L'Ukraine commémore ses ‘Cent Héros Célestes’

Kiev, Ukraine. 20th February 2015 -- A Ukrainian carries a torn national flag at a mourning ceremony in memory of the heroes "Heavenly Hundred". February 20 during anti-government protests on Independence Square about 100 activists were killed. -- One year after over 100 people were killed at Independence Square aka Maidan Square in Kiev thousands of Ukrainians pay tribute to activists killed during anti-government protests in February 2014. Photo by Oleg Pereverzev, © Demotix 2015.

Kiev, Ukraine. 20 février 2015 — Un Ukrainien porte un drapeau national déchiré à une cérémonie de deuil en mémoire des héros des “Cent Célestes”. Le 20 février 2014, pendant les manifestations contre le pouvoir sur la Place de l'Indépendance, ou place Maïdan, une centaine de révolutionnaires ont été tués. — Un an après, des milliers d'Ukrainiens leur rendent hommage. Photo Oleg Pereverzev, © Demotix 2015.

L'Ukraine vient de marquer le premier anniversaire de la révolution d’EuroMaïdan en commémorant ceux qu'elle appelle les “Cent héros célestes” qui sont morts pendant les journées les plus sanglantes des manifestations de février 2014. Le Conseil suprême d'Ukraine a proclamé ces femmes et ces hommes victimes des violences policières sous le régime Ianoukovitch, et leur a accordé individuellement le titre de Héros de l'Ukraine.   

Les premiers morts de Maïdan Nezalejnosti (la place de l'Indépendance) datent de la fin janvier 2014, quand deux activistes ont été mortellement blessés par balles pendant les affrontements avec la police. Le corps d'un troisième manifestant, enlevé quelques jours avant, a été retrouvé par la suite en banlieue de Kiev. Les morts ont continué encore un mois, pour culminer le 20 février, quand des tireurs d'élite ont ouvert le feu sur les manifestants, tuant une quarantaine de personnes (photo, vidéo, vidéo).

Ces événements ont provoqué une agitation généralisée à travers l'Ukraine et une recrudescence des manifestations, qui a fini par chasser Viktor Ianoukovitch du pays. Le président réfugié en Russie, Kiev a remanié en urgence le gouvernement, avant de tenir des élections anticipées, présidentielle et parlementaires.

Les manifestants tués pendant EuroMaïdan sont honorés comme martyrs de ce que les Ukrainiens ont surnommé la “Révolution de la Dignité”. Entre le 17 et le 24 février, des cérémonies commémoratives ont eu lieu en l'honneur de ceux qui sont tombés :

Même si une année a passé depuis les tragiques événements de la place Maïdan, les souvenirs restent frais pour beaucoup d'Ukrainians. Sevgil Moussaieva-Borovyk, une journaliste originaire de Crimée installée à Kiev, décrit la difficulté à exprimer les sentiments de tragédie et de perte :

Думала, моя лента в эти дни будет посвящена воспоминаниям 18-20 февраля. Они есть, но их очень мало. И я понимаю причину.
Я помню все в мельчайших подробностях, кроме второй половины 20 февраля – ее не помню совсем. (кажется, что сработала защитная реакция и мозг отказался воспринимать все происходящее).
Помню, но написать не могу. Год прошел. А болит до сих пор очень сильно.
Больно вспоминать.
В моей ленте мало букв о тех днях, но есть еще молчаливая боль. И я ее ощущаю.

Je pensais que mon fil d'actualité pendant ces journées serait consacré aux souvenirs des 18–20 février. Il y en a, mais très peu. Et je comprends la raison.
Je me souviens de tout dans les plus menus détails, sauf la deuxième moitié du 20 février, dont je ne me rappelle rien. (Sans doute un mécanisme de défense de mon cerveau qui a refusé de percevoir ce qui se passait.)
Je me souviens, mais je ne peux pas écrire [là-dessus]. Un an a passé. Mais ça fait encore trop mal.
Se souvenir est douloureux.
Dans mon fil d'actualité, il y a peu de textes sur ces journées, mais encore de la douleur silencieuse, et je la sens.

