Italie: L'avenir du journalisme au festival de Pérouse

(billet d'origine publié le 1er mai)

Le Festival international du journalisme [italien] de Pérouse en Italie a accueilli du 25 au 29 avril dernier des journalistes et des militants du numérique venus du monde entier. On a pu noter parmi les intervenants la présence de Wadah Khanfar (ex directeur d’ Al Jazeera), Andy Carvin  (radio NPR), Paul Lewis et Amelia Hill (The Guardian) ,Marco Travaglio (Il Fatto Quotidiano), Evgeny Morozov et bien d'autres. Vous trouverez ici la liste complète.

A noter : la participation active de Global Voices à cette rencontre dont le thème principal était la participation en ligne et le journalisme citoyen, traits marquants du ” nouveau journalisme”.

Le journalisme “ouvert” et éclairé, c'est l'avenir 

Les thèmes liés au journalisme participatif sont ceux qui sans aucun doute ont le plus capté l'attention : le groupe de travail le plus suivi a été celui qui traitait de la recherche de journalistes citoyens et de l'implication des lecteurs dans le processus éditorial et la vérification en ligne des informations.

Le débat sur l'avenir des actualités basées sur l'intervention de la communauté des lecteurs dans le processus journalistique a été particulièrement intéressant, l'occasion pour Mark Johnson (rédacteur en chef de The Economist) de souligner l'importance de l'utilisation des médias sociaux et d'une relation plus étroite entre les lecteurs et les journalistes.

A young Costa Rican journalist interviews her Ugandan colleague Kevin Doris Ejon - the first journalist to interview Joseph Kony. Picture: Kasia Odrozek

Une jeune journaliste du Costa Rica interviewée par une collègue Ougandaise : Kevin Doris Ejon, première journaliste a avoir interviewé Joseph Kony. Photo: Kasia Odrozek

Wadah Khanfar de Al Jazeera a proposé un “média intégral“où ce ne seraient pas les journalistes qui  produiraient l'information mais bien les médias sociaux et des blogueurs “éclairés”. Le rôle des journalistes sera alors de filtrer, de sélectionner les points de vue les plus adaptés pour guider le débat public (on peut le voir en “live-tweeting” sur son profil Twitter).

@khanfarw : Il y a une sorte de défi entre les entreprises qui avaient en main les récits et ceux qui se trouvent sur le terrain et fournissent des informations adaptées et de qualité.

Tout aussi intéressante a été l'intervention de Andy Carvin,  “DJ de l'information plus que journaliste” (il s'est présenté ainsi en plaisantant à un grand nombre de participants au Théâtre Pavone). Il a souligné l'importance de l'expérimentation en racontant au public sa propre expérience et la méthodologie qu'il a élaborée pour la couverture du printemps arabe sur Twitter.

Il y a avait également beaucoup de monde à la rencontre où Paul Lewis (The Guardiana décrit la culture de l'innovation qui est en train de caractériser progressivement son journal et l'ouverture aux “informations ouvertes” qui sont certainement plus qu'une simple collaboration, mais bien le fait de quasiment transporter le lecteur dans la salle de rédaction et de l'impliquer personnellement dans la création du journal.

Andy Carvin parla del suo lavoro durante la Primavera araba. Foto: Kasia Odrozek

Andy Carvin parle de son travail durant les Printemps arabes. Photo: Kasia Odrozek

L'entrée des technologies et des données dans les rédactions a été le fil rouge de cette édition du festival : il y a eu de nombreux ateliers sur les “données ouvertes” ( open data) et le journalisme organisés par Open Knowledge Foundation.  

Dans le Data  Journalism Handbook (manuel du journalisme) publié par la fondation Open Knowledge ( libre connaissance), le Centre européen du journalisme (European Journalism Centre ) et le projet brésilien Friends of Januária, on trouve également le projet brésilien soutenu par Rising Voices.

Enfin, Stefano Rodotà a souligné lors de son intervention sur les rapports entre média, démocratie, pouvoir et connaissance que le libre accès à internet doit être considéré comme un véritable droit de l'homme dont les violations ne peuvent plus être tolérées.

Implication de Global Voices 

A côté d'une forte présence de membres de Global Voices, surtout de Global Voices en italien, le responsable du site, Bernardo Parrella, et la co-fondatrice de Voci GlobaliAntonella Sinopoli, ont participé aux activités du festival et pris en charge l'accueil et l'hébergement de plusieurs groupes (Voici l'album souvenir de cette équipe).

Un florilège de propositions pendant un atelier mettant l'accent sur l'importance de l’édition sociale et digitale et présentant quelques publications de la  maison d'édition indépendante Quinta di Copertina (Cinquième de couverture) [it] en collaboration avec Global Voices Italien :’70 chilometr i dall'Italia: la rivolta del gelsomino [it] et  White Arrogance [it]  d’ Antonella Sinopoli.

GV a IJF12: Bernardo Parrella e Antonella Sinopoli durante il panel su open journalism. Foto: Kasia Odrozek

GV à IJF12 : Bernardo Parrella et Antonella Sinopoli pendant l'atelier sur le journalisme ouvert. Photo Kasia Odrozek

Pendant l'atelier sur contexte et vérification des informations sur les medias sociaux, des journalistes de la BBC, France 24 et Andy Carvin (radio NPR) ont débattu avec Bernardo Parrella de Global Voices sur le rôle des médias citoyens dans la production de l'actualité et dans la vérification des informations. Matthew Eltringham (BBC), en particulier, a soutenu à plusieurs reprises que les médias traditionels, au contraire des médias citoyens, seraient les seuls à pouvoir donner des informations réelles et fiables. Bernardo Parrella a essayé de recentrer le débat en focalisant l'attention sur l'importance de l'expérimentation et de l'ouverture au public.

Bien d'autres discussions et interventions passionnantes ont eu lieu : vidéo, communiqués de presse et publications sont disponibles sur le site du festival.

Il est conseillé de prendre note des dates du festival de l'année prochaine et de s'organiser déjà pour la prochaine édition.

Evgeny Morozov s'est également déclaré satisfait et a confié un commentaire  à Twitter :

@evgenymorozov: Je me suis vraiment senti très bien cette semaine à la @journalismfest de Pérouse. L'événement s'améliore d'année en année (et dire que l'année dernière je me disais qu'on ne pouvait faire mieux..).

Un tweet de Paul Lewis pourrait résumer l'ambiance de ces cinq journées :

@PaulLewis: L'#ijf12 de Pérouse est-il la meilleure manifestation sur  le futur du journalisme ?

Assurément oui !

Ce post a été rédigé en collaboration avec Janet Gunter.

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