Portugal : Activisme en ligne et applications créées pour les citoyens

[Tous les liens sont en portugais, sauf mention contraire]

Ce billet fait partie de notre dossier Europe en crise 

L'indignation croissante ressentie au Portugal devant les mesures d'austérité imposées par un gouvernement soumis à la “Troïka”, a servi de détonateur à une floraison d'initiatives qui révèlent de nouveaux aspects du potentiel des médias sociaux dans leur dimension citoyenne.

Logiciel libre contre austérité

Deux jours après la présentation de la proposition du budget de l'état 2013 [anglais], le 17 octobre, l'Association nationale du logiciel libre (ANSOL) a lancé son manifeste “Campo das Cebolas“, qui dénonce une série de “commandes publiques”  de technologies de l'information et des communications qui ont suivi des procédures “horribles, ainsi qu'illégales” pour un montant de quatre millions d'euros. Le manifeste analyse les groupes “complices du déficit” à travers les dirigeants responsables de ces acquisitions et d'autres, et conclut :

A responsabilidade política, tal como as cebolas funciona por camadas. Camadas que uma sobre a outra recobrem, escondem, protegem de qualquer incómodo os núcleos em que se tomam as “micro-decisões”.

A culpa não é (sempre) do Governo.

Está na altura das camadas internas responderem pelas suas decisões, ou alternativamente, perderem o poder de decisão. Estes decisores devem justificar a opção pela exclusão de produtos concorrentes nos seus procedimentos de aquisição ou o Governo deve passar a tutelar as compras TIC das respetivas entidades.

La responsabilité politique, comme les ognions, ont plusieurs peaux. Les peaux, qui, l'une sur l'autre, couvrent, cachent et protègent de tout ennui les couches qui prennent les “micro-décisions”.

Le gouvernement [central] n'est pas toujours à blâmer.

Il est temps que les couches intermédiaires répondent de leurs décisions, ou, alternativement, perdent leur pouvoir de décision. Ces décisionnaires devraient justifier le choix d'exclure de l'appel d'offre des produits, ou le gouvernement devrait commencer à superviser les achats de matériels et logiciels TIC de chaque division respective.

Le manifeste donne différents exemples réussis d'adoption de logiciels libres par de grandes institutions comme la compagnie d'assurances Tranquilidade, qui a réduit ses dépenses en licences de logiciels de 80% après avoir adopté Linux dans leurs bureaux.

Le gouvernement portugais n'a pas adopté ces alternatives, mais les programmeurs, les designers et les “bon hackers” travaillent à des initiatives pour développer des nouvelles plateformes permettant la diffusion d'information sur les dépenses et politiques publiques, avec leur propre argent, et en suivant leurs propres idées.

Où va mon argent ?

De façon presque simultanée avec la présentation du projet de budget 2013, Nuno Moniz a lancé la plateforme “Votre budget de l'état“. Cette application souhaite clarifier pour les contribuables où vont leurs impôts en utilisant comme données les cartes disponibles et les documents sur le budget, et en y incluant des données sur les partenariats public-privé.  

O teu orçamento de estado para 2013 v1.0. Cálculo efectuado para contribuinte com estado civil solteiro, rendimento anual bruto de 10.000€ e agregado familiar singular.

Votre budget de l'état pour 2013 version 1.0. Exemple de calcul effectué par contribuable célibataire, revenu net €10000, vivant seul.

Le graphique illustre la répartition du montant total payé en impôts (dans le cercle central) entre chacun des douze ministères existants. L'ex-député du parti Bloco de Esquerda et chercheur José Soeiro commente sur Facebook :

Vai mais dinheiro para a Defesa do que para a Justiça. Cultura desapareceu (há ali uns trocos dentro da Presidência do Conselho…). E a verba para a economia, que é onde deveria estar a criação de emprego (não dizem sempre que o desemprego “é o principal problema do país?”) é inferior à dos Negócios Estrangeiros ou à do Conselho de Ministros. (obviamente, demitam-se!)