Kiev, Ukraine. 20th February 2014 -- Medical teams try to recover the dead and injured while under fire. -- Pictures from the front lines in Kiev and around EuroMaidan. Ukrainians riot demanding the resignation of the President Victor Yanukovych. They wish for an end to the corruption for which he and his associates have been named. Photo by Misha Somerville,  © Demotix 2015.

Kiev, Ukraine. 20 février 2014 — Les équipes médicales essaient de récupérer les morts et les blessés sous les tirs. — Photos des lignes de front à Kiev et autour d'EuroMaïdan. Les émeutiers ukrainiens réclament la démission du président Victor Ianoukovitch. Ils veulent la fin de la corruption dont lui et ses associés sont accusés. Photo Misha Somerville, © Demotix 2015.

La guerre entretenue par la Russie en Ukraine de l'est, qui a débuté après la révolution de Kiev, a également accablé le pays de mort et de destruction. La journaliste de Kiev Anastasiia Bereza a révélé son désespoir devant l'effusion de sang permanente :

Ожидалось, что тягостными будут дни первой февральской годовщины.
Не мыслилось, что ужас новых событий почти полностью затмит их собой.

On s'attendait à ce que les journées de l'anniversaire de février soient dures. On n'imaginait pas que l'horreur des nouveaux événements les éclipserait presque totalement.

Bien entendu, il y a quand même eu des gens qui ont partagé des souvenirs de Maïdan, écrit des récits de courage, amour et sacrifice. Parmi eux, l'utilisateur de Facebook Vasyl Arbuzov, à l'origine de Donetsk, qui a mis en ligne cette description des fusillades :

запомнилось как двадцатого числа часов в 11 утра со сцены сухо объявили, что протестующим рекомендовано покинуть майдан, тк по площади работает снайпер. я точно не помню как именно это было сказано, но помню, что понадобилось несоклько секунд, чтоб понять смысл услышанного. после этой фразы на майдане стало еще тише. тишину нарушали только гулкие выстрелы, которые эхом доносились с институтской. люди перестали спешить, большинство людей остановились, некоторые стали оглядываться вокруг. стояла прекрасная погода. легкий мороз, но было безветренно и не холодно. небо было затянуто плотной пеленой. из-за нее свет распространялся равномерно, не отбрасывая теней. между нами и институтской, где в небо уходили герои, была дочерна выжженная после штурма земля. с земли поднимался пар. парило также сгоревшее здание профсоюзов. среди этих декораций стояли необычайно красивые люди. в рваной одежде, большинство в саже, кто-то в крови. после того как человек понимает значение фразы “по майдану работает снайпер”, ничего кроме любви к окружающим он уже испытывать не может. на майдане стояла семья, которая за свободу платила своими лучшими сыновьями. никто не хотел умирать, но никто не собирался уходить. так украинцы победили.

Je me souviens que 20 [février 2014], à 11 heures du matin, on a froidement annoncé depuis le podium qu'il était conseillé aux protestataires de quitter Maïdan, car un sniper opérait sur la place. Je ne me rappelle pas quels étaient les mots exacts, mais il a fallu quelques secondes pour en comprendre le sens. Après cette phrase le silence a été encore plus grand sur la place. Le silence n'a été rompu que par le retentissement des coups de feu dont l'écho parvenait de la rue Instytutska. Les gens ont cessé de se hâter, la plupart se sont arrêtés, quelques-uns ont commencé à regarder autour d'eux. Il faisait très beau, il gelait légèrement, mais sans vent ni froid. Le ciel était recouvert d'un voile épais.

