Afghanistan : Vers un Etat fédéral ?

En janvier 2012, plusieurs membres de la Chambre des Représentants américaine se sont retrouvés à Berlin avec des chefs de l’opposition afghane, comme l’ex-vice-président Ahmed Zia Massoud, le chef du Mouvement Islamique National d’Afghanistan Abdoul Rachid Dostom, et l’un des pontes du Parti de l’Unité Islamique Mohammad Mohaqiq. L’année dernière, ces trois politiciens de l’opposition ont créé un nouveau parti politique, le Front National de l’Afghanistan (FNA) [en anglais], qui représente les plus grands groupes ethniques du nord de l’Afghanistan et possède des capacités militaires importantes. La réunion à Berlin se voulait être une suite informelle de la conférence internationale sur l’Afghanistan de décembre 2011 organisée à Bonn, où les trois chefs du FNA n’avaient pas été conviés. Cette réunion n’a pas été décriée par les représentants américains et afghans et a été, par conséquent, tenue en un lieu « neutre ».

Durant la réunion, les chefs d’opposition afghans et les législateurs américains ont appelé à un système politique décentralisé en lieu et place de celui privilégié actuellement en Afghanistan. Ils ont également appelé à la révision de la nouvelle constitution du pays et à la mise en place d’un système politique fédéral ; leur déclaration indique [en anglais]:

[The] centralized power has led to massive corruption, disenfranchisement of a large segment of the Afghan people, obstacles to economic development, massive abuses of power, increasing political instability, poor governance, and a vast undermining of law and order.

[La] centralisation du pouvoir a fait place à une corruption massive, à la privation de l’exercice des droits civiques d’un grand nombre d’Afghans, à des obstacles au développement économique, à des abus massifs de pouvoir, à une instabilité politique croissante, à une gouvernance faible et à une profonde dévalorisation de la loi et de l’ordre.

Cette proposition va à contre-courant de la structure politique unitaire et centralisée à l’extrême que Hamid Karzai, Président de l’Afghanistan, s’est évertué à préserver. D’où le fait que la réunion berlinoise ait été condamnée par le ministre des Affaires étrangères afghan. Karzai a également rejeté cet appel à la décentralisation. Dans des propos rapportés début mai, il déclarait que le nouvel accord de partenariat stratégique avec les Etats-Unis avait été signé à condition que le système centralisé de gouvernement actuel reste en place :

Some US congressman [sic] started intervening in Afghanistan several months ago and asked for the regime in Afghanistan to change to a federal system. I clearly told the US government that we will only sign the agreement with you if you respect the central government of Afghanistan.

Des parlementaires américains ont commencé à intervenir en Afghanistan il y a quelques mois et ont demandé au régime afghan de se tourner vers un système fédéral. J’ai clairement annoncé au gouvernement américain que nous signerons l’accord avec vous que si vous respectez le gouvernement central afghan.

Des parlementaires afghans ont également dénoncé la réunion de Berlin qui avait pour but, selon eux, de diviser le pays. Ils ont aussi souligné que la mise en place d’un système fédéral n’était pas dans l’intérêt du pays car il pourrait créer une division nord-sud et s’avérer « à double tranchant » avec le temps.

Carte des provinces et des régions afghanes. Un système fédéral permettrait-il de les maintenir unies ? De Wikimedia (CC BY-SA 3.0)

Le 5 mai, Kankash, une émission populaire sur la chaîne de télévision privée afghane TOLO TV, demandait [en farsi] aux afghans sur sa page Facebook de partager leurs opinions sur la réforme du système politique du pays. Voici quelques réponses d’utilisateurs afghans de Facebook en mai :

Ruhullah R. Afg écrit [en farsi] :

افغانستان در گذشته هم بعضی نظام ها را تجربه کرده ولی آنچه مهم است نظام نه بلکه کسانکه در رأس نظام قرار
قرار میگیرند عاری از فساد،غارت و نژاد پرستی باشند و درد و رنج مردم افغانستان را درک کنند
مردم افغانستان به یک نظام سالم،روشنفکر،مردمی وفکر به پیشرفت
بسوی آینده بهتر نیاز دارند

L’Afghanistan a expérimenté différents systèmes de gouvernement. Mais ce que je pense être important n’est pas le système choisi mais les individus corrompus qui détiennent actuellement le pouvoir. Ainsi, le peuple afghan est dans l’attente d’un système assez fort pour qu’il réponde aux besoins du peuple et réfléchisse à un futur plus radieux.

