Gaza-Israël : Les médias sociaux dans le conflit, 4 ans après

En décembre 2008, durant la guerre menée par Israël sur la bande de Gaza [fr] qui avait fait 1 400 morts (dont plus de 700 civils), des internautes du monde entier avaient investi les médias sociaux pour commenter les opérations militaires et les politiques qui les motivaient. Twitter, alors un réseau jeune, avait servi de support à ce débat, tandis que d'autres portails web, dont YouTube, étaient utilisés tout à la fois par des acteurs étatiques et non étatiques. Même le consul d’Israël à New-York s'était jeté dans la mêlée en tenant une conférence de presse sur Twitter [fr]. Tout ceci se déroulait sur fond du black-out des médias imposé par Israël sur Gaza.

Quatre ans plus tard le monde – et Internet – ont changé. Les évènements de 2011 en Egypte, Tunisie, Syrie, et ailleurs ont témoigné du contrôle que les gouvernements pouvaient exercer sur Internet et des problèmes soulevés par le journalisme citoyen. Aujourd'hui, alors qu’Israël pilonne à nouveau la population de Gaza par ses raids aériens, les médias sociaux sont devenus un champ de bataille parallèle.

L'un des points en question est la relation entre les acteurs des Etats et les plateformes des médias sociaux. Comme l'a écrit Rebecca MacKinnon, co-fondatrice de Global Voices, les plateformes privées contrôlent une grande partie de notre discours public en ligne, prenant des décisions sur ce qu'il est approprié ou non de publier, dictées par leurs propres directives internes. Cette semaine, ce sujet a été abordé en raison des contenus mis en ligne par les Forces de défense israéliennes (acronyme anglais IDF), que ce soit sur Twitter ou YouTube. @Mike_Orcutt a tweeté le lien de l'article suivant paru sur Wired :

Un employé de Youtube confie à @dangerroom pourquoi la vidéo faite par l'IDF de l'assassinat [du chef militaire du Hamas] n'a pas été retirée du site http://www.wired.com/dangerroom/2012/11/israeli-kill-vid/

La question se pose pour Twitter également ; quand le compte @IDFSpokesperson (porte-parole de l'IDF) a tweeté ce qui selon toute vraisemblance est une menace, certains ont demandé si cela ne violait pas les conditions d'utilisation de la plateforme de micro-blogging. Nigâr Hacızade a tweeté.

la guerre sur les médias sociaux n'est possible que si les plateformes sur lesquelles elle a lieu y consentent http://bit.ly/THxYlQ 

 

Israël a indubitablement l'avantage militaire, mais beaucoup estiment qu'il est en train de perdre l'avantage sur Internet. Un jeu proposé par l'IDF sur son blog fait de cette guerre un jeu-vidéo, au dégoût général des activistes, et aussi des journalistes. Jon Mitchell du site ReadWriteWeb a confié au Time :

“Des innocents meurent des deux côtés, et l'IDF veut récompenser les gens qui tweetent sur ça… ça me rend malade.”

Richard Taylor commente :

Me demande comment l'IDF va transformer ça en jeu… RT@farshidk: le bébé de 11 mois d'un journaliste de la BBC tué à Gaza par les frappes israéliennes.

Un autre sujet d'inquiétude est l'infrastructure de télécommunication de Gaza, inextricablement liée à celle d’Israël et donc vulnérable. Comme l'a résumé Nadim Kobeissi sur Twitter :

Un black-out d'Internet dans Gaza assiégée signifierait dépouiller les victimes de la guerre d'une voix pour parler au monde. Lire l'article d’ @evacide :https://www.eff.org/deeplinks/2012/11/social-media-internet-access-are-latest-weapons-israeli-palestinian-conflict

Anonymous est aussi entré dans la danse, en publiant fréquemment des brèves sur Twitter :

Situation actuelle d'Internet et des réseaux de télécommunications et bilan/statut du nombre de morts à #Gaza |#OpIsrael #Gaza |http://tmblr.co/ZNMTdvXOLg0b

 

A l'heure de publication, leur site évaluait l'état des réseaux de télécommunication de Gaza comme suit :

Haut débit : limité, intermittent
Réseau PABX : NON
Réseau mobile : OUI
Radio ondes courtes : NON
Satellite : inconnu
Electricité : NON, électricité disponible produite par groupes électrogènes

 

Cette fois-ci, le site et agrégateur de liens américain Reddit joue à son tour un rôle important dans le conflit. Alors qu'il est problématique en ce moment de trouver des informations fiables sur le terrain, le correspondant d’Al Jazeera à Gaza, Nadim Baba, a participé sur le site à une session de “AMA” ( “Ask Me Anything,”, posez-moi n'importe quelle question), un questions-réponses au cours duquel les lecteurs de Reddit peuvent poser publiquement leurs questions sur un sujet et l'interlocuteur y répondre librement. Ils ont posé à Nadim Baba des dizaines de questions sur les raids actuels [à Gaza] – et il y a répondu.

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