De ce fait, la lumière se répandait de façon égale, sans projeter d'ombre. Entre nous et la rue Instytutska, où les héros sont partis au ciel, il y avait de la terre noircie par le feu depuis le dernier assaut. De la vapeur montait du sol. Le bâtiment incendié des Syndicats fumait aussi. Au milieu de ce décor se tenaient des gens d'une extraordinaire beauté. Les habits déchirés, la plupart souillés de suie, parfois de sang. Une fois compris le sens de la phrase “un sniper opère sur la place”, impossible de ressentir autre chose que de l'amour pour tous autour de soi. Une famille se tenait sur Maïdan, qui payait sa liberté de la vie de ses meilleurs fils. Personne ne voulait mourir, mais personne ne s'est résolu à partir. Voilà comment les Ukrainiens ont gagné.

Kyiv, Ukraine. 20th February 2015 -- All around Maidan square are memorial spots, where people put the victims' pictures and come to meditate. -- Today in Kyiv, a ceremony was held on Maidan square to pay tribute to the victims of last year event. President Petro Poroshenko gave a speech and opera music was played. A photo by Camille Gazeau, © Demotix 2015.

Kiev, Ukraine. 20 février 2015 — Maïdan est recouvert de lieux du souvenir, où les gens placent les photos des victimes et viennent se recueillir. — Aujourd'hui à Kiev, une cérémonie sur la place Maïdan a rendu hommage aux victimes d'il y a un an. Le président Petro Porochenko a prononcé un discours et de la musique d'opéra a été jouée. Photo Camille Gazeau, © Demotix 2015.

Les événements qui ont suivi le mouvement de protestation ont convaincu de nombreux Ukrainiens, jusqu'au niveau du gouvernement, que la répression de Maïdan a été au moins partiellement orchestrée par le Kremlin et que la victoire des contestataires a provoqué l'occupation de la Crimée et le conflit armé subséquent dans le Donbas.

Un an après, la Révolution de la Dignité est pourtant loin d'être finie, alors que le fragile nouveau gouvernement de Kiev affronte l'agression russe, les séparatistes appuyés par la Russie et la perte de la Crimée, sans parler des difficultés intérieures pour mettre en oeuvre des réformes indispensables. Andriy Paroubiy, un homme politique à l'époque chef du puissant sous-groupe d'EuroMaïdan “Auto-defense de Maïdan”, a partagé sur Facebook sa vision des événements :

Майдан продовжується. 21 листопада ми виходили на Майдан, щоб відстояти українську незалежність, виходили проти Путіна, бо Янукович був лише маріонеткою в його руках. Характерно, що 20 лютого, коли українці вели боротьбу на Майдані, Путін уже фактично розпочав пряму військову агресію проти України. Медалі за захоплення Криму, які Путін видав окупаційно-російським військам датовані 20-м лютого, – це і є фактична дата початку прямої військової агресії Кремля проти України. У мене немає сумнівів, якби нам тоді не вдалося вигнати Януковича з країни, він закликав би російські війська в Україну не з Ростова-на-Дону, а з Києва. І на Майдан були би кинуті російські танки.
(…)
Майдан триває. Нам необхідно подолати і внутрішнього ворога – корупцію. Таку ж народну війну, яку ми ведемо проти Путіна, ми повинні вести проти зла, яке руйнує державу зсередини – корупції.
(…)

Maïdan continue. Le 21 novembre, nous sommes venus sur Maïdan défendre l'indépendance ukrainienne, npous sommes venus contre Poutine, dont Ianoukovitch n'était qu'une marionnette. Il est emblématique que le 20 février, quand les Ukrainiens se sont battus sur Maïdan, Poutine a dans les faits lancé son aggression contre l'Ukraine. Les médailles récompensant l'annexion de la Crimée accordées aux forces d'occupation russes sont datées du 20 février, la véritable date de l'agression militaire directe du Kremlin contre l'Ukraine. Je n'ai aucun doute que Ianoukovitch aurait demandé l'aide militaire russe depuis son palais des environs de Kiev et non depuis son exil de Rostov-sur-le Don, s'il n'avait été forcé de quitter le pays. Alors Maïdan se serait retrouvé devant les tanks russes.
[…]
Maïdan continue. Il nous faut nous défendre contre un ennemi intérieur : la corruption. La guerre nationale que nous menons contre Poutine, nous devons aussi la mener contre le mal qui détruit notre pays de l'intérieur la corruption.

