercheurs, les coopératives agricoles, les organismes gouvernementaux et les partenaires du secteur privé travaillent ensemble dans ces villages pour identifier quelles technologies et pratiques agricoles peuvent améliorer la productivité et les revenus ainsi que renforcer la résilience face aux risques climatiques. L'agriculture climatiquement rationnelle reste cependant très localisée : les initiatives qui fonctionnent dans un endroit, peuvent s'avérer impossible à appliquer dans un autre.

En Inde, le projet est actuellement expérimenté dans les États d'Haryana, de Bihar et du Penjab. Le même modèle est également exploité à Khulna au Bangladesh et à Rupandehi au Népal. La vidéo ci-dessous explique l'idée qui a mené à la création de ces villages  :

http://youtu.be/aFG0iaMRl6Q

Le GCRAI indique qu'en Inde, dans les villages climatiquement rationnels, les agriculteurs ont déjà commencé à modifier leur manière d'utiliser leur téléphone portable, Internet et les appareils de mesure classiques pour s'adapter aux prémisses des changements climatiques. Un des aspects intéressants est que les agriculteurs parlent peu de ces changements ; au contraire, ils recourent eux-mêmes à des pratiques innovantes et alternatives. Un des exemples relevés par le GCRAI, est l'argent qu'ils économisent en utilisant de nouvelles méthodes de plantation pour le riz, lesquelles permettent de réduire la somme de travail et les besoins en eau tout en entraînant d'importantes économies de coûts.

Harpreet Singh checks the water level through a Tensiometer in his paddy fields in Birnaryna as a part of the Climate Smart Village (CSV) programme.  Image by Prasanth Viswanathan. Used with permission

Harpreet Singh vérifie le niveau d'eau au moyen d'un tensiomètre dans ses rizières à Birnaryna dans le cadre du programme du “Village climatiquement rationnel” [CSV en anglais]. Photo de Prasanth Viswanathan. Avec sa permission.

Dans le cadre de ce projet, les fermiers reçoivent deux fois par semaine, en hindi ou dans une autre langue locale, des messages vocaux et des SMS. Ces messages contiennent des bulletins météorologiques, des conseils, des informations sur les organismes nuisibles comme sur les remèdes, etc. Le groupe a évalué que l'année dernière, près de 1400 agriculteurs de 50 villages à Karnal et à Bihar ainsi que de 10 villages dans le Penjab ont bénéficié de ces messages.

Anjantheli, le premier village climatiquement rationnel à Haryana, où chaque personne a les prévisions météorologiques [#weather] au bout de ses doigts http://t.co/dSpBcwqnJY

— India Water Portal (@indiawater), le 9 septembre 2014

Les agriculteurs ont été encouragés à améliorer leur gestion des fertilisants en utilisant (entre autre) un tableau de couleur des feuilles :

27 year old Vinod Kumar (L) uses the Nutrient Expert computer programme to ascertain his farms nutrient needs being part of the Climate Smart Village programme in Anjanthalli. Image by Prashanth Vishwanathan. Used with permission.

Vinod Kumar (à gauche), 27 ans, utilise le programme informatique Nutrient Expert pour déterminer les besoins en nutriments de ses exploitations dans le cadre du programme “Village climatiquement rationnel” à Anjanthalli. Photo de Prashanth Vishwanathan. Avec sa permission.

Le Programme sur le changements climatiques, l'agriculture et la sécurité alimentaire [CCAFS en anglais] en Asie du Sud a également mis en place avec succès le programme d'assurance climatique dans le cadre de leur modèle de “village climatiquement rationnel” pour aider les fermiers à faire face aux pertes lors des mauvaises récoltes dues aux catastrophes naturelles.

Le succès de ces exemples en Inde a incité différents pays d'Asie du Sud et d'Afrique à implanter à l'identique le modèle de ces villages adaptés au climat. Le blog du GCRAI donne un large aperçu de ces nombreuses initiatives et des défis auxquels les villages climatiquement rationnels doivent répondre.

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