Plus d'argent va à la Défense qu'à la justice. La culture a disparu (il y a de l'argent de poche dans l'enveloppe de la Présidence du conseil…) [Ndlt : le ministère de la Culture ayant disparu, la Présidence du conseil gère le budget culturel, voir note*]. La part pour l'économie, qui devrait aller à la création d'emplois (ne disent-ils pas que le chômage est “le principal problème du pays” ?) est moindre que celle des Affaires étrangères ou celle du Conseil des ministres (c'est évident, il faut vous [le gouvernement] licencier vous-mêmes !).

La technologie utilisée pour le développement de cette application est Bubbletree Library de l'Open Knowledge Foundation, JQuery Library, Raphaël et JQuery Bubble Popup par Max Vergelli.

Tellement de logements vides 

GeoDevolutas.org - Mapeamento das casas devolutas e abandonadas em Portugal.

GeoDevolutas.org – Cartographier les maisons vides et abandonnées au Portugal.

Depuis l'expulsion de l'Es.Col.A da Fontinha en avril (voir l'article de Global Voices) le débat sur les logement abandonnés et la dégradation urbaine a progressé. Dans la seule ville de Porto, il y aurait plus de 25 000 immeubles vides, et c'est dans cette ville que GeoDevolutas a été lancé le 20 octobre, durant la dernière journée du festival Future Places [en anglais]. GeoDevolutas est une plateforme collaborative de cartographie qui permet de recenser les propriétés vides, développée par Transparência Hackday Portugal, avec le soutien de Nodes et de Manufactura Independente.

Drupal et OpenStreetMaps ont été utilisés pour son développement en suivant l'exemple espagnol de CasasTristes.org.

Job For the Boys, página dedicada à corrupção, denúncias, negócios, enriquecimento ilícito, injustiças, práticas anormais em Portugal.

Autre initiative récente, née peu après la manifestation “Screw the Troika” du 15 Septembre 2012, Job for the Boys,  une page web  consacrée à la corruption, aux plaintes, à l'enrichissement illicite, à l'injustice et aux malversations au Portugal

Evénements à venir

Imagem retirada da página de Facebook do Future Places.

Photo tirée de la page Facebook de Future Places.

Le festival Future Places [en] sur les médias numériques et la culture locale a lieu à Porto du 17 au 20 octobre. Il s'agit de la cinquième édition de ce festival. Des artistes, des chercheurs et des journalistes participent à un programme très complet [en anglais] de laboratoires citoyens et de “flash-symposiums”. Il est possible de suivre en direct le festival sur Twitter, @futureplacespt et sous le hashtag #futureplaces,ainsi que sur Facebook.

A Lisbonne, le 25 octobre, aura lieu la seconde édition de Culture pirate dans la société de l'information, qui a pour objectif de débattre du “conflit continuel entre politique et économie qui se livre à l'international autour de l'information”. Cet evénement réunira différentes organisations liées aux politiques publiques qui régissent la production culturelle, les communications et le savoir (comme Creative Commons Portugal, le mouvement Parti Pirate portugais), et il sera retransmis en direct par vidéo livestream.

Toujours à Lisbonne le 26 et 27 octobre, Cidadania 2.0 (Citoyenneté 2.0), un rendez-vous qui veut “provoquer le débat sur de nouvelles formes de communication au coeur de la société portugaise”. Parmi les cas d'étude qui seront présentés, les initiatives portugaises Demo.cratica, Município de Mirandela no Facebook (La Ville de Mirandela sur Facebook) et le Portal do Governo de Portugal ( Portail du gouvernement du Portugal) et beaucoup d'autres. L'évènement peut être suivi sur Twitter, @cidadania20 et #cid20.

* Lien (en portugais) : “La responsabilité de la gestion de la politique culturelle du gouvernement est confiée au Secrétaire d'Etat à la culture, Francisco José Viegas, qui forme partie de la présidence du conseil des ministres, sous l'autorité directe du premier ministre.”

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