40 jours pour 40 sourires : une initiative caritative ougandaise s'appuie sur les médias sociaux

La fondatrice de 40 jour pour 40 sourires, Esther Kalenzi, tenant un bébé pendant la campagne #BeSanta. Photo utilisée avec sa permission.

La fondatrice de 40 jour pour 40 sourires, Esther Kalenzi, tenant un bébé pendant la campagne #BeSanta. Photo utilisée avec sa permission.

La fondation 40 jours pour 40 sourires (40 Days Over 40 Smiles Foundation) est une organisation caritative basée à Kampala, dirigée par des jeunes et visant à aider les enfants et les communautés vulnérables à accéder à l'autonomie à travers le soutien scolaire et l'appui dans la formation entrepreneuriale. L'organisation recourt aux médias sociaux comme plate-forme de sensibilisation et de solutions.

Le projet 40 jours pour 40 Smiles a débuté le 27 février 2012, quand Esther Kalenzi a ouvert une page Facebook et a ensuite demandé à ses amis de donner tout ce qu'ils pouvaient : la nourriture, vêtements, livres, jouets, argent et à se joindre à elle pendant le week-end de Pâques pour offrir ces articles et célébrer la fête avec les enfants dans deux orphelinats.

Le week-end de Pâques, ils ont visité deux orphelinats où ils ont joué avec les enfants, mangé, dansé et diverti. Ils ont créé plus de 40 Smiles.

J'ai récemment pris contact avec Esther Kalenzi pour parler de son initiative 40 jours pour 40 sourires.

Tumusiime Patrick (TP): Esther Kalenzi, qui êtes-vous ?

Esther Kalenzi (EK): Je suis une Ougandaise qui se passionne pour un changement positif au sein de sa communauté. J'utilise mes amis, mes compétences et les réseaux sociaux pour impliquer le plus grand nombre d'Ougandais, en particulier les jeunes, pour l'amélioration de la société où ils vivent.

TP: L'initiative 40 jours pour 40 sourires a attiré l'attention tant des médias locaux qu'internationaux. Dites-nous de quoi il s'agit et pourquoi le nom de “40 jours pour 40 sourires” ?

EK: C'est une confluence de l'énergie des jeunes qui utilisent des événements amusants et les médias sociaux pour recueillir des fonds pour soutenir des enfants vulnérables.

Il s'agit d'une organisation légalement enregistrée qui a tout simplement commencé comme un petit rêve que j'avais “d'être l'actrice du changement” que je voulais voir.

Le nom m'est venu en 2012 durant la période de carême (40 jours de jeûne) quand j'ai créé un groupe Facebook et invité mes amis et les membres de ma famille à donner du matériel pour ceux qui sont moins privilégiés et n'auraient pas pu célébrer Pâques. Par 40 sourires, j'entendais les 40 enfants ou plus que je voulais cibler. Ce week-end de Pâques, nous avons visité et distribué des articles à 150 enfants.

TP: L'an dernier, l'initiative 40 jours pour 40 sourires a été considérée comme la meilleure campagne de médias sociaux en Ouganda, en battant d'autres initiatives comme celles des compagnies MTN et Airtel qui sont des entreprises de télécommunications de premier plan en Ouganda. Comment avez-vous réussi cet exploit ?

EK: Comment avons-nous réussi l'exploit ? Je n'en ai aucune idée. Les gens nous ont choisis et nous avons gagné ! Je pense qu'une des choses qui nous ont favorisés, c'est que nous ne sommes pas une activité commerciale, nous sommes motivés uniquement par la volonté d'aider les autres. Nous avons investi notre temps, de l'énergie et des ressources sans relâche dans ce but. Nous ne pensions pas que nous pourrions battre ces marques, mais je suppose que nous avons fait quelque chose de bien.

TP: Il y a plusieurs façons de faire la collecte de fonds pour le caritatif, mais l'initiative 40 jours pour 40 sourires utilise principalement les médias sociaux pour recueillir des fonds. Pourquoi avez-vous choisi cette option ?

EK: Comme je l'ai déjà dit, l'organisation a commencé comme un groupe Facebook et ça a bien marché. J'ai pensé que nous devions continuer avec cette formule gagnante. En outre, elle est moins chère, proche de notre groupe cible qui est constitué de jeunes et c'est facilement accessible.

TP: De toutes les campagnes de médias sociaux que 40 jours pour 40 sourires a organisées pendant ces deux dernières années, laquelle a le mieux réussi et pourquoi ?