Par contre, Abdul Hakim Haidary suggère [en farsi] que la réforme du système actuel est le seul recours pour résoudre les problèmes du pays :

فکر میکنم دو نوع مردم کاملا متفاوت در افغانستان امروزی وجود دارد. یکی مردم طرفدار تمدن و تغیر بطرف مثبت و یکی هم مردم طرفدار قبیلوی ماندن و ضد تغیر بطرف مثبت.پس یگانه راه حل نظام فدرالی است انهایکه تغیر طلب اند تغیر و آنهایکه نمیخواهند در حالد ابقا شوند تا در مورد مزایایی تغیر به طرف مثبت پی برده به آنها ملحق شوند.با تشکر از کنکاش

Je pense qu’il y a deux types de personnes qui vivent en Afghanistan : ceux qui soutiennent la modernisation et le développement positif et ceux qui vivent toujours en tribu et s’opposent aux changements pour un développement moderne. Par conséquent, je pense que le seul moyen d’apporter des changements et de résoudre les problèmes existants en Afghanistan est un système fédéral.

Un autre utilisateur de Facebook, Abdul Rahim Lodin, écrit [en farsi]:

ز آنجایی که افغانستان در ردیف کشورهای فقیر جهان قرار دارد و نظام فدرالی نیز با وجود مزایای که دارد یک نظام پر مصرف است مثلا نیاز به پارلمان جداگانه دارد و امثالهم, بنا نمی تواند یک نظام کار امد ومفید واقع شود, و از طرفی هم کشور های همسایه همیشه در پی این بودند که افغانستان را پارچه پارچه ساخته تا افغانستان همچنان ضعیف بماند تا انها از این کشور سود بیشتری ببرند.
و از طرفی دیگر کسانی امروز در افغانستان دم از نظام فدرالی میزنند وباخارجها مذاکره و نشست میکنند که به نحوی در نظام کنونی منافع شان در خطر افتاده یا هم در خطر میبینند.
بنا به نظر من تا اینکه در پی تغییر نظام باشید بهتر است در نظام کنونی اصلاحاتی بیاورند, و این کشور را از فساد اداری پاک سازند که هر روز دامنش گسترده تر میشود.

L’Afghanistan est un des pays les plus pauvres du monde. Donc les bénéfices à tirer du système fédéral sont très importants. Par exemple, il nécessite des parlements séparés qui desserve le pays. D’un autre côté, les pays voisins ont toujours voulu d’un Afghanistan divisé de manière à ce qu’il reste faible, leur permettant de faire de plus gros bénéfices sur son dos. De plus, ces Afghans qui soutiennent le système fédéral et qui discutent avec les étrangers sont ceux qui ne perçoivent aucun bénéfice du [régime actuel] et qui se sentent menacés par celui-ci. Ainsi, je pense qu’au lieu de parler d’établir un nouveau système il est préférable que nous trouvions les imperfections dans le système actuel et de faire les efforts nécessaires pour l’améliorer.

Commentant également sur Facebook, Ahmad Zubair Shahzad ne pense pas [en farsi] qu’un système fédéral améliorerait la situation en Afghanistan :

به نظر من تغیر نظام درد افغانستان را مداوا نمی کند. ما در طی این سدۀ خورشیدنی نظام های زیادی (شاهی، جمهوری، کمونستی، اسلامی…) اما آنچه که مردم افغانستان نیاز دارند یک نظام سالم است، عاری از چپاول، دستبرد مافیایی و فساد که دلش به حال این ملت رنج دیده بسوزد، درد مردم را احساس کند.به جای مصلحت ها به پیشرفت فکر کندنیاز داریم

Selon moi, le changement de système ne résoudra pas les problèmes afghans. Les 100 dernières années ont vu l’Afghanistan connaitre diverses formes [de pouvoir] (monarchique, présidentiel, communiste, islamique…). Ce dont a besoin l’Afghanistan est un système stable, libéré de la corruption et de celui qui provoque la souffrance du peuple. [Ce qui est nécessaire] est un système dans lequel le peuple puisse réfléchir sur le développement de son pays, au lieu d’assister à des débats stériles.

Commentez

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.