EDF et Areva ne sont pas des boulets, mais des moteurs de la transition énergétique

Le 1er octobre, des manifestants France nature environnement dénonçaient le poids des lobbies sur les parlementaires. Ils accusent Areva et EDF d’être les « boulets de la transition énergétique », faisant l’impasse sur leurs considérables investissements dans le domaine. Les énergies renouvelables n’étant pas encore matures, elles sont pour le moment encouragées à l’aide de tarifs garantis jusqu’à ce que, viable économiquement, elle soit prise en charge par des acteurs privés. Mais ils ne se bousculent pas au portillon. En attendant, la France a toujours besoin de ces grands groupes pour réaliser les investissements nécessaires à la recherche et au développement de ces énergies.

Jusqu’ici, les projets industriels d’énergie étaient source de nombreux risques. À commencer par les coûts des technologies utilisées. De très lourds investissements sont nécessaires notamment pour répondre aux coûts fixes. Dans le cas des  du secteur éolien par exemple, 75 % du coût de l’énergie éolienne provient des coûts fixes de l’installation. D’autant que ces technologies, non encore parvenues à maturité pour certaines, présente des risques de défaillances techniques plus élevés, ce qui menace directement la rentabilité de l’investissement.

À cela s’ajoute toute l’incertitude juridique qui a plané sur le secteur éolien jusqu’en juillet 2014 et qui empêchait les investisseurs et les banquiers d’avoir une véritable visibilité. Même aujourd’hui, alors qu’un nouvel arrêté tarifaire a finalement été publié au journal officiel, le lancement d’un projet industriel dans le secteur reste une aventure périlleuse dans laquelle il n’est pas facile de s’engager.

Les difficultés sont immenses. Le développement d’un projet dans le secteur des énergies renouvelables peut prendre 4 ou 5 ans et nécessiter 25 autorisations administratives préalables. C’est consciente de ce parcours du combattant que la société à capital risque « Oser », dédiée à la production d’énergie verte en Rhône-Alpes, s’est appuyée sur un financement public-privé en 2013. Soit 8 souscripteurs pour réussir à lever 9,5 millions d’euros. Mais il fallait bien ça pour avoir la capacité de faire émerger et structurer ces opérations, extrêmement complexes.

« Il est temps de simplifier la procédure administrative, de fixer rapidement une société sur la possibilité de développer ou non un projet, et ce, de manière sécurisée », affirme d’ailleurs à ce propos Arnaud Gossement, avocat spécialisé dans le domaine de l’énergie, à propos de l’éolien.

Si d’autres régions y pensent, de telles initiatives ne sont pas pléthores. En attendant, toutes les plus belles idées restent lettre morte et le secteur ne progresse pas. Dans ce contexte, le rôle des grands groupes, forts d’une trésorerie qui leur aménage une certaine zone financière de confort, est crucial dans le développement des énergies renouvelables.

Si les accusations des militants France nature environnement (FNE) qui manifestaient mercredi 1er octobre devant le Palais Bourbon à l’encontre de Total sont justifiées, il est inexact d’accuser EDF et Areva de « boulets de la transition énergétique ». Car sans eux, il serait bien difficile d’atteindre les objectifs ambitieux fixés par le Gouvernement dans le cadre de la loi sur la transition énergétique qui prévoit notamment d’augmenter à 32 % à l’horizon 2030 la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.

D’autant que la question du financement fait des sceptiques parmi les ONG, qui doutent que les crédits d’impôt, prêts et autres d’incitations fiscales suffisent à récolter les 10 milliards d’euros estimés par Ségolène Royal. Ils doutent même que 10 milliards suffisent tout court. À leurs yeux, ce sont 20 milliards qui sont nécessaires pour couvrir les besoins de la transition énergétique.

« Cela dit, nous sommes très conscients du fait que la transition énergétique ne peut être financée qu’avec une mobilisation massive des investissements privés », faisait valoir le député Vert Denis Baupin dans un entretien accordé à Novethic.

Alors quand, en février 2014, le groupe d’électricité français EDF profitait de résultats en forte hausse pour faire part de ses intentions d’investissements (14 milliards d’euros prévus en 2015), et quand l’on sait que l’un de ses axes prioritaires réside dans le développement des énergies renouvelables, prioritairement dans l’hydraulique, l’éolien et le solaire, difficile d’accréditer l’idée selon laquelle l’électricien serait un « boulet de la transition énergétique ».

« La bonne performance opérationnelle est marquée par une croissance soutenue des énergies renouvelables, de près de 23 % en France, qui se traduit par une augmentation de la production générale du groupe », avait également commenté Henri Proglio à cette occasion, le PDG ayant a cœur ce dossier depuis le début de son mandat.

Concrètement, nous pourrions citer les 1,4 GW d’éolien et de photovoltaïque que l’entreprise exploite en France, ainsi que les 3 parcs éoliens qu’il s’apprête à bâtir offshore, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Fécamp (Seine-Maritime). Nous pourrions également mentionner le fait qu’Areva soit le seul fabricant français d’éoliennes offshore en France. Nous pourrions rappeler que des milliers d’emplois leur sont attachés.

Ces grands groupes restent partie prenante de la transition énergétique. Sans eux, de telles ambitions ne seraient tout simplement pas envisageables. Nous avons besoin des acteurs privés pour une politique énergétique véritablement efficace.

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