Un blogueur américain se voit proposer de l'argent pour publier de la propagande russe

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Collage de Kevin Rothrock.

Le week-end dernier, un blogueur américain a refusé une de ces offres qu'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie : être payé à ne rien faire. Le léger problème était qu'il s'agissait de publier en son nom des articles écrits par quelqu'un d'autre ; pas si grave, n'est-ce pas?

Selon ce blogueur, David Svonson, après avoir participé à à Washington à une manifestation contre la guerre, il a été approché par un jeune homme avec un fort accent russe qui s'est présenté comme Alexeï Padalko. Ce jeune homme a lui tendu une carte de visite où il apparaissait comme assistant de l'attaché de l'armée de l'air du consulat russe aux Etats-Unis. Il a acheté l'un des livres de Svonson, lui a demandé un autographe, puis lui a proposé une rencontre autour d'une tasse de café pour discuter de la possibilité d'une collaboration dans le cadre d”un travail pour la paix”.

Svonson et Padalko se sont revus le lendemain, et Padalko a proposé – ce qui a été confirmé – au premier une certaine somme d'argent pour la publication d’articles tout prêts sur la situation en Ukraine, en faisant comme si Svonson lui-même les avait écrits.

Il a dit qu'il avait un intérêt personnel à la réalisation de la paix, et qu'il souhaitait que cela reste caché à ses employeurs. Pas de problèmes pour lui envoyer des mails, me dit-il, mais il devait me remettre ces articles en mains propres.

Padalko refusa de dévoiler à Svonson la source de l'information en question et du financement. Svonson affirme qu'il a décliné la proposition.

Je lui ai raconté que je devais respecter une certaine éthique journalistique, et il s'est dit étonné et inquiet que je parle de journalisme en étant blogueur. Un blogueur serait donc quelqu'un que l'on peut acheter pour faire de la propagande, alors qu'un journaliste serait quelqu'un qui va vous faire des ennuis. J'ai essayé de lui dire que j'étais réellement concerné par l'idée d'informer l'opinion publique américaine de ce qui se passe en Ukraine, et que d'après moi, la Russie et la paix y gagneraient.

Selon ce qui est rapporté sur le blog de Svonson, cette entrevue au café a été suivie d'une brève correspondance par e-mails, mais Padalko a fini par cesser de répondre.

Ironie du sort, Svonson partage en réalité (sur son blog aussi) des vues pro-russes, ce qui semble avoir redoublé sa perplexité devant cette situation (sans doute est-ce pourquoi Padalko s'est senti à l'aise, dans un premier temps, dans ses tentatives d'approcher Svonson). Dans un post en rapport avec ces événements, Svonson parle du changement de régime à Kiev comme d'un “coup d’État soutenu par les Etats-Unis”, du nouveau gouvernement comme “téléguidé depuis l'étranger”, et dit qu'il n'est pas le seul à ne pas apprécier les “qualificatifs infondés sur le comportement de la Russie, des mensonges sur votre agression”. Mais Svonson est catégorique sur le fait que la Russie ne doit pas essayer de “réfuter les mensonges” sur “l'agression” de Moscou par “un comportement agressif”.

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