Football : Violences à la finale de la Coupe sud-américaine de football

La finale de la Coupe sud-américaine de football qui s'est déroulée le 12 décembre 2012 dans le stade du Morumbi entre l’équipe de Sao Paulo et l'équipe argentine de Tigre a été interrompue de manière inhabituelle et violente.

L’équipe de São Paulo menait 2-0 contre l’équipe argentine après une première mi-temps tumultueuse, lorsqu'une bagarre générale a éclaté entre les joueurs lors du retour aux vestiaires, provoquée semble-t-il par des provocations des joueurs de Tigre.  Ceux-ci et les entraîneurs ont déclaré avoir été victimes de violences de la part de la police militaire et des agents de sécurité de l’équipe de São Paulo.

Le compte Twitter officiel du Tigre (@catigreoficial) a informé [en espagnol] d'une attaque de la police contre les joueurs et a ajouté [en espagnol] qu'ils ne se sentaient pas suffisamment en sécurité pour reprendre le match. L'entraîneur de l'équipe, Pipo Gorosito, ayant refusé de revenir sur la pelouse, la suspension du match a finalement été confirmée sur le compte Twitter officiel de la Coupe Sud-américaine (@CBS_oficial). Quelques minutes après, l’arbitre chilien Enrique Osses a définitivement interrompu le match.

Une vidéo de la confusion pendant la pause, avant les agressions présumées des joueurs de Tigre :

http://youtu.be/7ZnBvYJwV80

Le journaliste Vinicius Grissi (@viniciusgrissi) a reproduit les plaintes des joueurs de Tigre :

Un représentant de Tigre déclare avoir reçu un coup de crosse d’arme à feu (de fait, il est enflé) et dit qu’au moins six joueurs présentent des saignements ou des blessures.

Le journaliste Rodrigo Cardia a critiqué l'équipe de Tigre, en écrivant que s'il y avait eu des actes de violence, elle aurait dû aller sur le terrain pour les dénoncer au lieu de se cacher dans le vestiaire, mais que sa plainte est néanmoins sérieuse et mérite d'être considérée. L'attaché de presse de Rodrigo Weber (@RodrigoWeber) reproche à la fédération sud-américaine de football (Conmebol) son absence d'explications :

La Conmebol aurait dû expliquer au public dans le stade et à la presse tout ce qui s'est passé et pourquoi la décision a été prise.

Torcida do São Paulo comemora no estádio do Morumbi durante jogo contra o Tigre. Foto de Cleber Machado, sob licença Creative Commons.

Les supporters de São Paulo pavoisent dans le stade du Morumbi lors du match contre le Tigre. Photo de Cleber Machado, sous licence Creative Commons.

Les accusations de violence se sont répandues. Les joueurs de Tigre ont montré des marques sur leur corps et des hématomes. Fox Sports latina, la seule chaîne de télévision à avoir pu approcher les joueurs, a diffusé des images de taches de sang sur les murs du vestiaire. Selon le journaliste Mauricio Stycer (@MauricioStycer) un responsable de la police militaire aurait arrêté une bagarre entre les agents de sécurité de l’équipe de São Paulo et les joueurs de Tigre, ce qui peut corroborer les allégations des joueurs d'avoir été victimes de violences :

Police militaire : “Quand nous sommes arrivés là-bas, la bagarre était déjà en cours entre les joueurs de Tigre et les services de sécurité de Sao Paulo.

Alexandre de Santi, du blog spécialisé en football impedimento.org, a expliqué :

La pagaille aurait commencé dans le tunnel qui mène vers le vestiaire. Les premières informations sur la reprise du match disaient que deux joueurs étaient expulsés, un de chaque équipe. Mais le site de la Conmebol a juste confirmé que le joueur Paulo Miranda avait reçu un carton rouge (…) L’équipe de São Paulo était prête à jouer la deuxième mi-temps (…) lorsque le retard de Tigre a commencé à paraître bizarre. Déjà 23 minutes de pause et pas d'Argentins.  Dans la première information décalée, l’équipe de Tigre a affirmé avoir été agressée par des gardiens de sécurité de São Paulo. Entre autres informations, le Tigre alléguait que l’équipe avait été agressée par les agents de sécurité de São Paulo et que ceux-ci auraient pointé une arme sur les joueurs.

