Comment les médias sociaux ont aidé la population à faire face aux inondations qui frappent le Myanmar

Inspecting the flood situation in the town of Bago. Photo from the Facebook page of Aung San Suu Kyi

Contrôle de l'état des inondations dans la ville de Bago. Photo de la page Facebook de Aung San Suu Kyi

D’importante inondations au Myanmar, dues aux fortes pluies de mousson durant plusieurs jours et à l'impact du Cyclone Komen, ont déjà touché 330.000 personnes dans 12 états différents et ravagé plus de 4.000km² de terres agricoles. C'est la catastrophe naturelle la plus importante qui frappe le pays depuis le cyclone Nargis qui avait tué plus de 100.000 personnes en 2008. Mais contrairement à 2008 où la population devait s'en remettre à la seule information diffusée par le gouvernement, les habitants peuvent aujourd'hui suivre les avancements des inondations sur les réseaux sociaux.

Chit Win, étudiant en doctorat à l'Université Nationale Australienne, observe que, grâce aux médias sociaux, les habitants peuvent vérifier l'impact des inondations:

Lors du Cyclone Nargis on avait très peu d'informations et on a été prévenu très tardivement de la situation et des mesures prises face à la catastrophe. Cette fois l'inondation est couverte à la minute par les médias sociaux et on peut constater comment les autorités interviennent, en bien ou en mal.

Outre l'information en temps réel sur les inondations, les médias sociaux ont incité beaucoup de gens à faire des dons ou a organiser des missions de secours. Les hashtags Twitter les plus populaires pour mobiliser les bénévoles sont #MyanmarFlood et #SaveMyanmar.

Ma Khin Zar Mon, militant du groupe Facebook People to People, constate la généralisation de l'usage des médias sociaux aujourd'hui comparé à 2008 où les outils en ligne étaient très peu répandus:

A cette époque là nous avions très peu de groupes de bénévoles. Cette année, il y a beaucoup de bénévoles qui se proposent pour aider. Naturellement les médias sociaux jouent un rôle important.

C'est aussi sur les médias sociaux que les victimes de l'inondation peuvent se plaindre de la lenteur de l'aide. Une vidéo virale sur Facebook montre comment les militaires ont gâché des secours en faisant tomber un sac de riz dans l'eau boueuse.

Et c'est sur Facebook que le gouvernement s'est excusé pour cette erreur:

Nous sommes désolés d'apprendre que des sacs de secours sont tombés dans la boue et que d'autres se sont déchirés. Nous allons tout mettre en oeuvre pour qu'un tel incident ne se renouvelle pas.

De son côté un jeune fonctionnaire des Services de l'Irrigation, s'est rendu célèbre en donnant régulièrement des informations sur les barrage d'irrigation afin de riposter à la rumeur qui courrait en ligne que de nombreux barrages avaient été détruits.

A l'heure où cet article a été écrit il était déjà suivi par 24.000 personnes sur Facebook.

Map of flooded regions in Myanmar

Carte des régions inondées au Myanmar. Bureau des Nations Unies pour la coordination des Affaires Humanitaires.

Place à la solidarité

En attendant, certains ont développé leur créativité pour envoyer de l'aide aux victimes, comme cet ancien navigateur qui a fabriqué un bateau avec des bouteilles de plastique vides:

Un ancien navigateur a fabriqué un bateau en bouteilles plastique pour venir en aide aux victimes des l'inondation au #Myanmar

Les dessins humoristiques ci-dessous reflètent ce que beaucoup ressentent: un grand sens de la solidarité d'une part mais aussi de la déception face à la lenteur avec laquelle le gouvernement réagit:

Donnons un coup de main

Je pense que la côte est claire maintenant!

Une catastrophe en partie causée par l'homme

Les dégradations environnementales sont à l'origine de la grave inondation qui frappe le Myanmar. Mais comme le fait remarquer Ko Aye Chan Maung, un autre étudiant de l'Université Nationale Australienne, on aurait pu faire beaucoup plus pour atténuer les effets des pluies diluviennes.

La déforestation, les pratiques d'exploitation de la terre contraires au développement durable, les projets de barrages et le manque d'initiatives politiques en ce qui concerne la gestion des risques de catastrophes naturelles ont aggravé les effets des pluies torrentielles de ces derniers temps.

Les barrages sur les fleuves et les rivières et le blocage de l'écoulement naturel des eaux ont contribué à inonder des parties du pays qui n'auraient pas dû l'être. Le manque de sérieuses stratégies de gestion des risques a amplifié le phénomène.

Comme en 2008, la communauté internationale s'est rapidement mobilisée pour porter secours aux régions inondées ces derniers jours. La chef de l'opposition Aung San Suu Kyi lance un appel pour demander une aide supplémentaire pour la reconstruction des villages détruits.

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