Si Moubarak est innocent des 900 morts de la révolution égyptienne, alors qui est le coupable ?

Protestors trying to get back to Tahrir Square after Mubarak is acquitted. Photograph by Omar Elhadi (Twitter)

Des manifestants essaient de retourner place Tahrir après l'annonce de l'acquittement de Moubarak Photo Omar Elhadi (Twitter)

Les Egyptiens sont de retour dans les rues après l’acquittement en justice de l'ex-président Hosni Moubarak du meurtre de manifestants lors la révolution du 25 janvier contre son régime. Abandonnées aussi les charges contre Moubarak et ses co-accusés, le ministre de l'Intérieur Habib Eladly et ses deux fils, de corruption en lien avec un marché de gaz avec Israël.

Pendant les 18 jours où Moubarak s'est maintenu au pouvoir après le début des manifestations contre le régime, on estime à près de 900 les protestataires tués par sa police ; des milliers d'autres ont été arrêtés jusqu'à sa démission finale en février 2011. L'ex-président, 86 ans, a passé les trois ans et demi qui suivent en détention, dont une bonne partie soigné dans des hôpitaux, sous l'emprise de divers chefs d'accusation.

Selon Mada Masr, le juge, dans son verdict d'aujourd'hui, a rejeté les accusations contre Moubarak “en invoquant une erreur de procédure de l'accusation”. Et de préciser :

Moubarak n'était pas originellement défendeur dans l'affaire et les procureurs ne l'ont ajouté au dossier que deux mois après son ouverture. Ceci, pour le juge, démontrait que l'accusation signifiait qu'il “n'y avait pas de fondement à une procédure pénale” contre Moubarak.

Le feuilleton du procès Moubarak a connu des hauts et des bas, mais le verdict d'aujourd'hui fait figure de coup de grâce pour les Egyptiens. Bien que muselés par une loi anti-manifestation controversée qui a permis l'emprisonnement d'innombrables contestataires, les Egyptiens mis en rage par le jugement ont cherché un exutoire dans la rue.

La place Tahrir, épicentre de la révolution égyptienne, était inaccessible, fortifiée de barbelés et d'agents armés vérifiant les identités. Des heurts ont eu lieu à proximité alors que les manifestants affluaient pour conspuer le verdict.

Ça a commencé avec cinq individus courageux, ça grandit et va continuer à grandir

La place Tahrir il y a quelques minutes. Il y a encore des gens qui disent Non et on n'en verra pas la fin

Du monde rejoint les manifestants et le nombre augmente

Devant les barbelés place Tahrir pour protester contre l'innocence de Moubarak

Le nombre de gens augmente et la situation va déraper d'un moment à l'autre

La répression ne tarde pas. Le blogueur Omar Elhadi, 136.000 abonnés sur Twitter, résume l'enchaînement des événements du jour :

C'est ainsi que se fait le cours de l'histoire. Moubarak est innocent, les gens manifestent dans les rues et Sissi les attaque avec gaz lacrymogènes et coups de feu et les arrête

Sur Twitter, les réactions ont continué à tomber toute la journée. Dans sa première interview télévisée, Moubarak affirme qu'il n'a rien fait de mal. Johnathan Moremi lui rafraîchit la mémoire :

Vous n'arrivez pas à vous souvenir d'avoir fait quoi que ce soit de mal pendant le #25janv M. #Moubarak ? Attendez, je vais vous aider.

Amro Ali se défoule par le sarcasme :

Pendant les 18 jours d'insurrection de l'Egypte, 840 personnes se sont suicidées en se mettant dans le chemin des balles et des véhicules blindés de la police. #révisionnisme

Ahmed Khalil s'interroge :

Les gens veulent renverser le régime. Ils l'ont fait ou bien le régime est toujours en place ?

Et Mohamed Emam confirme :

Il fallait que Moubarak soit acquitté pour que les gens comprennent que le régime n'a pas été renversé

Hind, une blogueuse libyenne avec plus de 31.000 abonnes, écrit que ce qu'il faut à l'Egypte pour sortir de l'impasse, c'est… une révolution.

Corruption endémique, répression de la société civile, système judiciaire opaque, pas de liberté d'expression, impunité – vous savez de quoi l'Egypte a besoin ? D'une révolution.

A lire [en anglais] :

Q&A: The Mubarak trial verdict – What just happened?

A timeline of the Mubarak trial

 

1 commentaire

  • Samya

    Les coupables-mentors de M´barek & Co.,!

    Coupables sont ses mentors en Arabie Saoudite qui financent Maréchal Sissi Ould Al Marroquia, Israël, les Emirates khaligistes, et notre Occident néo colonial qui farouchement fait face à l´Iran et à l´espoir démocratique des jeunes au sein du monde arabo musulman.

    Samya bnt Al Houcine__

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