Les réseaux sociaux se sont demandé si l'utilisation d'armes à feu avait pour but d’intimider les joueurs argentins. Le journaliste Fernando “Gravz” pense que la sécurité de São Paulo ne portait pas d'armes à feu, tandis que le journaliste Rodrigo Vianna  (@rvianna) a souligné la nécessité de s'assurer si “l’arme à feu manipulée appartenait à l'équipe argentine.” Selon les informations, les joueurs de Tigre n'ont pas raconté à la police après le match, qu’ils ont été menacés avec des armes à feu.

L'avocat Vinicius Duarte (@viniciusduarte) a complété l’information avec la déclaration de la police militaire:

Police militaire: “Armes à feu = ZERO, la bagarreétait d'environ 10 agents de sécurité de São Paulo contre toute l'équipe de Tigre. Nous l’avons juste arrêtée. ».

Alexandre Lozetti (@Ale_Lozetti), a retransmis des informations à José Francisco Manssur, le conseiller de la  présidence et l'un des avocats de São Paulo Football Club, que les joueurs de Tigre auraient essayé d'envahir le vestiaire de Sao Paulo, et les agents de sécurité les ont empêchés, sans armes à feu, puis les Argentins ont saccagé le vestiaire .”

Le journaliste Menon résume l’événement sur son blog :

1) Version de Tigre – Les joueurs ont été attaqués dans le vestiaire par les agents de sécurité de São Paulo. Il y avait une arme. Les joueurs ont été frappés abondamment. Trois ou quatre d’entre eux ont subi une perte de la capacité physique à retourner sur le terrain.

2) Version de São Paulo – Les joueurs de Tigre, continuant la bagarre de la fin de la première mi-temps, ont envahi le vestiaire de São Paulo. Les agents de sécurité du club ont défendu les joueurs et il y a eu affrontement.

Je pense que les deux versions sont fantaisistes. Difficile à croire. Quelle que soit la vérité, elle est honteuse, c'est  un affront au football

Adré Kfouri a commenté sur la possibilté de sanction [en espagnol] pour les deux équipes, sans croire à leur exécution :

Pour l'instant, on parle d’exclure le Tigre de la prochaine Coupe des Libérateurs. Le São Paulo recevrait une lourde amende et perdrait  les “mandos de jogos” (NdT: l’équipe avec les “mandos de jogos” a le droit d’organiser le match, recevoir  l’équipe adverse et encaisser les revenus de la vente des billets) de l’année prochaine.

Enfin, certains commentaires sur Twitter comparaient l’événement actuel au célébre épisode Rojas*[1] lors de la qualification de la Coupe du Monde 1990.

Torcida do São Paulo comemora no estádio do Morumbi durante jogo contra o Tigre. Foto de Cleber Machado, sob licença Creative Commons.

Les supporters de São Paulo en fête au stade du Morumbi lors du match contre le Tigre. Photo Cleber Machado, sous licence Creative Commons.

Où s'arrête le journalisme sportif ?

N'ont pas manqué non plus les critiques traditionnelles sur la couverture médiatique. Le professeur Idelber Avelar  (@iavelar) a déclaré que “le Brésil continue de faire l'un des pires journalisme sportif dans le monde” et a également critiqué :

Malgré la présence de deux chaînes de télévision, des dizaines de journalistes dans le Morumbi, et des accusations d'Argentins, personne ne sait ce qui s'est passé. Toutes nos félicitations au journalisme sportif!

Alors que le journaliste Emerson Luis (@emerluis) a pris l’initiative de louer la chaîne Fox Sports, la seule qui ait cherché à comprendre ce qui s'est réellement passé, la chaîne Globo a été critiquée pour son silence. Twitter  Impedimento (@impedimento) a également fait mention des tortures et des décès qui ont eu lieu dans le Stade national du Chili lors du coup d'Etat militaire chilien :

Excellente couverture de la chaîne Fox, mais comme dit sur la timeline, on ne peut pas en dire autant de la chaîne Globo, elle aurait été dans le stade national du Chili en 1973 qu'elle n'aurait couvert qu'un match de football.

Pedro Venâncio, du blog Trivela, a posté la réaction des médias internationaux sur l’événement :

A diverses occasions, la presse européenne ne donne pas beaucoup d'attention au football brésilien ou sud-américain. Une notule de bas de page ici, un appel timide là, et le match continue, la vie continue, chacun à sa place. Mais lorsque qu'il y a du sang, mon ami, la curiosité est universelle et il y a de fortes répercussions dans le monde entier

On espère une enquête sérieuse pour dévoiler ce qui s'est réellement passé.

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