Yaryna Yasynevitch, qui plaide pour la réforme du système politique ukrainien, a publié un tableau plutôt désillusionné de la situation actuelle :

Щоб змінити систему, треба створити систему.
Хаотичні рухи організації не заважають. Повинна бути організована атака. А коли система впаде, її має замінити інша — базована на нових принципах, цінностях, але теж система.
ЄвроМайдану вистачило для того, щоб налякати капітанів і зробити пробоїну, але корабель продовжує свій рух. Громадяни, які і на Майдані не зважали на вказівки політиків і вибороли перемогу ціною неймовірних зусиль та навіть життів, зараз не меншою ціною виборють перемогу у війні. Фронт зміни системи у середині практично пустий: наразі ми перемагаємо на рівні декларації нових принипців (дякуючи парламентарям за нові закони), але система стоїть і натомість їй не твориться альтернатива, здатна зруйнувати і замінити. Українська бюрократія досі нагадуює фіру із ядерною боєголовкою, а не tesla
Дорогі політики, не думайте про вибори, лайки і репости, не думайте про черговий ефір – думайте про майбутнє. Творіть структури, набирайте людей, формуйте команди і втілюйте плани. І тоді вас запам'ятають надовго.
Нє, я не песиміст. Просто коли виграємо війну, думаю, всім би хотілося мати також і змінену систему всередині

Pour changer le système, nous devons en créer un. Les mouvements chaotiques n'empêchent pas l'organisation. Il faut une attaque organisée. Et quand le système tombe, un autre doit le remplacer, mais ça doit rester un système.

EuroMaïdan a suffi à faire fuir les capitaines et à déchirer la coque du navire, mais le vaisseau reste à flot. Les citoyens sur Maïdan qui n'ont pas obéi aux ordres des politiciens et ont remporté la victoire au prix d'immenses efforts et parfois même de leur vie, gagnent maintenant la guerre [à l'est] avec des sacrifices pas moins dramatiques. Le front intérieur dans le combat pour changer le système est, lui, pratiquement abandonné. Jusqu'à présent, nous n'avons gagné que lorsqu'il s'agit de proclamer de nouveaux principes (ce sur quoi se concentre le noueau parlement), mais l'ancien système reste intact et il n'y a aucune alternative sérieuse en construction. La bureaucratie ukrainienne reste plus semblable à une carriole avec une tête nucléaire qu'à une Tesla.
Chers politiciens, oubliez les élections, les “likes” et les partages [sur Facebook], ou de quelconques émissions de télé. Pensez à l'avenir. Construisez des infrastructures, trouvez des gens, formez des équipes et réalisez vos plans. Et alors on se souviendra de vous.
Non, je ne suis pas pessimiste. Mais quand nous gagnerons la guerre [contre la Russie et les séparatistes], je pense que nous voudrons tous aussi un système changé de l'intérieur.

A part les réformes, de nombreux militants ont renouvelé leurs appels à la poursuite en justice des responsables des meurtres et persécutions des contestataires d'EuroMaïdan, un processus à l'arrêt sous le gouvernement post-Maïdan, à la déception de beaucoup. 

Vitaliy Oumanets, membre du mouvement AutoMaïdan (un sous-groupe de motards dans le mouvement EuroMaïdan), a publié un rappel coléreux aux procureurs et juges qu'il tient responsables d'avoir cautionné et autorisé les violences policières contre les manifestants d'EuroMaïdan.

Переглянувши знову відео розстрілу наших хлопців на тодішній Інститутській, я вчергове нагадав собі, чому я, і АвтоМайдан – AutoMaidan загалом, не маємо права зупинятися у покаранні тих прокурорів і суддів, які продовжують бути гвинтиками вже “нової” системи, які в день, коли розстрілювали Небесну Сотню, продовжували ухвалювати свої незаконні рішення проти активістів, висувати обвинувачення побитим, скаліченим беркутнею людям, ті, хто мав захищати нас від бєспрєдєлу, а насправді творили його.
Судді і прокурори. Готуйтеся, для вас все лише починається. Ми їдемо по ваші гнилі, продажні душі!