EK: C'est indéniablement #BuyABrick. Nous avons recueilli 8 millions de shillings ougandais (US $ 3024) en 10 jours en ligne pour construire un dortoir. L'équipe a fait un bon travail, nous avions un grand programme que nous avons exécuté et bien sûr le soutien de la blogosphère nous a comblés.

TP: Comment arrivez-vous à concilier vos activités de médias sociaux personnels et ceux pour l'initiative 40 jours pour 40 sourires ?

EK: Hmm, c'est une question délicate. Pour être honnête, les moments où je suis le plus active sur les médias sociaux sont quand je suis dans une intense mobilisation d'internautes pour une cause que j'ai à coeur ; que ce soit pour 40-40, la course contre le cancer ou autour de l'histoire d'une femme qui a réussi contre toute attente.

TP: Décrivez-nous un processus typique pour mener une campagne de médias sociaux, par exemple celle dénommée “Acheter une brique”.

EK: Pour la campagne  #BuyABrick (Acheter une brique), par exemple, nous devions penser à quelle est la plus petite composante d'un bâtiment. Bien sûr, il y a des choses plus petites qu'une brique, mais elle est plus facilement identifiable. Une fois que nous l'avons trouvé, nous avons choisi le hashtag, ensuite nous avons débattu de la façon de l'exécuter en utilisant les ressources disponibles.

Nous ne pouvons pas revendiquer la paternité de tout le succès, nous avons eu tellement de soutien auquel nous ne nous attendions pas.

TP: Pensez-vous que les Ougandais et les Africains, en général, considèrent les réseaux sociaux comme des outils majeurs pour créer une influence sociale positive?

EK: Oui ! Nous sommes la preuve vivante que cela fonctionne et doit continuer à fonctionner.

TP: Beaucoup de campagnes de médias sociaux n'ont pas réussi à dépasser un an. Comment l'initiative 40 jours pour 40 sourires a-t-elle pu survivre deux ans ?

EK: Pour être honnête, cela nous a bouleversés. Je crois fermement que l'équipe dévouée que j'ai et le fait que nous nous sommes passionnés par cette cause, nous aide. Nous n'avons pas cherché à gagner en popularité pour ensuite abandonner, nous serons encore ici, même si (à Dieu ne plaise), nous n'avions plus qu'un seul fidèle supporter.

 TP: Quels sont les principaux défis auxquels vous avez dû faire face dans l'utilisation des médias sociaux comme outil pour la collecte de fonds pour l'initiative 40 jours pour 40 sourires ?

EK: Sur les médias sociaux les gens ne sont pas toujours “sérieux”. Certaines personnes peuvent paraitre intéressées à aider, juste “pour faire du spectacle” parce qu'elles ont un public qu'elles cherchent à éblouir.

En outre, il y a la fatigue générale, parfois beaucoup de choses se passent et les gens n'y attachent pas beaucoup d'intérêt s'ils n'y voient un avantage personnel.

TP: Prévoyez-vous un élargissement de l'ampleur de la campagne 40 jours pour 40 sourires sur les médias sociaux au-delà des principales plates-formes que vous utilisez actuellement ?

EK: Oui, nous sommes déjà dans le processus. Nous sommes conscients de la nécessité constante de l'innovation et de la polyvalence. Nous voudrions atteindre autant de personnes que possible, mais avant tout, nous avons besoin qu'elles comprennent que ce n'est pas un projet sans lendemain ; c'est un choix de vie.

TP: Y a-t-il des gens que vous regardez comme source d'inspiration lorsque vous exécutez les activités de l'initiative de 40 jours pour 40 sourires ?

EK:  Il y a plusieurs leaders de notre temps ou avant notre génération qui n'ont cessé de suivre leurs rêves et qui ont réussi à obtenir du soutien, même s'il ne s'agissait pas de l'idée la plus populaire. Mahatma Gandhi et Nelson Mandela me viennent à l'esprit.

TP: Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient faire quelque chose de semblable à 40 jours pour 40 sourires ?

EK: Je voudrais bien qu'autant de gens que possible suivent leurs rêves, en particulier les jeunes. L'Ouganda est plein de positivité et nous avons besoin de maximiser la valorisation de notre population la plus jeune.

Ce ne doit pas nécessairement être ce que 40-40 est en train de faire, mais j'aimerais que nous inspirions des acteurs positifs et rêveurs que ce soit dans les arts, la musique ou autre chose. Ils ont simplement besoin d'être stimulés. Ça semble toujours impossible jusqu'à ce que ça devienne une réalité, si vous croyez en vous-même et persistez, vous verrez les résultats.

 

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