Les Tunisiens votent aujourd'hui pour élire un parlement aux termes de leur nouvelle constitution. Les élections de cette année forment une des étapes finales de la transition démocratique de la Tunisie à la suite du renversement de l'ex-dictateur Zine el Abidine Ben Ali en janvier 2011.
Cette année, plus de 13.000 candidats sont en lice pour les 217 sièges de l'Assemblée des représentants du peuple avec un mandat de cinq ans. Concourrent des partis politiques, des alliances et des candidats indépendants.
La loi électorale tunisienne n'autorise pas les sondages d'opinion, mais on sait que les deux principaux rivaux de ces élections législatives sont le mouvement islamiste Ennahda, vainqueur de l'élection de 2011, et Nidaa Tounes, créé en 2012 et mené par Beji Caid Essebsi, 86 ans, qui a servi sous les régimes autoritaires précédents de Habib Bourguiba et Zine el-Abidin Ben Ali.
Le système de représentation proportionnelle en vigueur en Tunisie rend très improbable l'obtention de la majorité absolue par un seul parti. Les aliances post-électorales seront donc déterminantes pour les contours du futur gouvernement.
Les bureaux de vote ont ouvert à 7heures et fermeront à 18 heures. Plus de 5 millions d'électeurs inscrits sont susceptibles de voter.
Mark Green, directeur de l'Institut Républicain International qui a déployé une équipe d'observateurs du scrutin dans toute la Tunisie, a partagé cette photo d'un bureau de vote à Tunis :
Early voting strong in #TunisiaVotespic.twitter.com/EXXFftnvhV
— Mark Green (@AmbassadorGreen) October 26, 2014
On vote nombreux de bonne heure en Tunisie
La participation a varié d'un bureau à l'autre. Chafik Sarsar, président de la commission indépendante qui supervise les élections a dit la participation ‘encourageante’.
La journaliste indépendante Elodie Auffray, à Tunis, a détaillé les taux de participation des bureaux de vote qu'elle a visités :
Centre de vote à Borj Louzir: aucune queue mais à midi, 310 des 520 inscrits avaient voté, dans un des bureaux
— elodie auffray (@elodieauffray) October 26, 2014
Dans ce centre de vote, près de Grombalia, 206 votants sur 818 inscrits, à 9h45
— elodie auffray (@elodieauffray) October 26, 2014
Le blogueur Karim Benabdallah a tweeté une photo de son doigt marqué à l'encre :
Et voila c'est fait après moins d'une heure de file d'attente contre 6h en 2012 pic.twitter.com/Xpqz1hRPti
— Karim Benabdallah (@karim2k) October 26, 2014
On s'attend à une participation inférieure cette année à celle de 2011 à cause du mécontentement populaire envers les résultats de la classe politique ces trois dernières années. En 2011, les Tunisiens élurent une Assemblée nationale constituante qui avait un an pour rédiger une constitution. Les activités de l'assemblées se sont cependant étirées sur trois ans et une crise politique a secoué le pays en 2013 après l'assassinat de deux opposants politiques au gouvernement d'alors dirigé par Ennahdha. A quoi s'est ajoutée l'impuissance du pouvoir intérimaire face aux urgents besoins socio-économiques, qui a fait déchanter bon nombre de Tunisiens.
Vanessa Szakal de Nawaat a conversé avec les militants qui le 23 octobre ont distribué des tracts appelant au boycott des élections, et écrit :
plusieurs avancent l’argument de la crise économique et la sécurité qui étouffent, de plus en plus, le pays. En effet, les promesses électorales ont placé la barre des attentes très haut en 2011, et même lors de ces élections, ce qui a causé une déception démesurée de la part d’une bonne partie des citoyens. La bipolarisation de la course électorale basée, essentiellement, sur la notion du vote utile et de la lutte contre le terrorisme n’aide pas la majorité silencieuse à faire son choix. Dans l’absence quasi totale de programme économique et politique, il est difficile de différencier les centaines de candidats.
Mais d'autres n'ont pu cacher leur enthousiasme.
La journaliste de Tunis Asma Ghribi a tweeté :
It's nice to be back to my primary school Abu Kacem Chebbi to vote ..#Tunisia#tunelecpic.twitter.com/yEwhM0zQYF
— أسمى غريبي (@AsmaGhribi) October 26, 2014
C'est agréable de retourner dans mon école primaire Abou Kacem Chebbi pour voter…
It's always good to vote, even if you don't belong to any political party #TnElec2014
— Walid Saad (@walidsa3d) October 26, 2014
C'est toujours bon de voter, même si on n'appartient à aucun parti politique
Certains ont suggéré que le monde oublie un peu l'auto-proclamé Etat islaique, et accorde plus d'attention au processus démocratique en cours en Tunisie :
Forget about the barbarians of #ISIS for one day. #TunisiaVotes#ArabSpring
— Youssef Cherif (@Faiyla) October 26, 2014
Oubliez au moins un jour les barbares d'EI. #TunisieVote #PrintempsArabe
#Tunisia votes today in.its first parlamentary elections after new constitution while the world is focused (obsessed ) by #isis
— dona (@donatelladr) October 26, 2014
La Tunisie vote aujourd'hui pour ses premières élections législatives de la nouvelle constitution pendant que le monde est concentré (obsédé) par EI
D'autres ont loué la transition politique plutôt pacifique et en douceur de la Tunisie en comparaison des autres pays de la région :
#Tunisia and #Egypt began at the same time 3.5 years ago, but they are light-years away from each other today.
— Ahmed Kadry (@AhmedKadry) October 26, 2014
La Tunisie et l'Egypte ont commencé en même temps il y a 3 ans 1/2, et sont à des années-lumières l'une de l'autre aujourd'hui.
Arab Spring scorecard: Tunisia: moving forward. Egypt: shit. Yemen: deep shit. Libya: deep deep shit. Syria: deep deep deep shit.
— The Big Pharaoh (@TheBigPharaoh) October 26, 2014
Score du Printemps Arabe : Tunisie : va de l'avant. Egypte : dans la merde. Yémen : merde profonde. Libye : Merde très profonde. Syrie : merde hyper profonde.
Today #Tunisia votes for historic 1st parliament since new constit. Only Arab Spring country where revolution hasn't been derailed #CBC
— Saša Petricic (@sasapetricic) October 26, 2014
Aujourd'hui la Tunisie vote pour son premier parlement historique depuis la nouvelle constitution. Seul pays du printemps arabe où la révolution n'a pas capoté.