Après avoir vu sur la vidéo les nôtres se faire tirer dessus dans la rue Institutytska de l'époque, il me revient à nouveau pourquoi ni moi ni les AutoMaidan ne pourrons nous arrêter avant que les procureurs et les juges soient châtiés. Ces procureurs et juges qui continuent à être les rouages du “nouveau” système, eux qui le jour où les Cent Célestes ont été fusillés continuaient à prendre des décisions illégales contre les activistes, fabriquer des accusations contre les personnes battues et estropiées par les agents des Berkut (la police anti-émeute), eux qui étaient supposés nous défendre contre l'illégalité, mais l'ont eux-mêmes pratiquée. Juges et procureurs. Préparez-vous, pour vous ce n'est que le début. Nous en avons toujours après vos âmes pourries et vendues !

Cependant, comme en beaucoup d'autres jours, c'est le conflit armé dans l'est du pays avec les rebelles appuyés par la Russie qui a continué à accaparer l'attention de l'opinion et à occuper beaucoup des activistes présents sur Maïdan il y a un an. Iouri Kassianov, un blogueur populaire qui s'investit aujourd'hui dans la collecte de fonds pour l'armée ukrainienne, est devenu un correspondant de guerre de premier plan. Il écrit :

Сегодня пишут про Майдан. А со стороны Луганского в Артемовске видны вечером вспышки, рвущие ночное небо. Обстреливают наши позиции. Канонада отчетливо слышна. Людям страшно. В городе пусто. Магазины вечером закрыты. Некоторые закрыты надолго, и забиты витрины фанерными листами. В городском троллейбусе половина пассажиров – солдаты. Встретить самоходную гаубицу или танк здесь проще, чем популярные на востоке “Жигули” пятой модели. Артемовск сегодня – фронтовой город.
Мы возвращаемся в город поздно вечером. В Светлодарске шел бой; в Луганском – стрельба. На дороге работают вражеские диверсионно-разведывательные группы. Дорожное полотно изношено до предела. Здесь даже днем не видно ни черта из-за густой пыли, поднимаемой впереди идущим танком. Ночью не видно не зги. Пересекая поле перед военным лагерем, едем с потушенными фарами в кромешной темноте. Работает вражеский беспилотник с ночной оптикой; отчетливо слышен в небе стрекот мотора.
Опасно, страшно, и нужно сегодня быть здесь, как год назад в Киеве. Майдан переехал. Теперь он на передовой.

Aujourd'hui on écrit sur Maïdan. Mais du côté de Lugansk et d'Artemovsk [dans l'est de l'Ukraine], on voit des explosions éclairer le ciel vespéral. Nos positions sont sous le feu. On entend distinctement la cannonade. Les gens ont peur. La ville est déserte. Les magasins ferment le soir. Certains sont fermés depuis longtemps, leurs vitrines cassées [protégées par] des panneaux de contreplaqué. Dans les trolleybus la moitié des passagers sont des soldats. On croise plus facilement un tank ou un obusier auto-porteur qu'une populaire Jigouli modèle Cinq (voiture de fabrication soviétique). Artemovsk est aujourd'hui une ville du front.
Nous revenons en ville tard dans la soirée. Il y a eu des combats à Svetlodar et des tirs à Lugansk. Les détachements ennemis de reconnaissance de sabotage travaillent en chemin. La route est totalement abîmée. Même de jour, la visibilité est nulle à cause de l'épaisse poussière soulevée par le tank qui roule devant vous. La nuit on n'y voit goutte non plus. Traversant un champ devant un camp militaire, nous roulons phares éteints dans l'obscurité complète. Un drone ennemi à vision nocturne nous survole ; on entend distinctement vrombir son moteur dans le ciel.
C'est dangereux, effrayant, et il faut y être aujourd'hui, comme il y a un an à Kiev. Maïdan s'est déplacé, il est maintenant sur le front.

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