Des Tadjiks rescapés du Yémen grâce à un post sur Facebook ?

Tajik citizens alongside with Russians are preparing to board a Russian plane to evacuate from Yemen. Picture from: http://www.vesti.ru/doc.html?id=2474827&cid=7

Bilqis, la petite fille de 17 mois de Shahnoza Gadoeva, attend d'embarquer dans l'avion russe qui les évacuera du Yémen. Image largement diffusée.

Shahnoza Gadoeva faisait partie de la centaine de personnels médicaux tadjiks travaillant et vivant avec leurs familles au Yémen, quand la campagne de bombardements sous la bannière de l'Arabie Saoudite a commencé le mois dernier. Lorsqu'elle a posté un SOS sur un groupe Facebook demandant de l'aide pour se faire évacuer, elle ne se doutait pas que sa requête deviendrait virale.

И кто нас спасет? Мы живем в Йемене ,работаем медиками , нас здесь больше 300 ,400 человек счетая с детьми . Со вчерашней ночи Йеменскую столицу бомбят Саудовские самалеты. Наш МИД молчит … Мы в страхе . Россия пока не соберется отправить самалеты МЧС .

Et qui va nous sauver ? Nous vivons au Yémen, travaillons comme personnels médicaux, nous sommes plus de 300, 400 en comptant aussi les enfants. Depuis hier soir les avions saoudiens bombardent la capitale yéménite. Notre ministère des Affaires étrangères se tait. Nous sommes dans l'angoisse. La Russie ne va pas envoyer les avions du [Ministère des Situations d'urgence].

Des dizaines d'utilisateurs de Facebook lui ont répondu pour la réconforter psychologiquement, certains lui ont donné des liens vers la Croix-Rouge Internationale et les autorités du Tadjikistan, d'autres lui ont conseillé de demander de l'aide aux agences de recrutement russes qui ont envoyé ici les médecins et infirmières tadjiks, d'autres encore ont juste prié pour elle et ses compatriotes bloqués au Yémen.

Tajik woman headin to the plane evacuating the CIS citizens from Yemen. Photo was provided to the Global Voices by Shahnoza Gadoeva

Une femme tadjik se dirige vers l'avion qui va évacuer les citoyens de la C.E.I. du Yémen. Photo fournie à Global Voices par Shahnoza Gadoeva.

Le billet de Shahnoza a fait la une de l'actualité au Tadjikistan, où les journalistes l'ont citée en russetadjik et anglais, tandis que le Ministère tadjik des Affaires étrangères était bombardé par les médias d'exigences de réponse.

Heureusement pour Shahnoza et les autres Tadjiks piégés au Yémen, Facebook — souvent coupé par le zèle excessif du service des communications de ce pays d'Asie Centrale, était accessible ce jour-là.

Le soir même, le Ministère des Affaires étrangères avait rendu public l'ordre donné par le Président Emomali Rahmon aux missions tadjiques en Arabie Saoudite, aux Emirats arabes unis, au Qatar, au Koweït, en Egypte et en Russie (le Tadjikistan n'a pas de représentation diplomatique au Yémen) de se mobiliser pour l'opération d'évacuation.

Les avions russes avaient déjà évacué du Yémen les citoyens du Tadjikistan et des autres républiques de la C.E.I. en 2010 et cette fois aussi ils sont venus. Le premier groupe de Tadjiks évacués a atterri à Douchanbé le 3 avril. A ce jour, une centaine de Tadjiks ont été évacués du Yémen en au moins trois vols distincts.

Shahnoza a ensuite été interviewée par la télévision russe. Elle n'a pas manqué de remercier tous les autres membres du groupe Facebook.

Дорогие земляки огромное спасибо за поддержку. Я счастлива что смогла выбраться оттуда с детьми живой здоровой, в этом заслуга каждого из вас кто звонил, переживал, поддерживал морально, помогал решить нашу проблему. Низкий поклон всем вам .

Chers compatriotes, un immense merci pour votre soutien. Je suis heureuse d'avoir pu partir de là saine et sauve avec les enfants. Le mérite est à chacun de vous qui a téléphoné, s'est fait du souci, a soutenu moralement, a aidé à résoudre notre problème. Je vous salue tous.

Si Shahnoza évaluait le nombre des Tadjiks au Yémen à environ 400 avec les enfants, d'autres estimations sont plus proches de 800 car beaucoup y vont sans l'aide des agences de recrutement qui sont la seule source d'information fiable sur les effectifs tadjiks face à l'administration yéménite en déroute dans la guerre.

Ce personnel médical est considéré comme qualifié et expérimenté avec des diplômes appréciés d'universités soviétiques. Le fort chômage et les bas salaires au Tadjikistan les contraignent à aller travailler au Yémen pour des salaires moyens de 600 à 800 dollars pour les infirmières et 1.200 à 2.000 dollars pour les médecins, plusieurs fois multiples de ce qu'ils gagneraient au Tadjikistan.

Si le Ministère des Affaires étrangères a émis un avertissement à ses concitoyens de ne pas travailler au Yémen après l'enlèvement d'une infirmière par des bandits tribaux, une part des personnels médicaux tadjiks, surtout ceux dans les zones plus sûres du Yémen, préfèrent rester et conserver leur emploi plutôt que de rentrer et subir le chômage.

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